La loi interdisant tout usage des sachets plastiques non biodégradables au Mali peine à entrer en vigueur. Depuis 2014, le décret d’application n’arrive pas à voir le jour. Alors qu’est devenue cette Loi finalement ?
Convoités pour de multiples besoins, les sachets plastiques ne sont pas sans conséquence sur l’environnement. Après usage, ils sont jetés à l’air libre à la portée des animaux ou encore avant d’être transportés dans le lit du fleuve ou dans les champs.
Quel que soit sa destination après premier usage, les sachets plastiques ont un impact considérable sur les animaux, les êtres aquatiques et ralentissent la croissance normale des cultures. Parce qu’ils sont réputés non-biodégradables, c’est-à-dire peuvent passer des centaines d’années sans se transformer.
C’est conscients de tous ces fléaux que les parlementaires maliens ont adopté, en 2014, la « Loi n° 2014-024/ du 03 juillet 2014 portant interdiction de la production, de l’importation et de la commercialisation des sachets plastiques non biodégradables en République du Mali ». Depuis 2014, c’est le suspense en ce qui concerne le décret d’application. Cette loi était censée abroger la loi sur les sachets plastiques de 2012.
Comme indiqué dans le journal officiel à propos de cette loi de 2014, un décret pris en Conseil de ministres devrait marquer l’arrêt de fabrication, d’importation et de commercialisation des sachets plastiques au Mali
L’adoption de ce décret ne serait pas une mer à boire pour les autorités maliennes. De 2014 à nos jours, ledit décret peine à naître afin de permettre à ce pays de vivre sans sachets plastiques non biodégradables. Comment alors expliquer le silence du gouvernement autour de cette loi ? Est-il dans la confusion quant à savoir avec quoi remplacer ces sachets sur nos marchés ? Ou encore la lutte contre ces emballages ne constitue pas à ses yeux une urgence écologique ?
Selon le chargé de communication du ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Lamine Diallo, ce qui bloque, durant tout ce temps, l’adoption du décret d’application n’est autre qu’un problème de matériels. À ses dires, les autorités maliennes se seraient rendu compte que les douaniers du Mali ne possédaient pas d’outils nécessaires pour identifier les sachets biodégradables de ceux non biodégradables. Ladite loi sera-t-elle alors abandonnée à cause de cet obstacle matériel ? La réponse du chargé de communication est négative. Cette loi de 2014 est en révision au sein de l’Assemblée nationale du Mali. « Au lieu de l’interdiction des sachets plastiques non biodégradables, cette loi devra se limiter seulement à l’interdiction des sachets plastiques », a précisé Lamine Diallo.
L’existence d’une loi sur les sachets plastiques et sa pleine application est nécessaire pour mieux réglementer l’utilisation de ces emballages dont les conséquences sont énormes. Transportés dans les champs sous forme de fumier, ces sachets ont des impacts sur les cultures. Cela reste de même pour les animaux qui, à la recherche de nourriture, les avalent le plus souvent. Ces emballages se stockant en grande quantité dans leur estomac occasionnent la mort de maints animaux puisqu’ils ne se dégénèrent pas dans l’organisme. « En 2013, un million et demi d’animaux ont été victimes des déchets plastiques présents dans les océans du monde », lit-on dans une publication du Figaro de France en date du 21 octobre 2014.
Aux dires de Mahamadou Dramé, infirmier au centre de santé de la Cité universitaire de Kabala, ces sachets ne sont pas sans conséquences sur la santé humaine, notamment celle des enfants qui consomment toute genre de nourriture dedans.
Au cours du mois de décembre dernier, le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable du Mali, Housséini Amion Guindo, a laissé entendre, lors d’une de ses visites à Macrowaste (une industrie de gestion des déchets au Mali), que leur « ambition est d’offrir un dépôt à chaque quartier, d’encourager la transformation des déchets et de mettre fin aux déchets en plastique. »
L’interdiction des sachets plastiques est certes salutaire mais faudrait-il bien qu’il y ait une alternative pour son remplacement sur le marché malien ? Selon le chargé de communication du ministère de l’environnement malien, le ministre Guindo a déjà tout prévu dans ce cadre.