Le secrétaire général de l’ONU décrit les faits nouveaux survenus ces trois derniers mois, et fait une analyse des progrès accomplis. Il invite les parties à la reprise du dialogue.
S’agissant des principaux faits nouveaux, le rapport mentionne la tenue de la réunion au niveau national du Dialogue national inclusif en décembre à Bamako. À ce propos, Antonio Guterres rappelle que le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, avait annoncé que les conclusions de la rencontre seraient mises en œuvre par un mécanisme de suivi et d’évaluation indépendant, dont le format et la composition devraient être proposés par les participants. Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU a collaboré avec d’autres médiateurs pour encourager toutes les principales parties prenantes à prendre part au dialogue national. Même si au finish, note le document, tous les acteurs concernés n’ont pas participé à la réunion.
Sur l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, Antonio Guterres signale que le Comité de suivi ne s’est pas réuni depuis que le gouvernement a annulé la réunion qui devait se tenir à Kidal en septembre. «En coordination avec l’équipe de médiation internationale, mon représentant spécial s’est tenu en rapport étroit avec toutes les parties pour les aider à régler leurs différends afin que le dialogue reprenne dans le cadre du comité et que l’Accord soit de nouveau appliqué», a-t-il confié, ajoutant que dans leur communiqué du 3 décembre 2019, les mouvements signataires se sont dits disposés à reprendre les travaux au sein du Comité.
Sur la question de la stabilisation et du rétablissement de l’autorité de l’État dans les Régions de Ségou et Mopti, il est indiqué que le gouvernement a intensifié ses efforts pour mettre en œuvre une stratégie globale axée sur les aspects politiques et visant à protéger les civils, à réduire les violences intercommunautaires et à rétablir l’autorité et la présence de l’État et les services sociaux de base.
Il ressort aussi du rapport que le 11 octobre dernier, à Mopti, le Premier ministre, Boubou Cissé, a lancé un programme de réhabilitation communautaire pour encourager le désarmement volontaire et le démantèlement des groupes d’autodéfense et des milices.
Ce programme s’adresse aux 3.387 jeunes vulnérables associés aux milices d’autodéfense dans les Régions de Ségou et de Mopti. Depuis son lancement, 352 combattants, sur un nombre total estimé à 3.387, ont intégré le processus, qui vise également à prévenir le recrutement par les groupes extrémistes violents. L’évolution des conditions de sécurité indique qu’au cours du dernier trimestre, il s’est produit 269 attaques, au cours desquelles 200 civils ont été tués, 96 blessés et 90 enlevés, ce qui représente une baisse par rapport à la période précédente. Plus de 85% des attaques meurtrières contre les civils se sont produites dans la Région de Mopti.
La période considérée a été également marquée par une série d’attaques meurtrières dirigées contre les Forces armées maliennes. Ainsi, 193 soldats ont été tués et 126 blessés, soit 116% de plus par rapport à la période précédente.
Par ailleurs, le rapport fait état des manifestations organisées à Bamako en novembre pour exprimer un soutien aux Forces armées nationales et dénoncer la médiocrité du matériel et l’insuffisance de la protection, soulignant que certains manifestants remettent en cause la présence des forces internationales au Mali. La Minusma et les forces internationales ont continué de faire l’objet d’attaques asymétriques.
Sur un autre registre, souligne le patron de l’ONU, le gouvernement a continué de prendre des mesures en vue du transfert plein et effectif des services et compétences déconcentrés de l’État aux autorités locales. Depuis le dernier rapport, le pourcentage d’administrateurs civils présents dans leur lieu d’affectation dans le Nord du Mali est toujours de 23% (80% pour les gouverneurs, 38% pour les préfets et 17% pour les sous-préfets).
Un autre point important du rapport porte sur le redéploiement des Forces de défense et de sécurité maliennes reconstituées et réformées dans le Nord du Mali.
En tout, 1.330 anciens membres du personnel du Mécanisme opérationnel de coordination de Gao, Kidal et Tombouctou, désignés par les mouvements armés signataires, ont été désarmés, démobilisés et intégrés dans les Forces armées et la garde nationale dans le cadre du processus accéléré de désarmement, de démobilisation, de réintégration et d’intégration. La lecture du rapport nous apprend qu’en tout, 668 déserteurs ont rejoint leurs unités comme prévu dans l’Accord.