Le nom qui est aujourd’hui sur toutes les lèvres et qui défraie la chronique au Mali est celui de Pau. Cette cité abritant la base aérienne 119 de l’armée de l’Air française, située dans le département des Pyrénées-Atlantiques en Nouvelle Aquitaine, est le lieu retenu pour abriter la rencontre tant attendue entre Emmanuel Macron, le Président de la République française et les cinq Présidents du G5 Sahel, à savoir IBK, Roch Mark, Issoufou, Deby et Ghazouani.
Pour rappel, cette rencontre qui a été imposée par le contexte difficile du moment, caractérisé par une recrudescence des attaques avec son cortège de tueries en masse, fait suite à la mort de 13 soldats français à Tambakort au Mali et surtout au sentiment anti-forces françaises ou étrangères dans les pays du Sahel. Sidéré par « cette ingratitude » des peuples sahéliens à l’égard des forces françaises qui paient un très lourd tribut dans le combat contre le terrorisme, Emmanuel Macron a invité ses homologues du G5 sahel à la cité martyre de Pau pour qu’ils clarifient leurs positions quant au maintien ou non des forces françaises dans la zone.
Ce chantage du Président français n’aura pas, semble-t-il, prospéré, car les populations des pays du champ ne décolèrent toujours pas.
Elles exigeraient même de leurs Présidents de demander au Président français de clarifier lui-même sa position, car martèlent-elles, la position française est à la fois ambiguë et donne sujet à interprétation. Certains accusent la France de jouer au pompier-pyromane, en attisant le feu pour ensuite se rendre incontournable pour son extinction. D’autres disent ne pas comprendre qu’en dépit des moyens colossaux dont dispose la France, tant militaires que techniques, qu’elle ne puisse pas être au courant des mouvements de troupes qui quittent des centaines de kilomètres pour attaquer des camps au Mali, au Niger et au Burkina Faso.
La France est également soupçonnée de complicité avec la CMA qui refuse toujours le retour de l’administration et de l’Armée malienne à Kidal. L’opinion sahélienne s’interroge sur un possible deal entre la France et la CMA, alors que certains membres de cette coordination sont considérés, à tort ou à raison, comme étant les parrains du plus grand terroriste, à savoir Iyad Ag Aly.
Les organisations et associations de la société civile de certains pays considérés comme l’épicentre de la crise sécuritaire, mesurant la gravité de la situation qui prévaut dans les pays du Sahel, s’organisent pour élaborer un mémorandum, qu’ils remettraient à leurs chefs d’Etats afin qu’ils le défendent comme étant les désidératas de leurs opinions. Une marche est prévue ce vendredi à Bamako et une rencontre est programmée à Ouagadougou au Burkina Faso pour réfléchir aux différentes stratégies à mettre en place pour ne plus être des simples spectateurs, mais des acteurs incontournables dans leurs pays.
En somme, la rencontre de Pau pourrait être, soit celle de tous les espoirs qui dessinera les nouveaux contours de la future coopération militaire entre la France et les pays du G5 sahel et qui définira les rôles que chaque partie devra jouer désormais sur le terrain ; ou celle de tous les dangers, et qui risque d’exacerber les tensions et augmenter le sentiment anti français.