Le président du Niger Mahamadou Issoufou a
réitéré le souhait de l`UA et de la Cédéao de voir l`ONU adopter une
résolution autorisant le recours à la force au Mali et appelé le Conseil de
sécurité à ne pas "s`éterniser dans des débats", dans une interview au Journal
du Dimanche.
"C`est évident" qu`une intervention est nécessaire, dit M. Issoufou, et
rappelle-t-il "l`Union africaine et les pays de la Cédéao souhaitent qu`une
résolution autorisant le recours à la force au Mali soit adoptée à l`ONU".
"Je ne vois pas comment (le Conseil de sécurité) refuserait cette
intervention. On sait que cette résolution nécessite consultations et
concertation. Cela prendra du temps. Mais il ne faut pas non plus que cela
s`éternise dans des débats sans fin car les djihadistes sont en train de se
renforcer", prévient-il dans cette interview à paraître dimanche
Le Conseil de sécurité de l`ONU s`est à nouveau abstenu vendredi d`apporter
son soutien au projet de force d`intervention au Mali présenté par l`UA et la
Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao).
Plusieurs membres du Conseil de sécurité ont exprimé leurs préoccupations
sur ce projet lors d`une réunion à huis clos à New York, selon des diplomates
onusiens.
Mercredi déjà, le Conseil de sécurité de l`ONU avait pris note de la
proposition de créer cette force, sans y apporter son soutien, à l`occasion
des discussions annuelles entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix
et de sécurité de l`UA.
Des chefs militaires ouest-africains réunis samedi à Abidjan ont estimé que
cette force servirait à "stabiliser et consolider" les institutions de
transition à Bamako et, aux côtés de l`armée malienne, à "engager la
reconquête du Nord-Mali", contrôlé depuis fin mars par des rebelles touareg et
des islamistes armés.
"Les pays de la Cédéao, des pays du champ de l`UA comme l`Algérie et la
Mauritanie seraient associés", a dit M. Issoufou. "L`Algérie va se mobiliser
j`en suis convaincu", a-t-il insisté.
Ce qu`il se passe au Mali "est une grave menace pour chacun de nos pays.
Pour le Niger et les pays de la Cédéao, c`est une question de sécurité
intérieure. Mais l`Europe, et la France en particulier, sont aussi en danger
car le Mali est en train de devenir l`Afghanistan de l`Afrique", poursuit le
président nigérien.
Il répète "qu`aujourd`hui, des Afghans et des Pakistanais y sont présents
et forment des combattants venus de toute l`Afrique de l`Ouest. "Aqmi
(Al-Qaïda au Maghreb islamique) a créé de nouveaux camps d`entraînement,
notamment à Gao. Des Nigérians de Boko Haram y suivent actuellement une
formation", dit-il.
Il réaffirme également que "des armes légères mais aussi des armes lourdes,
comme des canons de 12,7 mm et de 14,5 mm, mais aussi des missiles sol-air"
continuent d`arriver au Mali depuis la Libye.
Dans la foulée d`un putsch le 22 mars à Bamako, l`immense région désertique
du Nord du Mali est tombée aux mains du Mouvement national de libération de
l`Azawad (MNLA, rébellion touareg) et surtout du mouvement islamiste Ansar
Dine et de son allié Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).