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2020, Année charnière pour le Mali : Quelques prédictions, entre espoir et grande crainte
Publié le vendredi 10 janvier 2020  |  Infosept
Attaque
© Autre presse par DR
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Que nous réserve l’année qui débute ? Bien malin qui pourrait prédire avec précisions les vicissitudes prochaines. Bien évidemment, nous ne disposons ni de boule de cristal ou encore de don pour la voyance. Cependant, des faits çà et là peuvent nous aider dans cet exercice assez périlleux. Dans les lignes qui suivent, nos prédictions pour l’année 2020, qu’elles soient positives ou négatives.

Sur le plan de la gouvernance, l’on s’attend à ce que l’instabilité gouvernementale, un des traits caractéristiques du pouvoir du président IBK, continue son bonhomme de chemin. Annoncé dans les arcanes depuis de longues semaines, il se murmure dans les couloirs des départements ministériels qu’un remaniement est imminent. Avec en moyenne plus d’un Premier ministre par an, avec un taux légèrement plus haut concernant les remaniements, en toute logique, ce début d’année devrait voir le pays se doter d’un nouveau gouvernement. Particularité cette fois, il serait plus succinct et moins budgétivore, certainement une forte recommandation des Partenaires Techniques et Financiers. Seule question qui intéresse réellement les Maliens, c’est si Boubou Cissé sera maintenu ou pas.

Ce dernier parait aux yeux de beaucoup comme le Premier ministre le plus puissant de la troisième république, lui qui en plus de la Primature, prend logis également à l’hôtel des Finances.

Sur le plan institutionnel, car oui la Constitution d’un pays est bel et bien une institution, le Mali devrait se doter d’une nouvelle loi fondamentale. Projet avorté lors du premier mandat d’IBK, cette fois-ci, l’élan devrait poursuivre son cours. L’Opposition semble disloquée avec le ralliement de Tiébilé Draméet d’Amadou Thiam les rangs du gouvernement, et la société civile semble prioriser ce qui touche au quotidien du malien lambda. Sans oublier le fait qu’il s’agit d’une exigence de la communauté internationale pour faire écho à l’Accord pour la
Paix et la Réconciliation. Sauf énorme rebondissement, en 2020, un référendum sur une nouvelle constitution aura lieu. Et il sera sanctionné par un grand oui.
Le lundi 13 janvier prochain, la rencontre tant attendue de Pau entre le président Macron et ses homologues du Sahel aura lieu. Elle sera décisive dans la lutte contre le terrorisme.

Le président français voudrait un éclaircissement de la position des pays concernés par rapport à la présence militaire française dans la zone. Mais ce qui suscite l’étonnement, c’est que Macron ne comprenne pas que les populations du Sahel se posent des questions quant à la bonne foi de la politique africaine française. Car, l’évidence s’impose d’elle-même. L’état de santé sécuritaire du Sahel ne s’est jamais aussi mal porté malgré la présence d’une multitude

forces étrangères. Alors, certes les chefs d’Etats du G5 Sahel devront montrer plus que des déclarations d’intentions quant à l’opérationnalisation de leur force conjointe. Mais, le président français devra aussi faire montre de discernement géopolitique et surtout militaire. Notre prédiction, ou plutôt, notre souhait, c’est l’éclaircissement de la position française au Sahel, et surtout, plus de moyens à la force Barkhane pour valablement accomplir sa mission.

Sur le plan de la Justice, la poursuite des délinquants en col blanc continuera. D’autres bandits chefs seront placés sous les verrous et l’appareil judiciaire poursuivra sa petite révolution pourvu que le ministre de la Justice, Malick Coulibaly, continue son travail sans aucune interférence politique. Le président IBK devra donner tous les moyens et les garanties nécessaires pour se faire. Cette mue, si elle se poursuivait, sera peut-être, une ligne toute tracée pour la révolution de la mentalité malienne tant nécessaire pour un Etat fort. Il s’agit d’un autre vœu pieux de notre part. Mais, aussi compétent qu’il soit, le Ministre Coulibaly devra s’attaquer à l’épineux dossier du général putschiste Amadou Haya Sanogo.

C’est plus qu’un dossier judiciaire ! Et l’opinion publique se demande ce que cache
l’incarcération prolongée de Haya. Les spéculations vont bon train. Certains pensent que c’est surtout pour le protéger d’une mort certaine par des militaires qui auraient crié vengeance. D’autres estiment tout simplement que le dossier est d’une grande complexité juridique.

Enfin, le mercure social devra atteindre les hautes températures. Un ras-le-bol s’est installé au fil des ans au sein de la masse populaire mêlé à un sentiment de révolte envers l’élite malienne plus préoccupée à pérenniser ses privilèges qu’à l’essor de l’intérêt général. Il s’agit là d’un aspect de la gouvernance que le président IBK ne devra point négliger.

Aujourd’hui, la crise sociale se hisse quasiment au même niveau de gravité que celle sécuritaire. Pas de solution miracle, l’Etat devra tout résoudre, ou espérer sur un sursaut patriotique quasi inespéré des « revendiquants ». Au risque de voir approcher de Koulouba de gros nuages noirs, qu’à Dieu ne plaise !

Ahmed M. Thiam
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