Je m’adresse aux maliens qui se sont rassemblés cet après-midi dans les rues de Bamako pour demander le départ de l’armée française du Mali.
Sachons que les quelques heures qui suivent le départ des forces étrangères de notre pays, les djihadistes s’installeront à Bamako. C’est malheureux de le dire mais nous n'avons pas une armée capable de sécuriser notre pays pour des raisons évidentes que vous savez autant que moi, voire plus.
Demander le départ des forces étrangères, sans aucune alternative, est suicidaire pour un citoyen conscient.
Tout récemment en 2012, nombreux étaient les maliens prêts à abandonner leur patrie. Le même scénario se répétera si les forces étrangères décident de quitter le Mali aujourd’hui. Pourront demander le départ des armées étrangères :
ceux qui ont des visas pour l’étranger, ceux qui ont deux ou trois nationalités;
et ceux qui ont le prix du billet d’avion pour eux et les membres de leurs familles.
Ceux comme moi qui n'ont pas encore leurs visa en poche, qui n’ont aucun moyen pour se faire payer un voyage à l’extérieur, qui n'ont aucune autre nationalité ... doivent plutôt penser à leur propre sécurité, à la sécurité de leur famille et à celle des citoyens maliens.
Oui, nous avons aujourd’hui plus besoin des partenaires du Mali qu’ils n'ont besoin de nous. N’oublions pas que c’est le Mali qui est en guerre, pas la France, c’est notre pays qui est occupé par des djihadistes, pas la France, c’est aussi malheureusement nous maliens qui n’avons pas construit une armée nationale forte et capable de faire face aux ennemis de la paix, pas la France. Oui c’est le Mali qui serait occupé par des groupes armés terroristes, pas la France.
J'invite mes frères et sœurs maliens à réfléchir sur les voies et moyens par lesquels nous pourrons soutenir notre armée nationale, l’équiper afin qu’elle puisse sécuriser l'ensemble du territoire national.
Nous, citoyens maliens, devons harmoniser ce que nous voulons et ce que nous pouvons.
Je termine par cette sagesse africaine qui nous apprend : « ne répudie jamais ton épouse avant de t'assurer que tu ne reviendras pas redemander sa main. »
Mohamed Attaïb Sidibé, président du Mouvement Ganda Izo