Le président français réunit ce lundi 13 janvier à Pau, en Pyrénées-Atlantiques, les chefs d'État du G5 Sahel. Dans quel contexte s'inscrit cette rencontre ?
« Le gouvernement français est un frein à notre développement. » « À bas la France, Barkhane doit partir. » « La France dehors, les FAMa [Forces armées maliennes] peuvent sécuriser le Mali »… Ce 10 janvier, les slogans et banderoles qui défilent place de l'Indépendance à Bamako sont sans équivoque et résument l'état d'esprit d'une frange de la population malienne qui ne veut plus voir les troupes étrangères, en particulier la force française Barkhane, sur son territoire.
Incompréhension
Pour la police, ils étaient 900, mais les organisateurs affirment qu'au moins un millier de Maliens étaient présents pour ces manifestations organisées à l'appel d'organisations de la société civile, dont le Groupe des patriotes du Mali (GPM) et de partis politiques. Le symbole est fort alors que la même place de l'Indépendance accueillait avec liesse en février 2013 le président français, François Hollande, après le déclenchement de l'opération Serval dans le nord du pays, trois semaines plus tôt. Plusieurs organisations de la société civile, voire des personnalités reconnues et des activistes, n'ont pas oublié que dans la reconquête du nord du Mali, la France a fait le choix de ne pas laisser l'armée malienne reprendre le contrôle de Kidal, le fief des rebelles, alors que les FAMa ont été autorisées à entrer dans les villes de Tombouctou et de Gao, à la suite des soldats français. Nombreux sont ceux qui pensent encore que ce « péché originel » avait pour objectif du côté de Serval de protéger les rebelles du MNLA qui contrôlait Kidal. Aujourd'hui, cette décision qui visait à éviter des exactions de la part des FAMa contre les Touaregs (et aussi sur le plan stratégique de continuer à travailler avec le MNLA allié de la France dans la traque aux djihadistes) est l'argument qui revient le plus pour expliquer le retournement des populations contre Barkhane.