Le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué mardi l'attaque de Chinégodar, dans l'ouest du Niger (frontière malienne) qui a fait 89 morts, la plus meurtrière depuis le regain des attaques en 2015, a rapporté l'organisme américain de surveillance des mouvements extrémistes SITE, citant le groupe ISWAP (Etat islamique en Afrique de l'Ouest).
"Les soldats du califat ont attaqué une base de l'armée nigérienne dans le village de Chinégodar jeudi (9 janvier) (...) Les combats ont duré plusieurs heures", affirme le communiqué de l'EI qui assure avoir tué "100 éléments" de l'armée nigérienne. L'EI, qui ne précise pas ses pertes, affirme avoir "détruit de nombreux véhicules", "brulé les casernes" et avoir emporté "en butin des véhicules, des armes et des munitions". "Les moujahidine sont ensuite retournés à leur position", conclut le texte. Dans un deuxième communiqué diffusé un peu plus tard, l'EI a aussi revendiqué l'attaque le 25 décembre de Sanam, également dans la même région de Tillaberi, qui a coûté la vie à 14 soldats nigériens selon le bilan officiel et celui des jihadistes. Dimanche, les autorités nigériennes avaient revu à la hausse le bilan de l'attaque de Chinégodar passant de 25 soldats tués à 89 et parlé de 63 "terroristes neutralisés".Ces attaques sont survenues après celle d'Inates, dans la même région de Tillabéri, frontalière du Mali, qui avait coûté la vie à 71 soldats et traumatisé le pays le 10 décembre. L'attaque d'Inates avait aussi été revendiquée par l'EI. Le modus operandi des trois attaques est le même avec l'utilisation de motos et véhicules transportant des combattants armés puis une fuite vers le Mali. Lundi, le président nigérien Mahamadou Issoufou a limogé le chef d'état-major des armées et le chef d'état-major de l'armée de terre avant de se rendre au sommet de Pau, dans le sud-ouest de la France, pour un sommet consacré à la lutte contre les groupes jihadistes."La nouveauté (du sommet), c'est la reconnaissance que la situation n'est pas bonne et que la stratégie suivie jusqu'à présent ne fonctionne pas bien", a résumé pour l'AFP Jean-Hervé Jézéquel, directeur du projet Sahel à l'International Crisis Group (ICG).Tout le Sahel - en particulier le Mali, le Niger et le Burkina - est visé par les assauts de plus en plus audacieux de groupes islamistes, en dépit du renforcement des armées locales et de la présence de 4.500 militaires français de la force antiterroriste Barkhane. Selon l'ONU, les attaques jihadistes au Mali, au Niger et au Burkina ont fait 4.000 morts en 2019.