Des membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont évalué, la semaine dernière, la situation sécuritaire effroyable de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel. En effet, en 2019, la zone a été affectée par 700 attentats, 4 000 morts. Un chiffre qui a été multiplié par cinq depuis 2016. Donc, la situation s’est dégradée et constitue une menace pour la stabilité mondiale, préviennent des responsables.
Le Représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas, a présenté, le 8 janvier dernier, les activités de son Bureau (Unowas) au Conseil de sécurité des Nations unies. A cette occasion, il a décrit un tableau sombre de la sécurité dans la zone. Elle se détériore, a-t-il estimé, en s’appuyant sur le bilan de l’année qui bat tous les records. Le nombre des victimes des violences terroristes au Burkina Faso, au Mali et au Niger a été multiplié par 5 depuis 2016, a soutenu M. Chambas.
En 2019, la zone a dénombré 4 000 morts, contre 770 en 2016. Dans le même temps, le nombre des personnes déplacées a été multiplié par 10, atteignant un demi-million, sans compter les 25 000 personnes qui ont cherché refuge dans d’autres pays.
De son côté, le ministre nigérien, Abdou Abarry, a ajouté que 2019 a été le théâtre de plus de 700 attentats terroristes dans la zone. Selon lui, des acteurs non étatiques violents, notamment les groupes terroristes, les réseaux criminels et les milices communautaires et tribales ont commis des attaques répétées contre des civils et des forces de défense et de sécurité, en particulier au Burkina Faso, au Mali et au Niger.
Dans un tel contexte, les deux responsables ont insisté sur la nécessité d’agir, tout en exhortant les dirigeants régionaux et sous-régionaux à honorer leurs engagements et les partenaires internationaux à soutenir pleinement les mécanismes existants.
Pour la circonstance, le représentant du Niger a salué l’adoption par la Cedeao du Plan d’actions 2020-2024, destiné à éradiquer le terrorisme, avec une enveloppe financière de deux milliards trois cents millions de dollars, dont un milliard sera prélevé sur les ressources internes.
De même, il a déploré que la force conjointe du G5 Sahel, mise en place depuis quelques années, peine encore à atteindre son plein niveau d’opérationnalisation par manque de ressources financières et matérielles. « Plus que jamais, l’Afrique de l’Ouest et le Sahel ont besoin de la solidarité et de l’action concrète de la communauté internationale afin d’éviter que les avancées démocratiques ne soient contrariées par les activités criminelles des groupes armés terroristes qui sapent le fondement même de l’État », a-t-il plaidé.
Pour sa part, les Etats-Unis, à travers leur représentante, Mme Cherith Norman-Chalet, notent également que 25 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire dans la région, une crise aggravée par l’instabilité régionale. Toutefois, a-t-elle concédé, le Bureau spécial des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel ne peut pas garantir la stabilité à lui seul.
Par ailleurs, pour la Russie, au-delà des problèmes fondamentaux ayant conduit aux affrontements intercommunautaires et à la relative faiblesse des États, il faut combattre le mal à la racine. Le « véritable élément déclencheur », ce sont, selon elle, « les activités aventuristes de ceux qui ont semé le chaos en Libye ». De fait, a-t-elle fait valoir, « si l’on n’arrive pas à stabiliser la situation dans ce pays, il ne sera pas simple de parvenir à la paix et à la stabilité au Sahel ».