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Grève des syndicats enseignants : Les premières victimes sont nos propres enfants
Publié le jeudi 16 janvier 2020  |  Nouvelle Libération
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© aBamako.com par MS
Marche des élèves de l’enseignement fondamental
Bamako, Le 13 janvier 2020 Les élèves et les parents d` élèves de l’enseignement fondamental ont marché ce matin pour exiger de leurs enseignants la reprise des cours
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Depuis quelques semaines, les huit syndicats de l’éducation (Sypesco, Syneb, Synefct, Synesec, Syldef, Fenarec, Coses et Snec), signataires du 15 octobre 2016, ont une nouvelle série de grève. Une nouvelle revendication est mise sur la table malgré la satisfaction de plusieurs doléances par le gouvernement suite à la précédente grève. Une situation qui pénalise les enfants et laisse paraître le spectre d’une année blanche.

« Nous sommes inquiets pour nos enfants, car nous avons pensé que les énormes efforts consentis par l’Etat nous mettaient à l’abri de nouvelles grèves» dira un parent d’élève face à la nouvelle revendication des syndicats des enseignants. « La place de nos enfants est dans les salles de classe pas dans la rue ou à la maison » dira l’autre très remonté face à la situation.

On se rappelle l’un des premiers feux éteints par le gouvernement du Premier ministre Docteur Boubou Cissé a été la grève des enseignants qui avait duré 6 mois (décembre 2018 à mai 2019).Les plus hautes autorités, avec l’appui du médiateur de la République, les acteurs et partenaires de l’école, se sont donné la main pour aboutir à un accord avec les huit syndicats de l’éducation (Sypesco, Syneb, Synefct, Synesec, Syldef, Fenarec, Coses et Snec) signataires du 15 octobre 2016.

Le procès-verbal de conciliation signé entre le gouvernement et les syndicats a été un ouf de soulagement pour l’ensemble du pays et surtout pour les écoliers, de retrouver le chemin de l’école et leurs camarades. Le spectre d’une année scolaire blanche qui se profilait a pu être évité.

Des efforts conséquents avaient également été faits par le gouvernement afin de réaménager les programmes, les emplois du temps et le calendrier scolaires et la prolongation de l’année scolaire jusqu’au 31 juillet 2019. Une atmosphère de confiance s’est installée à travers la Commission de suivi de la mise en œuvre du procès-verbal de conciliation entre le gouvernement et les syndicats de l’Education. Cela a abouti à la réussite des examens scolaires, à la rentrée scolaire 2019-2020 le mardi 01 octobre 2019, et au suivi de la mise en œuvre des acquis.

Cette somme d’efforts tend à redevenir du néant suite à une nouvelle série de grève des enseignants qui a débuté le 16 décembre 2019 sur une nouvelle et seule revendication: l’application de l’Article 39 de la loi N°2018-007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale.

Cette revendication des syndicats des enseignants se réfère au procès-verbal de conciliation conclu entre le gouvernement et l’UNTM, le 29 janvier 2019, qui octroie aux travailleurs de la Fonction publique, au point 01 de l’accord, une augmentation de l’indice plafond à 1100 pour la catégorie A au 1er janvier 2019 et à l’indice 1200 au 1er janvier 2021. Les syndicats des enseignants revendiquent l’augmentation de 20% de la grille salariale octroyée aux autres travailleurs de la Fonction publique.

À la signature de l’accord, les travailleurs du statut général de la Fonction publique avaient un indice plafond de 960 en 2018 devant évoluer à 1100 en 2019 et 1200 en 2021.Par contre, les travailleurs de l’enseignement bénéficiaient du statut particulier d’un indice coté à 1060 déjà en 2018 au moment de la signature de l’accord.

Le principe était simple :(1) faire monter l’ensemble des travailleurs du statut général des travailleurs de la fonction publique et du statut particulier des enseignants à un indice de 1100 en janvier 2020 pour ensuite (2) passer à 1200 en janvier 2021, conformément aux accords signés entre le gouvernement et les syndicats du statut général et dont les enseignants de ce statut dit « particulier » bénéficient par ricochet.

Or, les enseignants ont décidé de quitter le statut général de la fonction publique pour s’ériger en syndicats autonomes. Ainsi, les acquis de l’UNTM ne devraient être applicables aux syndicats autonomes et vice-versa. Autrement dit, on ne peut quitter la grande famille en décidant de prendre son indépendance et de prétendre à continuer à bénéficier des avantages de la grande famille.

En faisant le point de la mise en œuvre du procès-verbal de conciliation, 50% des 10 points de revendications ont été réalisés par le gouvernement pour satisfaire les enseignants pendant les derniers mois selon notre source.

Tous les enseignants selon leur catégorie bénéficieront d’une somme forfaitaire annuelle au titre de la prime de documentation : Catégorie A : 60 000F ; Catégorie B2 : 40 000F ; Catégorie B1 : 25 000F ; Catégorie C : 15 000F et le paiement annuel de cette somme interviendra au mois d’août de chaque année (le Décret portant allocation d’une prime d’équipement au personnel enseignant a été pris lors du conseil des ministres le vendredi 24 mai 2019).

Un montant de 20 000 Fcfa est accordé à tous les enseignants sans tenir compte de la catégorie en guise d’une majoration de l’Indemnité de résidence (Décret n°14-0837/P-RM du 10 novembre 2014), payable sur 2 ans en 2020 et 2021.

Concernant l’adoption immédiate du projet de décret portant plan de carrière du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental, et de l’Education préscolaire et spéciale, ce décret a également été pris lors duconseil des ministres du vendredi 24 mai 2019.

L’application du décret n°2016-0001/P-RM du 15 janvier 2016 fixant les conditions et les modalités d’octroi de l’indemnité de déplacement et de mission est effective depuis le 15 janvier 2016.

À la demande des syndicats, les deux décrets 0800/P-RM et 0801/PM-RM ont été abrogés en ce qui concerne l’annulation des décrets 2018-0800/P-RM du 19 octobre 2018 fixant les attributions spécifiques des membres du gouvernement et n°2018-0801/P-RM du 19 octobre 2018, portant répartition des services publics entre la primature et les départements ministériels.

Ainsi,le décret n°2019-0331/P-RM du 13 Mai 2019, fixant les attributions spécifiques des membres du gouvernement, en son article 6, attribue désormais la gestion du personnel relevant du Statut général des fonctionnaires des Collectivités territoriales au Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Le décret n° 2019-0332/PM-RM du 13 Mai 2019 portant répartition des services publics entre la Primature et les Départements ministériels, rattache désormais la Direction nationale de la Fonction publique des Collectivités territoriales au Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.

En ce qui concerne les quatre autres points de revendications, les dispositions sont en cours car ils nécessitent plus de temps, car il s’agit de travaux d’ordre technique et organisationnel. Ils concernent :la finalisation du processus de régularisation administrative et financière des diplômes des sortants de l’EN Sup (nouvelle formule) au même titre que ceux de l’ENI et IPR/IFRA (ainsi que toutes les grandes écoles : ENI, IPR/IFRA, ENETP, Conservatoires Balla Fasseké ; l’organisation sans délai de l’élection professionnelle du secteur de l’éducation et la création des organes prévus par le décret n°2018-0067/P-RM du 26 janvier 2018, fixant les modalités d’application du statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental, et de l’Education préscolaire et spéciale.

L’intégration dans le corps des enseignants du personnel non enseignant en classe ; et l’’accès des enseignants fonctionnaires des Collectivités territoriales aux services centraux de l’Etat.

Le point concernant la relecture immédiate du décret n°529/P-RM du 21 juin 2013, portant allocation d’indemnités au personnel chargé des examens et concours professionnel, avait été abandonné par les syndicats.

En ces temps où chaque citoyen devrait comprendre les défis sécuritaires du pays, les syndicats devraient raison garder afin de contribuer à la stabilité du Mali qui a trop souffert des individualistes au moment l’effort collectif est prôné.

Or, les syndicats se réclamant de ce statut particulier ont tout simplement fait une « règle de trois » en déduisant que cette majoration du statut général (de 960 à 1060) équivaudrait à 20% de majoration et se refusent à toute autre alternative.

Ce statut particulier ne saurait les rendre supérieurs et plus méritants que les autres fonctionnaires de la fonction publique au moment où l’Etat cherche à uniformiser et à améliorer les conditions générales de tous les fonctionnaires maliens. Ce qui a d’ailleurs été l’une des résolutions et recommandations prioritaires issues du dialogue national inclusif administré dans près de 620 communes au Mali.

Cette crise a créé une grande polémique au sein de l’opinion nationale qui perçoit cette grève comme une mauvaise foi du gouvernement, sans compter que les syndicats accusent le Premier ministre sur les réseaux sociaux de faire défaut aux engagements pris par le président de la République et à ses propres engagements.

Le gouvernement de la République du Mali, à travers la Primature, propose la mise en œuvre d’un plan de communication à très court terme pour pallier le déficit de communication et de perception vis-à-vis de l’opinion nationale.

Bourema Sinayogo, enseignant à la retraite
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