A Pau, en France, s’est tenu, le lundi 13 janvier, le sommet ayant réuni les 5 chefs d’État du G5 sahel et leur homologue français, Emmanuel Macron. Majoritairement loin d’être satisfait, le public malien interrogé, regrette la réticence des dirigeants africains, voire leur indifférence dans la prise en compte des doléances du peuple.
Les avis sont partagés sur le sommet de Pau. Des citoyens maliens trouvent que les décisions adoptées au cours de cette rencontre ne sont pas l’émanation des peuples du Sahel, comme il se doit dans un régime démocratique.
Dans son atelier, le tailleur Oumar Tounkara estime que lors de ce sommet, les présidents africains n’ont nullement dit à la France ce que pensent leurs populations. Ils ont seulement cherché à sauver leur pouvoir, pense-t-il.
Selon cet autre tailleur, Amadou Diop, à défaut d’avoir le courage de dire ce que pense le peuple, les présidents africains « devraient au moins dire la vérité au président français » en lui expliquant « clairement » ce qui prévaut de nos jours dans les pays du G5 Sahel.
Quant au coordinateur du collectif des associations des jeunes du Pays dogon, Adaman Diongo, « il y a une sorte de dictature qui se passe actuellement de façon moderne. Ce, pour la simple raison que les 5 chefs d’État ont pris cette décision sans consulter les parlementaires qui, en termes démocratiques, représentent le peuple. » Il trouve injustifiable que les présidents du G5 Sahel cautionnent la continuation de la mission française dans le Sahel sans tenir compte de l’avis de leur population.
Selon le président de la jeunesse ‘’Ginna dogon’’, Dramane Yalcouyé, les résolutions issues du sommet de Pau sont des décisions « imposées » aux cinq chefs d’État du Sahel. Macron devrait plutôt conseiller le président IBK d’écouter son peuple avant la prise de toute décision, a-t-il relayé avant de montrer son opposition à la présence de Barkhane.
Pour le porte-parole des organisateurs de la manifestation du 10 janvier, Siriki Kouyaté, le sommet de Pau a été un échec parce que toutes les opérations de la France se soldent toujours par des échecs. Pour lui, les chefs d’État n’ont pas tenu un sommet, mais plutôt une conférence par laquelle « ils ont tenu des propos fallacieux ». Selon M. Kouyaté, le Mali n’a pas besoin de 220 autres soldats dans cette guerre dite asymétrique. Il va encore loin et répond aux critiques du président français : « Macron est un grand frère arrogant et inexpérimenté. Au lieu de répondre aux questions du journaliste malien, il s’est mis à prononcer des propos fallacieux. Ce qu’il a fait n’est pas digne de la part d’un chef d’État ». Et d’ajouter : « Le départ de la France est toujours d’actualité, la France va partir».
Pourtant, d’autres sont optimistes quant à la portée de cette rencontre. Selon des citoyens, ce sommet peut être un début de solution de la crise sécuritaire dans le Sahel. Comme argument, ceux-ci soutiennent que le départ de la France ne peut que dramatiser la crise sécuritaire.
Selon le porte-parole de la Plateforme ‘’Blonba’’ de Kayes, Adama Fakaba Sissoko, rompre et chasser la France du Mali n’est pas une solution. Au contraire, cela ne servira qu’à contribuer à la dégénérescence du contexte. Celui-ci juge d’ailleurs insuffisants les 220 soldats supplémentaires promis lors de ce sommet, qui doivent bientôt arriver dans le septentrion pour renforcer Barkhane. « Cela est insuffisant, la France doit encore envoyer au moins 400 autres soldats pour qu’on parvienne ensemble à détruire les ennemis terroristes », dit-il.
Pour sa part, M. Ongoiba, enseignant et censeur d’un Lycée de Bamako, reste neutre sur la question de la présence de la France dans le Sahel. « Je ne suis ni pour ni contre le départ de ces forces étrangères. Je veux simplement que les FAMA entrent à Kidal. » Néanmoins, il ne fait pas de doute que le départ des soldats français du Mali ne résoudra pas grand-chose. Pour lui, il convient que les FAMA aient « une mainmise sur Kidal ».
Siriki Kouyaté a saisi cette occasion pour préciser qu’après Pau, si des gestions calamiteuses de la situation sécuritaire sont constatées, le peuple se tiendra debout.