Des habitants de Zantièbougou ont porté plainte, au Pôle économique et financier de Bamako, contre leur maire, Seydou KONE, pour avoir détourné plus de 36 millions de FCFA. Avant eux, l’Association malienne de lutte contre la corruption et la délinquance financière (AMLCDF) avait également saisi la justice sur la même affaire. Pour sa défense, l’édile accusé dit avoir la conscience tranquille avant de déclarer qu’il est victime de harcèlement politique.
Depuis quelques mois, des populations de la commune urbaine de Zantièbougou lèvent la voix contre la gestion de leur maire, Seydou KONE. L’affaire a été finalement portée au Pôle économique et financier, à travers une correspondance signée par le président des jeunes et le chef de village par intérim respectivement Bakari KONE et Soungalo DIAKITE.
L’objet de cette lettre dont nous avons copie est une « Plainte contre M. Seydou KONE maire de la commune rurale de Zantièbougou pour concussion et détournement d’un montant de 36 825 000 FCFA » portant sur le domaine du foncier du village.
Les signataires de la lettre reprochent à M. Seydou KONE d’avoir procédé au morcèlement illicite, en violation des textes en vigueur, qui régissent la gestion foncière et domaniale telle que l’ordonnance (…) du 22 mars 2000 et le décret 29 mars 2005. En clair, selon le document, le maire a vendu 4 hectares de la place publique et le domaine du service de l’élevage.
Consécutive à ces manquements, rappellent les dénonciateurs, le préfet du cercle de Bougouni a mené une investigation sur la gestion domaniale du maire qui a relevé une concussion s’élevant à 36 825 000 FCFA au titre de la vente 491 lots en raison 75 000 FCFA par lot.
« Le maire n’a pas versé les 36 825 000 FCFA au trésor public », accusent-ils dans leur lettre.
En outre, la plainte dénonce la vente de 46 lots sans aucune quittance à un commerçant non résident de la commune. Conséquence de ces situations : la majorité des conseils communaux de la mairie de Zantiièbougou ont formé un bloc pour s’opposer et rejeter le compte administratif de 2018 de la localité, indique la correspondance. Un conseil communal de la zone, joint par nos soins, confirme ces accusations et ajoute que la majorité des élus avaient même demandé la démission du maire.
Contacté, le maire Seydou KONE répond : « C’est faux et archifaux. J’ai les pièces à conviction de toutes les opérations effectuées dans cette affaire. Je suis victime d’une guerre politique. Tous ceux qui sont en train de faire du tapage, des bruits sont des adverses politiques qui cherchent à avoir raison sur moi. Ce n’est pas un combat contre la mauvaise gouvernance ».
Il a, par ailleurs, expliqué qu’il n’a pas fait de morcèlement en tant que tel. Il appelle ses opérations du raccordement.
« L’ancienne équipe de la maire a morcelé des parcelles et laissé çà et là des petits espaces. Ce sont des domaines que nous avons cédé à 75 000 FCFA par lot », a précisé M. KONE qui affirme ne rien se reprocher. A sa demande, il a indiqué avoir sollicité du ministère une mission d’experts pour faire l’audit de la localité.
« Après 10 jours de travail, la mission n’a rien constaté d’irrégularité », a-t-il fait savoir. Des arguments que le maire brandit pour se justifier et couper court à ces accusations contre lui.
Sur les 46 lots vendus sans quittance, le maire soutient qu’il n’a vendu qu’une dizaine, les autres ont été cédés au commerçant Bourama CISSE par les propriétaires et les topographes.
« C’est vrai que Bourama CISSE a en sa position les 46 lots. Mais ce n’est pas le maire qui vend directement. Quand il y a eu morcèlement, les propriétaires terriens et les topographes sont payés en nature. Si le M. CISSE arrive à acheter ces terrains avec ceux-ci, cela n’est pas la faute au maire », a soutenu Seydou KONE, sauf que M. CISSE dit le contraire. « C’est le maire qui m’a vendu presque tous les lots. Il m’appelle et m’envoie quelqu’un et je donne l’argent à ce dernier », a expliqué le commerçant.
Cependant, à défaut d’avoir les terrains, il souhaite rentrer en possession de son argent.
De son côté, l’élu Adama KONE estime que c’est léger de se cacher derrière un prétendu combat politique.
« Ce ne sont pas les élus qui sont à la base de la plainte. Elle a été formulée par la société civile très remontée contre la mauvaise gestion du maire Seydou KONE », a réagi Adama KONE.
Avant la plainte, des habitants de Zantièbougou, l’Association malienne de lutte contre la corruption et la délinquance financière (AMLCDF) avait également saisi le Pôle économique et financier de Bamako sur la même affaire.