Au sévère réquisitoire des USA contre l’Accord qui ne donne pas de résultats satisfaisants ; la MINUSMA qui n’est pas la mission adaptée au Mali dont il faut réduire la taille, Tiébilé DRAME ainsi que le représentant de la France opposent de la répartie avec force arguments.
L’examen de la situation du Mali, avant-hier mercredi, au Conseil de sécurité des Nations-Unies a vu s’affronter deux approches de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).
La remise en cause
Les États-Unis sont les tenants de la première tendance et le pays le fait bien comprendre à travers sa représentante Mme CHERITH NORMAN-CHALET. Elle remet en cause l’approche de la MINUSMA qui n’est pas forcément le meilleur moyen pour faire face au terrorisme. Pour la délégation américaine, il y a nécessité d’une évaluation claire de la MINUSMA d’ici à juin, de même souhaite-t-elle que son rôle soit appuyé pour ce qui concerne la mise en œuvre de l’Accord d’Alger dont les progrès restent lents. Pour la représentante américaine, il faudrait que la Mission mette l’accent sur la protection des civils. Aussi suggère-t-elle de réduire sa taille pour allouer les ressources ainsi dégagées à des initiatives plus efficaces dans la lutte contre le terrorisme.
Ainsi, pour l’Oncle Sam, constant dans sa position, l’efficience de l’Accord pour la paix que pur fantasme pour ceux se contentent de se laisser conter fleurette.
Comme on peut le constater, il n’est pas non plus tendre vis-à-vis de la MINUSMA qui ne ratisse pas large au sein de l’opinion, en l’occurrence dans les zones de déploiement des Casques bleus où la notion de ‘’stabilisation’’ passe mal face aux massacres répétés de populations civiles. Ici, quand on ne manifeste pas, on se pose beaucoup de questions sur l’opportunité de cette Force internationale. Même le chef de la MINUSMA du mandat, puisque de sa création à aujourd’hui l’on a de cesse de réclamer un mandat plus robuste avec beaucoup de moyens.
Le plaidoyer pro domo
Le pragmatisme américain a parlé ; mais ne Chef de la diplomatie Tiébilé DRAME, est dans son rôle de plaidoyer pro domo face à la perspective tant redoutée de réduction de la taille de Mission onusienne. Pour sa défense, s’exprimant par visioconférence depuis Bamako, il a annoncé que le Comité de suivi de la mise en œuvre de l’Accord, dont les travaux avaient été suspendus, se réunira de nouveau le 19 janvier à Bamako. Il a rappelé que le dialogue national inclusif, qui a eu lieu du 14 au 22 décembre dernier, a adopté 118 recommandations consensuelles, dont quatre vont faire l’objet de résolutions. Pour le ministre, le dialogue national a sorti l’Accord d’un « tête-à-tête » entre les mouvements signataires et le Gouvernement et lui a donné davantage de légitimité.
Pour le redéploiement des Forces de défense et de sécurité maliennes reconstituées et réformées, le ministre a affirmé qu’à ce jour, 1 330 ex-combattants, désignés par les mouvements signataires et membres du MOC de Gao, Kidal et Tombouctou, ont été intégrés dans l’armée malienne, après un processus de DDR accéléré. Leur déploiement a débuté le 6 janvier, vers Gao, Bourem et Kidal. La réforme du secteur de la sécurité se poursuit et se renforce avec l’adoption du Plan d’action du Conseil national de la réforme du secteur de la sécurité, a-t-il souligné.
Sur la question du développement des régions du nord du Mali, le ministre a évoqué la promulgation de l’ensemble des textes constituant le cadre juridique et institutionnel de la zone de développement du nord du Mali. De même, il a parlé de la mise en place du Fonds de développement durable qui est l’instrument financier chargé de la mise en œuvre de la stratégie de développement des régions du nord du Mali. Globalement, a-t-il relevé, l’Accord est mis en œuvre dans un environnement marqué par la détérioration de l’environnement sécuritaire et le déficit de ressources financières, dont les fonds pourtant promis par les partenaires.
Parlant des manifestations contre les forces étrangères, M. DRAME les met sur le compte des difficultés auxquelles sont confrontées les populations qui instrumentalisées par des personnes de mauvaise foi.
Tiébilé DRAME, face à la multiplication des attaques terroristes dans la région du Sahel a souligné l’urgence pour la communauté internationale de s’investir davantage aux côtés des autorités de la région, afin de garantir à la Force conjointe du G5 Sahel les moyens humains, matériels et financiers nécessaires à la réalisation de son mandat. Il a salué les conclusions du Sommet de Pau entre les chefs d’État du Sahel et celui de la France, notamment la détermination commune à lutter ensemble contre les groupes terroristes actifs qui opèrent dans la zone, en concentrant immédiatement leurs efforts militaires dans la région des trois frontières.
La ‘’Coalition du Sahel’’ comme alternative
NICOLAS DE RIVIÈRE, représentant de la France, a proposé une alternative à l’inefficacité de la MINUSMA. Il a de ce fait rappelé que la France avait organisé lundi, à Pau, un sommet avec les pays du G5 Sahel, auquel ont également participé le Secrétaire général et des représentants de l’Union européenne, de l’Union africaine (UA) et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). À l’issue de ce sommet, il a été décidé, avec les partenaires de la France, de mettre en place une « coalition pour le Sahel » dont l’objectif militaire est d’affaiblir durablement les mouvements terroristes, et l’objectif politique, d’assurer le retour de l’État dans toutes les régions du Sahel, aussi bien à Kidal que dans le nord du Burkina Faso, a précisé M. de Rivière. La France invite l’ensemble des pays et organisations intéressés à rejoindre cette initiative qui sera organisée autour de quatre piliers : la lutte contre le terrorisme, le renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité des pays du Sahel, l’appui au retour de l’État et le développement économique et social.
La mise en œuvre de l’Accord de paix a connu certains progrès, a poursuivi le représentant en citant le redéploiement en cours dans le nord du pays des premières unités de l’armée malienne reconstituée. La France salue en outre la tenue annoncée pour le 19 janvier d’un comité de suivi de l’Accord, alors que les travaux de cette instance étaient interrompus depuis août.
Revenant sur les critiques contre les partenaires internationaux, et notamment la MINUSMA, M. de Rivière a fait valoir que cette mission est une composante essentielle du dispositif international au Mali et qu’elle remplit des fonctions qu’aucun autre acteur n’est en mesure d’assurer, qu’il s’agisse de la protection des civils, du soutien à la mise en œuvre de l’Accord de paix ou encore de l’appui logistique à la Force conjointe du G5 Sahel.