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Harouna SANGARE, Maire de la commune de Ouankoro, Bankass, région de Mopti : «Il n’y a jamais eu une attaque directe entre deux communautés Dogon et peul »
Publié le mardi 21 janvier 2020  |  Le Progres
Cheick
© Autre presse par DR
Cheick Harouna Sankaré
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Le Progrès : Monsieur Harouna Sangaré, en tant que maire de la localité, vous êtes bien impliqué dans ce qui se passe au centre. Est-ce que les maires des différentes communes de la zone vont participer à cet événement ?

Harouna SANGARE : Les maires vont participer à cet événement, parce qu’ils sont les premiers concernés par rapport à cette situation d’insécurité dans la région de Mopti. Nous avons ce qu’on appelle l’Association des municipalités du Mali qui est représentée dans toutes les régions et cercles du Mali. Donc, toutes les associations des municipalités du Mali au niveau local de la région de Mopti sont informées et invitées et qui ont annoncé qu’elles seront présentes à ce forum. Nous nous réjouissons beaucoup puisque pour la première fois, le Haut Conseil Islamique du Mali décide à l’unanimité d’aller vers nous, la région de Mopti ; parler avec les filles et les fils de notre région pour la paix et la cohésion sociale. Ce qui nous impressionne beaucoup et qui nous donne la fierté, c’est que ce sont des fils de la région de Kayes, de Tombouctou, de Sikasso, de Koulikoro, de Ségou, de Ménaka, de Dioila, de partout, qui sont en train de se réunir pour aller parler avec leurs frères de la région de Mopti. Je crois que, si la population de Mopti reçoit ces dignes fils et filles de l’ensemble de ces régions-là qui se déplacent pour venir parler à leurs frères d’une région, cela doit conseiller, encourager, les filles et fils de la région de Mopti ; cela doit même créer une honte à cette population de la région de Mopti. Voir que les autres régions sont venues nous demander de nous réconcilier entre-nous. Inchallah! nous sommes optimistes qu’au sortir de ce forum, les Mopticiens vont comprendre. Nous l’avons déjà compris, parce que, allez-y demander aux peuls, qu’est-ce que les Dogons vous ont fait? Ils vous diront qu’ils nous ont rien fait. Y’a-t-il un problème de terre, de femmes entre vous, de territoire entre vous ? Non ! Allez-y demander au Dogon, qu’est-ce que les peuls vous ont fait ? Ils vous diront, on ne sait pas. Il n’y a ni un conflit de terre ni de revendication territoriale. Voilà, c’est venu tout d’un coup comme çà. Et aujourd’hui, ces communautés-là, elles se cherchent toutes. Donc, ce forum est bienvenu à Mopti et inchallah, nous avons espoir qu’au sortir de ce forum-là, les filles et les fils de la région de Mopti vont se donner la main.

Le Progrès : Vous vous êtes beaucoup impliqué chaque fois que vous parlez de ce centre-là. Mais ces belligérants qui sont là, Kouffa et les autres, pensez-vous que sans négocier avec eux, ce forum sera une solution définitive ?

Harouna SANGARE : Bon ! Vous savez, j’entends beaucoup négocier avec Kouffa. On peut négocier avec des personnes de bonne volonté, qui veulent la paix et qui ne sont pas prêts à mettre la laïcité du pays en jeu. Les Koufa revendiquent l’application de la Charia dans un pays où se trouvent les chrétiens, des musulmans, toutes sortes de religion. C’est un Etat laïc. Est-ce que les Kouffa sont prêts à abandonner leur revendication d’islamisation du pays ? C’est cela le problème ! Parce que même au centre du pays, le problème fondamental, c’est quoi ? Ce sont les hommes de Kouffa, c’est le terrorisme. Vous savez, ce que beaucoup ne savaient pas, les hommes de Kouffa avaient commencé à assassiner les maires, les chefs de village et les marabouts Peuls qui n’avaient pas accepté de se joindre à eux. Et cela, avant de descendre sur le plateau dogon et commencer à s’attaquer à la population Dogon. C’est cela qui a fait naitre ce problème de conflit intercommunautaire. Sinon en réalité, au moment où je vous parle, il n’y a jamais eu une attaque directe entre deux communautés Dogon et peul. Aucun village Dogon ne s’est soulevé pour aller attaquer un village peul, aucun village peul ne s’est jamais soulevé pour aller s’attaquer à un village Dogon. Ce sont des milices Dana Ambassagou de Dogon et les terroristes d’Amadou Koufa et une autre branche qui est née ; les milices autodéfense peuls. Donc, il y’a trois sortes de groupe dans cette zone-là. Maintenant, Amadou Kouffa, c’est vrai, il reste le problème fondamental des Dogons et des peuls dans la région de Mopti, si toutefois, les négociations, c’est-à-dire, si les Amadou Kouffa peuvent abandonner leur esprit d’islamisation du pays, on peut négocier avec eux. Mais le problème c’est que, est-ce que le Mali sera prêt à être un pays islamique ? Où est ce qu’on va mettre nos frères chrétiens, ceux qui ont d’autres religions différentes de l’islam ?

Le Progrès : Justement, M. le maire, on dit que ventre vide n’a point d’oreilles. En tant que maire, vous avez un appel à lancer aux autorités pour faciliter un peu l’intégration et la réconciliation ?

Harouna SANGARE : Vous savez, le message que j’ai à lancer à l’Etat malien, c’est qui est entrain de faire beaucoup d’efforts, nous, nous sommes des autochtones, nous avons, l’Etat le maximum hein ! Partout où il y a eu ces massacres, l’Etat a contribué en matière de vivres et tout, mais c’est peu. Il faut ,multiplier beaucoup d’efforts. Mais, aujourd’hui, il faut essayer de sensibiliser cette population-là, les jeunes du centre qui sont tombés dans le piège du terrorisme. Et s’il y a des milices d’autodéfense peuls et Dogons, de faire en sorte que ces milices d’autodéfense se protègent contre le terrorisme, qu’ils se donnent la main. L’Etat doit chercher à les mettre ensemble autour d’une table, au lieu que ça soit Dozos Dogons ou Peuls, que ça soit Dozos, Peuls-Dogons qui ont la bonne volonté d’aider l’armée malienne à lutter contre le terrorisme. Donc, je vous dis, quelque soit l’effort que nous faisons, tant qu’on n’arrive pas à bouter le terrorisme hors du territoire malien, il serait difficile de ramener cette paix là que nous cherchons, parce que nous partons tout de suite, nous allons aux peuls ou aux Dogons, mais le lendemain, les terroristes vont aller commettre des actes qu’ils commettent partout dans le monde d’ailleurs. Ce qui est essentiel, aujourd’hui, c’est que les populations du centre du Mali se donnent la main et prendre comme ennemi commun, le terrorisme. Aider l’armée malienne à dénoncer ces terroristes, cela va aider l’armée malienne dans son travail. Mais, tant que les terroristes continuent à se cacher derrière les populations, le travail sera difficile et pour l’Etat et pour nos forces armées.

Le Progrès : Question de relance M. le maire, on vous sait humaniste, homme de paix, vous êtes aussi candidat malheureux à la dernière élection présidentielle malienne. Pensez-vous réellement que ce forum du Haut Conseil Islamique(HCI) est l’amorce d’une paix durable au centre du pays ?

Harouna SANGARE : Nous sommes très optimistes. Imaginez, depuis combien de mois, le Haut Conseil Islamique(HCI) qui se réunit ici, du matin souvent jusqu’à 3heures du matin et ne parle que de la paix. Tous les acteurs du centre voire au Nord du pays, tous, sont impliqués dans cette situation. Le Haut Conseil Islamique(HCI) ira avec la société civile malienne, nous allons partir avec plus de deux cents comme membres de la délégation. Nous sommes optimistes que les imams, les grands religieux du Mali qu’ils aillent parler à la population du centre, je pense cela va rentrer dans les oreilles de cette population, et inchallah, c’est la première fois qu’une grande initiative de ce genre soit prise pour parler aux populations maliennes à travers le forum. Nous allons passer par le meeting, le forum et il y aura tout le monde. Je pense que, inchallah, à travers ce forum-là, les populations du centre vont comprendre que la guerre qu’elles font entre elles-, elles le font contre elles-mêmes. Elles ne le font pas pour le Mali, elles le font contre elles-mêmes

Aujourd’hui, au centre, ni un peul ni un Dogon, un Bozo, un Sonrhaï encore un Bambara n’est en paix. C’est-à-dire, la guerre n’apporte rien à toutes ces communautés. Chacun se cherche, et pourquoi, nous ne nous donnons pas la main pour faire face à l’ennemi commun qui est le terrorisme et connu de tous. Donc, le message que le Haut Conseil Islamique(HCI) va apporter au centre du pays permettra à cette population de comprendre qu’il est temps de se donner la main pour faire face à l’ennemi commun.

Le Progrès : En tant que membre du Haut Conseil Islamique(HCI) aussi, est-ce que vous allez profiter de ce forum pour rencontrer Amadou Koufa ?

Harouna SANGARE: Mais où se trouve Amadou Koufa ? Il faut poser cette question à Me Hassane Barry, Malamine Konaré et la SE. Nous pensions qu’Amadou Koufa était mort depuis les attaques de Konna. Et après le gouvernement français nous avait informé qu’il était mis hors d’état de nuire, c’est à notre grande surprise, il y a quelques jours, nous avons vu des images de Amadou Koufa et Me Hasane Barry et notre frère Konaré. Si connaissions où se trouve Amadou Koufa, nous allons lui dire d’arrêter et je profite de votre journal pour lui dire d’arrêter. C’est un peu triste, à travers les images que nous avons. Sinon tout le peuple malien, nous tous, populations du centre pensions qu’il était déjà hors de nuire depuis la déclaration de l’armée française, mais si nous avons eu la chance de le voir publiquement, nous lui dirons d’arrêter.

Interview réalisée par Boubacar KANTE !

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