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Armée nationale reconstituée bientôt à Kidal: Cinq questions fondamentales au gouvernement d’IBK
Publié le vendredi 24 janvier 2020  |  Infosept
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© aBamako.com
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA
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Après la malencontreuse aventure du Premier ministre Moussa Mara en 2014, Kidal était interdite aux Forces Armées Maliennes, FAMa. Ses portes semblent s’ouvrir à l’armée malienne reconstituée, qui, loin d’être les FAMA, pourrait permettre aux autorités de souffler un peu, car Kidal était devenue un caillou dans leurs chaussures. Elles pourraient exhiber à la face de l’opinion et du monde ce trophée surtout que c’est le seul acte concret posé depuis 2015, année de la signature du fameux Accord pour la Paix et la réconciliation. Sans triomphalisme comme les autorités, le commun des mortels s’interroge sur les véritables enjeux et surtout sur les impacts d’une telle armée dans la stabilisation et la paix à Kidal, bastion des rebelles et des djihadistes. Cinq grandes questions taraudent les esprits.

Première question : quel rôle jouera cette armée reconstituée dans une zone où plusieurs groupes armés, ainsi que les forces étrangères sont présents ?
Il serait bien de savoir si l’armée reconstituée dont se glorifient nos autorités, sera présente uniquement pour la forme et qu’elle ne jouera aucun rôle. Même pour se mouvoir il faudrait avoir l’autorisation des groupes armés de la CMA où des forces Barkhanes et MINUSMA. Dans de telles conditions, la présence de l’Armée n’aurait aucun sens.

Deuxième question : quel serait le sort réservé aux autres groupes armés, qu’ils soient du MNLA, du HCUA ou du MAA ? Vont-ils se soumettre à l’armée malienne reconstituée ou bien resteront-ils des groupes armés indépendants n’obéissant à aucun ordre venant de la nouvelle armée ?
Il serait malsain, voire dangereux, que malgré la présence de l’armée malienne reconstituée, qu’il y ait d’autres groupes armés, excepté les forces étrangères, dans la même zone. Le premier risque pourrait être un conflit d’intérêts. Le deuxième risque pourrait être lié au leadership dans la zone. Donc, la logique voudrait bien que les autres groupes armés puissent, soit se fondre dans l’armée malienne reconstituée, soit déposer les armes, mais il ne doit pas y avoir deux armées sur un même territoire.

Troisième question : cette armée reconstituée aura-t-elle les mêmes prérogatives et les missions que les FAM, à savoir lutter contre les terroristes ? Aura-t-elle les pleins pouvoirs ?
Sa présence n’aurait rien servi si elle devrait être cantonnée et gardée par les forces étrangères, et permettre aux groupes armés de la CMA de se mouvoir sur le terrain. L’une des conditions de la mise en place d’une telle force devrait être la dissolution et le désarmement de tous les autres groupuscules armés. A cela, il faut ajouter la dotation en moyens matériels et humains de la nouvelle armée pour qu’elle soit à hauteur de mission.
Quatrième question : quel rôle jouera les forces étrangères, MINUSMA et Barkhane, si la CMA refusait de se soumettre à cette nouvelle armée censée regrouper FAMa et groupes armés signataires de l’Accord ?

La communauté internationale jouera sa crédibilité dans la gestion de cette affaire d’armée malienne reconstituée, elle qui est la médiatrice et la garante de toutes résolutions dans la crise maliano- malienne. La communauté internationale, à travers la MINUSMA et Barkhane, s’attirant la colère de la population malienne à un moment donné, à l’occasion de se racheter en imposant à toutes les parties signataires de l’Accord, le respect de leurs engagements.
Cinquième question : que se passera-t-il si une des parties signataires venait à se poser en obstacle au bon déroulement du processus en cours ?

La mise en place d’une armée malienne reconstituée est une des dispositions de l’Accord pour la Paix et la réconciliation. Bien que toutes les parties ont souscrit à sa signature, il n’est pas exclu qu’une des parties viole sa propre signature. Si tel était le cas, les autres signataires ne devraient-elles pas déclarer la guerre et obtenir pour la circonstance, le soutien de la communauté internationale ?

En somme, tout porte à croire que c’est l’armée malienne reconstituée qui sera cantonnée à Kidal et que les groupes armés rebelles vont continuer à se mouvoir comme s’ils sont en terrain conquis, avec la complicité de la MINUSMA et de Barkhane. Au gouvernement malien de ne pas dormir sur ses lauriers, car comme dit ce vieil adage : qui veut la paix, prépare la guerre.
Youssouf Sissoko
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