Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Le diagnostic du Pr Dioncounda Traoré: haut représentant du Président de la République pour les régions du Centre,
Publié le vendredi 24 janvier 2020  |  Info Matin
Conférence
© aBamako.com par AS
Conférence de presse du haut représentant du Président de la République pour les régions du centre
Le Haut représentant du Président de la République pour les régions du centre a animé ce jeudi 23 Janvier 2020 une conférence de presse.
Comment


Environ 6 mois après sa nomination, le Pr Dioncounda TRAORE, Haut représentant du Président de la République pour les régions du Centre, ancien Président de la Transition, était ce jeudi face à la presse, à son siège. Objectif : présenter sa mission et livrer le diagnostic des vraies raisons de la crise au Centre.




evoir de reconnaissance oblige, M. TRAORE a remercié, avant tout propos, le Président de la République pour la confiance placée pour une mission aussi difficile. Il lui a exprimé sa reconnaissance pour l’opportunité qu’il offre une nouvelle fois de servir son pays, un pays qui nous a tant donné et auquel nous donnons peu.

C’est suivant le décret N°2019-0586/P-RM du 31 juillet 2019 que le Haut représentant du Président de la République pour les Régions du Centre a été institué et le Professeur Dioncounda TRAORE nommé pour conduire la mission.

Les missions

En vue de stabiliser l’ensemble des régions du Centre et de rétablir l’autorité de l’État, le Haut représentant du Président de la République est investi de missions que M. TRAORE a étrennées : instaurer et maintenir un climat de confiance entre toutes les communautés impliquées et entre ces communautés et l’État ; faciliter les échanges intra-communautaires et contribuer au rapprochement des points de vue à la lumière de l’intérêt exclusif du peuple malien ; favoriser et soutenir le redéploiement des Forces de défense et de sécurité dans les régions du Centre et désarmer toutes les milices et forces hostiles ; contribuer au rétablissement des services sociaux de base ; élaborer et mettre en œuvre une stratégie axée sur la protection des civils et la réduction des violences intercommunautaires ; veiller à ce que les responsables de violations de droits de la personne humaine ainsi que du droit international humanitaire aient à répondre de leurs actes et soient traduits en justice ; assurer le suivi du sort réservé aux crimes perpétrés à Koulougon, Ogossagou et Sobame Da ainsi qu’à tout autre crime semblable commis au centre du pays.

Une équation à multiples inconnues

Rentrant dans le vif du sujet, le Haut représentant du PR a informé que pour les besoins de la mission, il a enregistré environ 500 contacts repartis entre les catégories suivantes : personnes-ressources (cadres politiques, religieux…), missions diplomatiques, associations culturelles, organismes nationaux et internationaux…

Il a souligné le caractère multidimensionnel et l’importance de la tâche qui est une équation à multiples inconnues. Il s’agissait avant tout, a-t-il expliqué, de comprendre les vraies raisons de la crise au Centre, suite à quoi il a été compris que cette crise est évolutive et doit être considérée d’une manière dynamique.

Les raisons de la crise

Parlant des causes diagnostiquées dont la connaissance est déterminante pour la suite des actions, le Haut représentant du PR a souligné que les conflits récurrents entre éleveurs et agriculteurs remontent à la nuit des temps. Mais, a-t-il poursuivi, ils ont toujours été circoncis par divers mécanismes.

Dans le cas précis du Centre, avec l’abandon des valeurs traditionnelles, la mauvaise gouvernance, l’absence de l’État, la mauvaise distribution de la justice, les rancœurs et les frustrations se sont accumulées et ont éclaté à la première occasion, à savoir le retrait de l’État. Avec des populations livrées à elles-mêmes, l’heure des règlements de comptes a alors sonné faisant le lit aux groupes d’auto-défense, à des trafics multiformes. Une situation qui a servi de terreau fertile au terrorisme.

La deuxième cause, selon le diagnostic du Haut représentant du Président de la République est le jihadisme lui-même animé par des gens qui ont l’intelligence de la situation, qui ont compris qu’il y a une opportunité à saisir. Ainsi, après leur dispersion en 2013 (Opération Serval et FAMa), ils se sont réorganisés, financés qu’ils sont des États moyen-orientaux.

Il attire également l’attention sur leur pragmatisme : tantôt terroristes, tantôt attirant à travers certains services rendus à la communauté comme retrouver du bétail volé et le restituer à leurs propriétaires.

Le danger du mimétisme

En ce qui est de leur mode opératoire, révèle le Haut représentant du Président de la République, ils enrôlent des gens dans toutes les ethnies. Ainsi, ils envoient des Dogons (enrôlés), habillés en tenue traditionnelle donso, massacrer des villages peulh. Pour ces derniers, il n’y a aucun doute, ils ont été attaqués par les Dogons, d’autant plus que les assaillants parlent la langue et portent la tenue des chasseurs.

À l’inverse, ils font attaquer les Dogons par des Peulh (enrôlés).

Conséquence : des communautés se lancent dans la course à l’armement pour s’entre-tuer.

Ce qui fait dire au Pr Dioncounda TRAORE que ceux qui ont agité la thèse d’un conflit intercommunautaire au Mali ont posé un mauvais diagnostic. Il y a plutôt des jihadistes qui instrumentalisent des populations, mais qui jouent également sur le mimétisme. Ce qui rend difficile la façon de les combattre. À titre illustratif, ils s’approprient les signes distinctifs des FAMa pour commettre des exactions qui sont à tort mises sur le compte de l’Armée. Ainsi, l’Armée a été plusieurs fois accusée d’exactions qu’elle n’a pas commises.

« Avec les actions que nous mènerons, ils perdront progressivement pied, les conflits intercommunautaires s’estomperont, mais il faudra s’attendre à ce qu’ils attaquent plus violemment l’Armée », a rassuré en substance le Haut représentant du PR.

En résumé, a dit M. TRAORE, le conflit au Centre n’est pas ethnique. « C’est cela la bonne nouvelle », a-t-il fait savoir.

« La mauvaise nouvelle, c’est que même si les tensions intercommunautaires s’estompaient, il restera le jihadisme. En ce moment, les choses seront plus claires, l’ennemi sera identifié et il s’agira de le combattre » peut-on paraphraser ses propos.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : Info-Matin
Commentaires