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Les constats de Dioncounda Traoré (haut représentant du président de la République pour les régions du centre) : “Ma mission est prête à dialoguer avec tout le monde, y compris Iyad et Kouffa” “La mauvaise gouvernance et la défaillance de l’Etat sont les causes des conflits au centre du Mali”
Publié le samedi 25 janvier 2020  |  Aujourd`hui
Conférence
© aBamako.com par AS
Conférence de presse du haut représentant du Président de la République pour les régions du centre
Le Haut représentant du Président de la République pour les régions du centre a animé ce jeudi 23 Janvier 2020 une conférence de presse.
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Institué suivant le décret n° 2019-0586/P-RM du 31 juillet 2019, le Haut représentant du président de la République pour les régions du Centre, Pr. Dioncounda Traoré, était devant la presse le jeudi 23 janvier 2020 pour parler des missions à lui confiées par le président Ibrahim Boubacar Kéita. Au cours de cet échange avec la presse, il s’est beaucoup appesanti sur les conflits au Mali.

Dans ses propos liminaires, Pr. Dioncounda Traoré a remercié le président Ibrahim Boubacar Kéita pour la confiance placée en lui, en lui confiant la mission aussi difficile, complexe et vitale pour le Mali. “Je suis parfaitement reconnaissant envers le chef de l’Etat de m’offrir l’opportunité de servir une fois de plus ce pays qui nous a tant donné et à qui nous avons si peu rendu. J’ai donc accepté avec humilité et surtout avec beaucoup de détermination cette mission”, a-t-il dit.

Les missions du Haut représentant du président de la République pour les régions du Centre

Selon Pr. Dioncounda Traoré, les missions consistent, entre autres, à instaurer et maintenir un climat de confiance entre toutes les communautés impliquées et entre ces communautés et l’Etat ; faciliter les échanges intra-communautaires et contribuer au rapprochement des points de vue à la lumière de l’intérêt exclusif du peuple malien ; favoriser et soutenir le redéploiement des Forces de défense et de sécurité dans les régions du Centre et désarmer toutes les milices et forces hostiles ; contribuer au rétablissement des services sociaux de base ; élaborer et mettre en œuvre une stratégie globale axée sur la protection des civils et la réduction des violences intercommunautaires ; veiller à ce que les responsables de violations des droits de la personne humaine ainsi que du droit international humanitaire aient à répondre de leurs actes et soient traduits en justice ; assurer le suivi du sort réservé aux crimes perpétrés à Koulongo, Ogossagou et Sobane-Da ainsi qu’à tout autre crime semblable commis au centre du pays.

Pour Pr. Dioncounda Traoré, la tâche lui semble comme une équation à plusieurs inconnues. Sa mission s’est mise au travail avec comme premier objectif de comprendre les vraies raisons de la crise qui sévissait dans les zones du Centre et qui risquait à termes de porter atteinte à l’existence même du Mali.

Aux dires du Haut représentant du président de la République pour les régions du Centre, sa mission ambitionne d’apporter une solution durable aux problèmes à caractère multidimensionnel des régions du Centre mais avec l’accompagnement de l’ensemble des organismes dédiés pour la sécurité.

Pour ce faire, depuis sa nomination, sa mission a mené de nombreuses activités, des rencontres et audiences au cours desquelles le problème des régions du Centre a été abordé. C’est ainsi que la mission a enregistré environ 500 contacts repartis entre les personnes ressources (cadres et personnalités politiques et religieuses, etc.), missions diplomatiques, associations culturelles, groupements d’associations, organismes nationaux et internationaux.

Les causes des conflits

au Mali selon le Haut

représentant du président

Parlant des causes des affrontements communautaires au centre du pays, Pr. Dioncounda Traoré a avancé le conflit récurrent entre éleveurs et agriculteurs, un phénomène observé depuis la nuit des temps à cause des productions extensives et l’augmentation de la population. Ces conflits ont toujours été circonscrits par des mécanismes fondés sur des valeurs sociales, culturelles, religieuses et traditionnelles et le cas échéant par l’arbitrage de l’Etat à travers son administration, sa justice.

“Malheureusement, du fait de l’abandon des valeurs qui sous-tendent ces mécanismes socioculturels par les générations actuelles et aussi et surtout du fait de la mauvaise gouvernance, la défaillance de l’Etat dont beaucoup de représentants étaient devenus de véritables prédateurs (des agents des eaux et forêts, des gendarmes, des policiers, des douaniers et des administrateurs) et rançonnaient les populations. La justice était mal distribuée. Certaines affaires ont mal duré et quelques-unes ne sont pas encore vidées. Les conflits non réglés se sont multipliés, les frustrations, les rancœurs et les rancunes se sont douloureusement accumulées, aggravées et exacerbées créant une situation de violences continue et comprimée qui devrait éclatée à la première opportunité.

Et cette opportunité a été fournie par le retrait progressif de l’Etat, voire son absence totale dans certaines zones, forces militaires ou sécuritaires, l’administration, la justice, les services sociaux minimums. Les populations ont été livrées à elles-mêmes et ont perdu toute confiance en l’Etat dont elle n’attende plus rien. L’heure de règlements de vieux conflits a sonné, engendrant des violences intra et inter communautaires qui devaient rapidement conduire à la création de milices, de groupes d’auto-défense dont certains évolueront rapidement quant à leur premières vocations”, a-t-il développé.

Et selon lui, ces violences ont contribué à créer un banditisme opportuniste et à renforcer les trafics et la criminalité transfrontalière. Et cela a conduit à des amalgames, à la stigmatisation trop rapide qui ont fabriqué un terreau pour tous ceux qui se nourrissent de cette situation de désordre, de conflit et de la peur, un terreau fertile pour le terrorisme religieux, du jihadisme. Et les jihadistes mis en mal ont compris toutes les parties qu’ils pouvaient tirer de la manne qui leur avait été offerte par Iyad Ag et Hamadou Kouffa (chef de la Katiba Macina).

Ces jihadistes sont financés par des moyens orientaux qui ont choisi de semer la terreur, la misère et la désolation au Mali au nom de l’Islam. “Ces jihadistes sont venus au centre par des opérations de charme pour rendre la justice, aider certains habitants à récupérer leur bétail volé, par des terreurs, l’endoctrinement religieux. Ce qui a permis d’enrôler des éléments de toutes les ethnies du Centre, Dogonons, Bozos, Peuls, Dafings, Bambara, etc. Et les ressortissants de ces ethnies sont utilisés pour des opérations ciblées. Pour attaquer un village dogonon, les Peuls sont utilisés. Et ces Dogonons pensent qu’ils sont massacrés par des Peuls. Pour attaquer un village peul, les Dogonons sont utilisés.

Et ces peuhles pensent être massacrés par des Dogonons. Ce scénario avait pour but de montrer qu’il y avait un conflit ethnique au centre du Mali. Ce qui a conduit les membres de ces ethnies dans le reste du pays et même dans la diaspora. Et la conséquence a été l’armement des différentes ethnies et la recrudescence des violences qui a donné une situation favorable aux jihadistes. Et les jihadistes, de par leur silence, font croire que les forces de défense et de sécurité s’en donnent à des massacres de civils. Le destin avoué des jihadistes est de détruire l’Etat malien démocratique et laïc”, a-t-il expliqué.

Dioncounda Traoré espère que sa Mission est arrivée à la bonne nouvelle que le conflit au centre n’est pas un conflit inter communautaire.

Il a espéré qu’avec le Dialogue, sa mission va rétablir la confiance entre l’Etat et les communautés et plus les conflits inter et intracommunautaires vont s’atténuer, plus les jihadistes n’auront devant eux que les forces armées. Il s’est dit prêt à dialoguer avec tout le monde y compris, Iyad et Kouffa auprès de qui des émissaires ont été dépêchés.

Pour les actions à mener, Dioncounda Traoré a proposé, entre autres, le dialogue entre les vrais acteurs qui sont en train d’être identifiés ; l’action militaire commune contre le terrorisme. Il a précisé que le Mali seul ne pourra jamais arriver à bout du terrorisme et qu’il faut une lutte menée par une coalition. Car, a-t-il ajouté, si les terroristes réussissent au Mali, ils vont s’équiper, s’armer pour atteindre n’importe quel pays. “Ceux qui viennent aider le Mali doivent comprendre qu’ils viennent s’aider eux-mêmes. Il faut une coalition prête à poursuivre cette guerre et à la gagner.

Cette guerre ne sera pas facile, elle sera longue. Le terrorisme ne sera pas supprimé par un coup de baguette magique, car il est partout et il épouse des formes extrêmement différentes, imprévisibles et imaginables. Il faut une synergie de toutes les actions”, a-t-il précisé. Pour cela, il a dit que sa mission a des plans et des solutions, des propositions et des suggestions à faire au président de la République pour leur mise en œuvre. Siaka Doumbia

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