Jamais le Mali n’a été aussi menacé dans son existence. Cette triste réalité est le résultat du comportement peu orthodoxe de ceux qui à la faveur du multipartisme intégral ont accédé au pouvoir. Ils ont pris un virage qui remet en cause les idéaux du 26 mars 1991. Leurs comportements ont poussé certains maliens à être nostalgique du régime du parti unique l’UDPM. Beaucoup en voulait au pouvoir du général Moussa Traore , qu’ils accusaient de dérive dictatoriale. En réalité ceux qui étaient à la manœuvre voulaient ouvrir la boite à pandore pour se sucrer. Pour réussir, ils ont mené une intense campagne d’intoxication avec la complicité de certains courants politiques de l’hexagone.
Flash back
Ils vont exploiter les propos du Président français de l’époque François Mitterrand qui a fait savoir lors de la 16 eme conférence des chefs d’Etat tenue le 20 juin 1990 à la Baule que l’aide sera conditionnée à la démocratisation . Dans son discours resté célébre, il lie désormais l’aide au développement à une « démocratisation par un passage au « multipartisme ». « La France liera tout son effort de contribution aux efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté ; il y’aura une aide normale de la France à l’égard des pays africains, mais il est évident que cette aide sera plus tiède envers ceux qui se comporteraient de façon autoritaire, et plus enthousiaste envers ceux qui franchiront, avec courage, ce pas vers la démocratisation » a martelé de vive voix Mitterrand. Les réactions ne vont tarder. Le président Moussa Traore qui pense que le président français ignore, les réalités des sociétés africaines soulignera avec véhémence que : « la démocratie n’est pas une camisole de force que l’on porte à qui l’on veut quand on veut ».
Les déclarations de Mitterrand seront les détonateurs qui vont pousser les opposants qui vivaient dans la clandestinité à sortir du bois. Pour le cas spécifique du Mali, les contestateurs à savoir ce que l’on appelle couramment « le mouvement démocratique » vont partager les tâches avec des anciens combattants de la légion islamique, une armée créée par Kadhafi pour combattre l’armée tchadienne dans la Bande d’Aouzou. Contre promesse ces derniers se regroupent au sein de plusieurs mouvements armés pour combattre les forces gouvernementales. Dés 1988, l’ambassadeur du Mali en poste en Egypte Al Mamoun Keita attire l’attention du président Moussa Traore sur les mouvements suspects en cours dans la région, mouvements qui touchent le nord du Mali. La première attaque est dirigée contre l’arrondissement de Tidermen. Quelques jours avant l’attaque l’adjudant chef Diallo qui était le chef d’arrondissement informe le chef lieu de région Gao de la présence d’éléments dangereux. Cette attaque est une bonne nouvelle pour les « démocrates ». Leur objectif était clair obligé Moussa Traore à avoir deux fers au feu ; celui incandescent du nord et la vendetta à Bamako. A Bamako les « démocrates » commencent par distiller des rumeurs sur la fortune du président Moussa Traore qui s’élèverait à plus de 600 000 milliards de fcfa logée dans un compte en Suisse. Pire, ils vont s’appuyer sur les élèves et les étudiants par la stratégie de la manipulation. Au finish le régime tombe le 26 mars 1991. Après une courte transition dirigée par le Lieutenant Colonel Amadou Toumani Toure au moment des faits, le pouvoir passe entre les mains de l’Alliance Pour la Démocratie au Mali, Parti Africain Pour La Solidarité et la Justice ADEMA/PASJ. Après avoir accusé à tord le parti unique de toutes les dérives à savoir prévarication, concussion, gabegie, les tenants du pouvoir à partir de juin 1992 doivent faire face à une terrible contestation intérieure marquée par la grève des élèves et étudiants du Mali regroupés au sein de l’AEEM un monstre crée par le « mouvement démocratique » pour faire partir le régime du président Moussa Traore. Pire les rebelles qui se sentent trahis au nord intensifient les attaques. A Bamako, une crise politique éclate, le gouvernement du Premier ministre Younoussi Toure tombe, Me Abdoulaye Sekou occupe la primature à la tête d’un gouvernement d’union nationale. Mais face à la dégradation de la situation en février 1994 l’actuel président de la République Ibrahim Boubacar Keita devient Premier ministre. Pour stopper l’hémorragie des mesures fortes sont prises fermeture des écoles, intensification de la lutte armée contre les anciens alliés rebelles du nord avec la création d’une milice d’autodéfense Gandakoye. Toutes ces mesures sont mises en œuvre sur fond de corruption. Pour acheter la paix au nord des mallettes bourrées d’argent se retrouvent chez l’amenokal de Kidal, les chefs des groupes armés regroupés au sein des Mouvements et Fronts Unifiés de l’Azawad bénéficient de toutes les largesses postes juteux. Les combattants se retrouvent au niveau de l’administration générale douanes, impôts, trésor, police nationale. D’autres intègrent le corps des forces armées, la gendarmerie nationale. L’homme politique se métamorphose. La politique se transforme en lieu de réussite sociale. Le politicien se transforme en véritable aventurier au gré des intérêts on assiste régulièrement à des retournements de veste, la mauvaise gestion, les détournements des derniers publics à la pelle sont érigés en système. On assiste à l’empoisonnement mental de la jeunesse. Les jeunes pensent désormais qu’avec la politique ont peut tout avoir et tout de suite. Le résultat de cette dégradation de la société, les invectives, les fraudes électorales, les scissions politiques, les discours creux. Pire on assiste à une déperdition sociale marquée par la dépravation des mœurs. La corruption institutionnalisée devient une arme utilisée par l’Etat pour faire taire les grandes gueules. La première victime de cette cacophonie est sans doute l’armée qui devient un lieu de recasement. Pour rejoindre la grande muette, il faut être sur la liste de x ou y. Les études qui étaient symbole de respect sont sabotées. Obtenir le précieux sésame ne demande plus d’efforts. La gangrène qui se propage sous le président ATT finit par se transformer en coup de force le 22 mars 2012. En effet après la chute de Kadhafi, les revenants de Libye lourdement armés n’ont aucun mal à enfoncer les lignes de défense du Mali, levant le mythe de l’invincibilité de la grande armée malienne. Les villes du nord tombent comme des fruits mûrs. L’armée vendue par les politiques est encore en difficulté à Konna. Le président Dioncounda est obligé d’appeler au secours la communauté internationale. Les forces françaises entrent action et repoussent l’ennemi à travers une opération spectaculaire. Pour le président Hollande c’est un triomphe. Mais pas pour des leaders politiques comme Oumar Mariko leader du parti Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance SADI qui croient plutôt à une recolonisation du Mali. Pour ce leader politique, un départ prématuré des forces étrangères entrainera la chute de tout le Sahel. Ces propos corroborent ceux du Ministre de la défense du Mali le général Dahirou Dembele. Donc qui veut se développer prépare son armée. Il est temps que nos dirigeants comprennent cela.