Paris (AFP) - Le ministre français de la Défense se rend dimanche à Washington dans l'espoir de convaincre les autorités de garder les soldats américains en Afrique de l'Ouest, où les autorités françaises sont sous pression après des années de tentatives de renforcer les forces locales contre les extrémistes islamiques.
La visite de Florence Parly intervient quelques jours seulement après sa tournée dans la région du Sahel, une vaste étendue aride où les États n'ont guère plus qu'un contrôle nominal, permettant aux combattants djihadistes de s'épanouir.
Paris et ses alliés considèrent la région de plus en plus essentielle pour assurer la sécurité de l'Europe contre les menaces djihadistes et pour endiguer un flux incontrôlé de migrants à travers la Méditerranée.
Les États-Unis ont été un allié clé de l'opération française Barkhane, qui compte 4500 membres, fournissant des renseignements et une surveillance via des drones ainsi que le ravitaillement en vol et le transport logistique, pour un coût de 45 millions de dollars par an.
"L'engagement américain dans la région est essentiel car ils offrent des capacités critiques, dont certaines ne peuvent pas être remplacées", a déclaré à l'AFP un responsable de la présidence française cette semaine.
Mais le président Donald Trump insiste sur le fait que les États-Unis doivent se concentrer sur le confinement de la Russie et de la Chine, l'Afrique étant considérée comme moins une menace directe - et qui devrait être laissée à la France et à l'Union européenne.
Les chefs militaires américains ont confirmé qu'ils envisageaient un retrait des troupes africaines.
"Je veux m'assurer, alors que nous examinons la lutte contre le terrorisme, que j'aborde avant tout les menaces contre la patrie", a déclaré cette semaine le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper.
Le général Mark Milley, président des chefs d'état-major interarmées, a déclaré qu'une décision sur le déploiement de 7 000 forces spéciales américaines en Afrique, en particulier celles du Sahel, pourrait être rendue début mars.
"La question sur laquelle nous travaillons avec les Français est le niveau d'effort avec lequel nous soutenons les Français", a-t-il déclaré. "Est-ce trop? Trop peu? A peu près non?"
- Retrait risqué -
Le président Emmanuel Macron a admis qu'un retrait des États-Unis serait "une très mauvaise nouvelle" après un sommet avec les cinq partenaires de la France au Sahel au début du mois - notamment parce que les pays de l'UE ont montré peu d'enthousiasme à se joindre à la lutte.