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Législatives 2020 : La volte-face de la CMA au processus électoral
Publié le mardi 28 janvier 2020  |  Le Témoin
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de signature de l`accord de paix par la CMA
La CMA a signé l`accord de paix et réconciliation le 20 Juin 2015 à Bamako
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Le processus des législatives pourrait prendre du plomb dans l’aile. Aussitôt après la convocation du collège électoral pour le 29 Mars prochain, la CMA, jusque-là réceptive au calendrier de renouvellement de l’institution parlementaire, a choisi de ramer à contre-courant de la dynamique du Dialogue National Inclusif. C’est ce qu’il ressort en tout cas de son communiqué rendu public, avant-hier samedi. Tout en reconnaissant la pertinence d’une organisation diligente des élections électives, la Coordination des Mouvements de l’Azawad s’illustre par un revirement à 180 degrés en jugeant les conditions peu propices à la tenue d’élections dans le septentrion. Ses réserves ont trait notamment à la prise en compte des régions de Menaka et de Taoudeni ainsi que des cercles d’Almoustrat et d’Achibogho dans l’organisation desdites législatives. Il s’agit en clair de l’organisation territoriale et d’un découpage administratif en adéquation avec les engagements contenus dans l’Accord pour la paix et réconciliation et ses textes de transposition quant à assurer une meilleure représentativité des populations du septentrion au sein des institutions décisionnelles de l’Etat. Cette représentation, aux yeux de la CMA, n’est pas moins tributaire d’un autre engagement, à savoir : le retour de « centaines de milliers » de réfugiés de leur exil à l’extérieur que les législatives de Mars-Avril pourraient priver de droit à l’expression de suffrages. Toutes choses en porte-à-faux avec les dispositions de l’article 5 de l’Accord, mentionne le communiqué de la CMA. Ce n’est pas tout. La Coordination estime par la même occasion que les acquis en termes de stabilité et de réconciliation sont assez fragiles pour ne pas survivre à d’éventuels clivages liés à une compétition électorale qui n’assure point des chances égales aux potentiels postulants.

«Un tel engagement (les élections s’entendent, ndlr) serait de nature à saper dans le contexte présent tous les efforts de réconciliation engagés avec leurs corolaires de détérioration des arrangements sécuritaires et une totale opacité des opérations électorales», peut-on lire dans le communiqué où la CMA fait un retour virevoltant à son attachement à l’Accord. «La CMA demande au gouvernement de reconsidérer la mise en instance répétée des dispositions de l’Accord de Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger sous prétexte d’incompatibilités de calendriers unilatéralement arrêtés et cela dans un contexte de redynamisation parrainé par les recommandations des assises de haut niveau tenues à Bamako le 19 Janvier 2020», martèle la CMA en déniant toute qualité de référence au Dialogue National Inclusif dont elle pourtant la CMA partie-prenante.

Cette sortie de la Coordination est d’autant moins anodine qu’elle remet au goût du jour toutes les incertitudes sur le processus électoral à un moment où les doutes sur leur tenue se dissipent les uns après les autres. Et pour cause, un processus électoral sans l’onction du principal mouvement armé, en pleine dynamique de redéploiement de l’armée et de l’administration, inspiré naturellement une nouvelle dose de circonspection et de méfiance vis-à-vis des échéances annoncées par le gouvernement. De quoi justifier par ailleurs des interrogations sur les alternatives à une mise en échec des législatives qui soit conforme à la constitution. Se dirigé-y-on vers des élections sans le Nord, l’instauration d’un Conseil législatif tant réclamé par d’aucuns ou une autre prorogation de la législature au-delà du 02 Mai prochain ?

Les interrogations ne fusent pas moins sur les motivations de la CMA au sujet de laquelle les supputations vont bon train. Pour plusieurs sources concordantes, en effet, sa volte-face s’explique par la forte pression dont elle est l’objet de la part des tentacules qu’elle a réussi à implanter dans les régions nouvellement créées qui n’entendent guère attendre toute une législature pour leur autonomie représentative à l’assemblée nationale.

A Keita
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