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L’ex-putschiste Amadou Sanogo va recouvrer la liberté au Mali en crise
Publié le mardi 28 janvier 2020  |  AFP
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© aBamako.com
Le capitaine Amadou Haya Sanogo, président du CNRDRE
22 mars 2012.Camp Soundiata Keita de Kati.
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La justice malienne a ordonné mardi la mise en liberté provisoire du général Amadou Sanogo, meneur d'un coup d'Etat en 2012, et de douze autres militaires détenus depuis six ans pour l'assassinat présumé de soldats anti-putschistes.

La décision de la Cour d'appel de Bamako était guettée avec attention, compte tenu des enjeux extrajudiciaires d'une reprise de leur procès et de la possible comparution devant la cour d'assises du ministre de la Défense en exercice, Ibrahima Dahirou Dembélé.

M. Dembélé, mis en cause en tant qu'ancien chef d'état-major de la junte en 2012-2013, passe aujourd'hui pour un acteur important du combat contre les jihadistes alors que l'armée et l'Etat maliens sont soumis à la pression d'attaques qui ont fait des centaines de morts ces derniers mois.

M. Dembélé n'est pas détenu, contrairement au général Sanogo. Mais il devrait être appelé à la barre, sinon poussé à la démission si le procès reprend, avec des conséquences difficilement prévisibles dans un contexte sécuritaire et politique dégradé.

L'affaire renvoie le Mali aux premiers mois de la crise qu'il continue à traverser et qui s'est propagée aux pays voisins, sans règlement en vue.

Le 21 mars 2012, alors que les rebelles touareg ont lancé une offensive majeure dans le nord et que les jihadistes affluent en provenance des pays voisins, des soldats, parmi lesquels Amadou Sanogo, alors obscur capitaine, se mutinent après des semaines de protestations contre l'inaptitude du gouvernement à faire face à la situation. Ils chassent le président Amadou Toumani Touré.

Le coup d'Etat précipite en fait la déroute de l'armée. Quelques jours après le putsch, l'armée perd Gao et Tombouctou. La région tombe sous la coupe des jihadistes qui ont évincé les rebelles touareg.

Sous la pression internationale, la junte finit par céder le pouvoir à des autorités civiles interimaires jusqu'à l'élection à la présidence, en août 2013, d'Ibrahim Boubacar Keita, encore en poste aujourd'hui. M. Keita élève Amadou Sanogo au rang de général quatre-étoiles, promotion largement considérée comme politique.

Mais, fin 2013, Amadou Sanogo est arrêté pour son implication présumée dans la mort de 21 membres d'une unité d'élite, les "Bérets rouges", retrouvés dans un charnier. Opposés au coup de force de mars 2012, les "Bérets rouges" avaient vainement tenté un contre-putsch un mois plus tard.

- Avenir judiciaire incertain -

Le procès d'Amadou Sanogo et d'une quinzaine de co-prévenus, tous militaires, s'est ouvert fin 2016 pour "enlèvement et assassinat, complicité d'enlèvement et d'assassinat". Un des accusés est décédé, deux autres ont été remis en liberté, 13 étaient détenus jusqu'à mardi.

Parmi les accusés, Ibrahima Dahirou Dembélé, pas encore ministre.

Le procès avait été rapidement ajourné et est resté bloqué des années, jusqu'à une nouvelle audience, fixée au 13 janvier 2020. M. Dembélé, devenu ministre de la Défense en 2019, aurait dû y comparaître et a offert sa démission, ont rapporté les médias.

Le procès a finalement encore été reporté. Le gouvernement a invoqué la nécessité de maintenir "la cohésion des forces armées".

Après l'arrêt de mardi, l'incertitude règne sur l'avenir de ce procès.

L'un des avocats du général Sanogo, Me Cheik Oumar Konaré, a estimé que "justice (était) rendue" après plus de six années de préventive alors que le code fixe à trois ans la durée maximale de la détention provisoire.

Il a cependant souligné auprès de l'AFP que "la cour aujourd'hui n'a statué que sur la mise en liberté" et que toute décision sur la culpabilité ou l'innocence des accusés devrait encore attendre.

Sous le couvert de l'anonymat, une source proche du gouvernement a indiqué que le général Sanogo avait "le droit" de recouvrer la liberté, "cela fait quand même sept ans qu'il est arrêté sans jugement".

Cependant, a-t-elle ajouté, il faut voir dans sa libération provisoire "un souci de ne pas destabiliser notre outil de défense". Que le ministre soit contraint de démissionner, ce "n'est pas possible parce qu'il est actuellement un élément clé de notre dispositif militaire dans la lutte contre le terrorisme", a-t-elle dit.
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