Le collectif Synergie des syndicats de l’enseignement a entamé une série de grèves perturbant sérieusement le fonctionnement normal de l’école malienne. Le Premier ministre Boubou Cissé a décidé de sauver l’école, et non l’année scolaire. Des travaux de Sisyphe ?
La démarche des élèves consistant à aller plaider leur cause auprès du Premier ministre a été bien reçue par le docteur Boubou Cissé. Ainsi, il a décidé de ne plus sauver les années scolaires, mais, l’école. Cependant, ce travail ne semble pas loin du mythe de Sisyphe : à chaque fois que l’on pense voir le bout du tunnel, il faut recommencer. Le Dialogue national inclusif, dans ses recommandations, avait même préconisé une trêve sociale, ce qui ne semble pas être du goût des syndicats.
“Les efforts du gouvernement qui a adopté la loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018 portant Statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale ; majoré la grille annexée au Statut ; octroyé la prime de documentation ; augmenté la prime de zone ; régularisé la situation administrative et financière des sortants de l’ENSup majoré la prime de hiérarchisation et l’indemnité de résidence et indemnisé les victimes des événements du nord de 2012, n’ont malheureusement pas suffi pour suspendre les mouvements de grèves“, résume un négociateur.
Les salaires ont connu des augmentations considérables suite aux négociations de 2019. Ainsi, pour un cadre A en début de carrière il y a une augmentation de 275 649 F CFA contre 345 295 F CFA pour un enseignant en fin de carrière.
Le salaire brut de l’enseignant débutant catégorie A, passe de 242 781 F CFA à 518 430 F CFA. Le salaire brut de l’enseignant en fin de carrière catégorie A de 276 303 à 621 597 F CFA.
Pour un enseignant débutant de la catégorie B2 il y a une augmentation de 29 530 F CFA. Pour un enseignant en fin de carrière de la même catégorie l’augmentation est de 49 629 F CFA.
Les salaires passent de 184 004 F CFA brut à 213 543 F CFA brut pour un débutant de la catégorie B2 et de 383 052 F CFA à 432 683 F CFA pour un enseignant catégorie B2 en fin de carrière. Cela prend en compte les primes et autres avantages accordés par le gouvernement.
“Dans ce contexte de crise, la reprise de l’école est essentielle pour que nous puissions gagner ce combat contre l’obscurantisme et contre l’incivisme qui rongent notre cohésion sociale et notre stabilité politique“.
Le gouvernement a proposé l’harmonisation de la grille des enseignants avec celle des fonctionnaires du Statut Général en faisant passer l’indice plafond de 1 060 à 1 100 à partir de janvier 2020, et 1 200 pour compter de janvier 2021, soit 140 points d’indice. Cette proposition a été rejetée par Synergie, exigeant une augmentation de 280 points d’indice en deux étapes : janvier 2019 et janvier 2021.
Il se trouve que l’augmentation de leur indice de 280 ramènerait les enseignants au même niveau de salaire que les enseignants du supérieur qui sont à un peu plus de 1400 d’indice.
L’autre aspect est que l’incidence financière s’élèvera à plus de 34 milliards F CFA contre plus de 400 milliards F CFA sur l’ensemble des augmentations consenties au titre de l’année 2020.