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Dialogue avec Iyad et Kouffa Contradictions au sommet de l’État
Publié le mercredi 29 janvier 2020  |  Info Matin
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© aBamako.com par Androuicha
Le Ministre Tiébilé Dramé face à la presse pour les vœux de nouvel an
Bamako, le 28 janvier 2020 à Koulouba. Le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale M. Tiébilé Dramé a rencontré les correspondants de la presse étrangère au Mali, les attachés de presse auprès des Missions diplomatiques au Mali, les directeurs de publication des organes de la presse nationale pour leur présenter ses vœux de nouvel an 2020. Il a profité de cette occasion pour échanger avec eux sur l`actualité politique et diplomatique du Mali de ces derniers mois.
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Le ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale, Tiebilé DRAME, a présenté hier ses vœux au monde de la presse nationale et internationale, aux attachés des missions diplomatiques autour des recommandations du DNI, des décisions du CSA, des conclusions du sommet de PAU et la conférence des pays voisins sur la Libye. Interrogé sur les passerelles de négociations lancées par le Haut Représentant du Président de la République pour les Régions du Centre à l’endroit de Iyad Ag GHALY et Amadou Kouffa, sa réponse est des plus stupéfiantes.

Tout part de la conférence de presse animée par le Haut Représentant du Président de la République pour les Régions du Centre, le Professeur Dioncounda TRAORE, ancien Président de la Transition, la première d’ailleurs qu’il organisait depuis sa nomination. À l’occasion, il s’est dit prêt à lancer les passerelles du dialogue avec tout le monde, d’autant plus que tout conflit se termine par ce dialogue. Il a renchéri « si le dialogue peut permettre de préserver des vies, pourquoi pas ? » Aussi, a-t-il révélé qu’il a envoyé des émissaires en direction de KOUFFA et de Iyad Ag GHALY pour exprimer sa disponibilité à dialoguer avec eux, convaincu qu’il est qu’il faut au moins leur donner l’occasion de dire ce qu’ils pensent.

Invité à commenter cette démarche du Haut Représentant du Président de la République pour les Régions du Centre, le chef de la diplomatie malienne ne s’est point encombré de fioritures : ‘’au moment où je vous parle, l’État malien n’envisage pas une négociation quelconque avec les gens de la brousse (Iyad et Kouffa)’’ ; ‘’les propos du Haut Représentant pour le Centre, Pr Dioncounda TRAORE, n’engagent que lui et non le Gouvernement du Mali’’.

C’est sidérant, une telle contradiction à des niveaux aussi élevés au moment où toutes les pistes sont explorées pour sortir le pays de la griffe d’aventuriers barbares.

Par rapport à la première déclaration, le diplomate en chef concède qu’il est de ceux qui ont prôné le dialogue avec les jihadistes maliens. C’était au plus fort de l’Opposition. Devenu ministre des Affaires étrangères, donc membre du gouvernement, son regard a changé et coïncide avec celui du Gouvernement qui est : pas de dialogue avec les jahadistes, une position qui, sans se voiler la face, n’est qu’un alignement sur des principes internationaux. Ainsi, le dialogue avec les jihadistes n’est pas dans le schéma actuel du Gouvernement de la République du Mali. Dieu grand bien lui fasse.

Quant à la seconde affirmation, qui relève d’un radicalisme inaccoutumé surtout de la part d’un diplomate, l’on est en droit de s’interroger : Tiébilé réagit-il à l’ancien Président de la Transition dont la main tendue a été toujours été sincère pour le retour de la paix dans le pays ou au Haut Représentant du Président de la République pour les Régions du Centre.

S’il peut exister une confusion à son niveau, à ce sujet, pour l’opinion, ce qui est d’actualité, ce sont les propos du Professeur Dioncounda, Haut Représentant du Président de la République et cela appelle nécessairement à des commentaires.

C’est en effet un astigmatisme que de soutenir que ce que dit le Professeur Dioncounda n’engage que lui, parce que, c’est suivant le Décret N°2019-0586/P-RM du 31 juillet 2019 que le Haut Représentant du Président de la République pour les Régions du Centre a été institué. À ce titre, il est en phase avec le Président de la République. Prétendre que ce qu’il dit n’engagement pas le Gouvernement de la République du Mali, mais le Gouvernement dépend du Président de la République dont le Haut Représentant est le lieu-tenant.

Autant dire que même si le Professeur Dioncounda réussissait à trouver un canal de négociation avec ‘’les gens de la brousse’’, cela n’engagerait quand même que lui, non le Gouvernement. Une situation autant ubuesque qu’affligeante qui cache mal une ‘’sectarisation’’ des différents intervenants à l’atteinte d’un seul et même objectif : la paix dans les Régions du Centre.

L’on est catastrophé par les propos du chef de la diplomatie qui semble amnésique sur le fait que la démarche d’un dialogue avec les islamistes, des recommandations fortes de la Conférence d’Entente Nationale (CEN) 27 mars au 2 avril 2017 : ‘’négocier avec les belligérants du centre, en l’occurrence Ahmadou Kouffa tout en préservant le caractère laïc de l’État ; négocier avec les extrémistes religieux du nord, en l’occurrence Iyad Ag Ghali’’. C’est le peuple souverain du Mali, représenté en ces différentes composantes qui a décidé qu’il faille dialoguer avec les ‘’pestiférés’’. Cette décision s’impose au Gouvernement qui est l’émanation du choix d’un Président lui-même émanation du choix du peuple.

Mieux, parmi les actions prioritaires au titre de la Paix, sécurité et cohésion sociale (Thématique N°1), du Dialogue National Inclusif, du 14 au 22 décembre, il a été retenu, à court terme de : « engager le dialogue avec Amadou Kouffa et Iyad Ag Ghali pour ramener la paix au Mali ».

L’initiative du Haut Représentant du Président de la République pour les Régions du Centre a bel et bien une légitimité populaire et à ce qu’on sache, la souveraineté appartient au peuple (Cf : article 26 de la Constitution : ‘’la souveraineté nationale appartient au peuple tout entier qui l’exerce par ses représentants ou par voie de référendum. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice’’).

Outre la légitimité populaire et la légalité constitutionnelle, il y a l’engagement personnel du Président de la République sur les recommandations du DNI qui accrédite la démarche du Professeur Dioncounda TRAORE. En effet, lors de la clôture du Dialogue National Inclusif, il a assuré : « j’ai promis de faire tout ce qui me sera possible pour que les recommandations issues des travaux délégués soient appliquées ». Or, engager le dialogue avec Iyad et Kouffa fait partie des recommandations de ce DNI. Alors qui agit pour son propre compte ?

PAR BERTIN DAKOUO
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