Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article




  Sondage


 Autres articles


Comment

Société

Faible consommation de viande à Bamako : un paradoxe inexplicable
Publié le samedi 3 aout 2013  |  Le 26 Mars


© Autre presse par DR
La viande


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

De 700 Fcfa en 1993, le kilo de viande (avec os) de bœuf est passé de nos jours à 2000 Fcfa. Du coup, la consommation de viande est devenue un luxe au Mali, pourtant grand producteur de bétail dans la sous-région.
Il est 7h 30 mn au marché de Sabalibougou en ce dimanche 14 juillet 2013.

Comme des abeilles, des dizaines de femmes se bousculent sous les hangars des bouchers. Et, quelques minutes, elles ménagères se dispersent.

Des gigots de bœufs sont pourtant toujours là, suspendus, mais les ménagères en ont fini avec les bouchers et se dirigent vers les vendeurs de poissons. Et pour cause, la viande « moins chère » celle de la tête de bœuf est finie.

Le reste est intouchable : 2000 Fcfa le kilogramme de viande avec os pour des ménagères dont la majorité ne dispose pas de cette somme pour tous les frais de condiments de la journée. Le témoignage de cette dame qui vient de se faire déchirer le boubou dans la bousculade, est éloquent : « Ah bon ! pourquoi on se bousculait ? Mon fils, puisque vous ne payez certainement pas de prix de condiments, sachez que seuls les bouchers peuvent manger de la bonne viande, parce ces cupides aussi ont profité de la situation de crise pour augmenter le prix de la viande. Comment peut-on comprendre cela, quand on sait que la viande ne nous vient pas de l’extérieur ? C’est honteux, inhumain et scandaleux ! Avec 500 Fcfa de prix de condiment, peut-on acheter de la viande ? Ce pays est foutu. Chacun veut sucer le sang de l’autre. D’ailleurs, même le « tièkouroulé » (poisson fumé) commence à nous coûter cher ».

En effet, le « tièkouroulé », ce vilain poisson dont nos fleuves regorgent, est devenu la « viande » salvatrice de nombre de ménagères. Il y en a pour toutes les bourses et suffisamment pour tout le monde. C’est pourquoi, les ménagères qui viennent d’abandonner les stands des bouchers ne se bousculent plus pour s’en procurer.

Mais pourquoi diable une nouvelle augmentation du prix de la viande depuis bientôt un an ? Madou Sow, un jeune boucher de la place explique : « On nous accuse partout pour l’augmentation du prix de la viande, comme si nous avons à y gagner. Ecoutez, sur le marchés de bétail, le prix de l’animal augmente de jour en jour. Or, celui du kilo de viande n’a subit de hausse que deux ou trois fois seulement. Nous vendons très souvent à perte et moins de viande d’ailleurs, car la clientèle est de plus en plus rare. Il y a seulement quelques mois, je vendais quotidiennement la moitié d’une carcasse de bœuf. Aujourd’hui, c’est à peine si j’arrive à liquider un gigot. Je sais que, c’est parce que le kilo de viande est cher, que nous avons peu de clientèle, mais, devrons-nous le vendre moins cher à nos dépens pour attirer les clients ? ça jamais ! Je ne donnerai pas mes yeux à mes beaux parents. Si les vendeurs d’animaux décident aujourd’hui même de diminuer leur prix de vente, nous diminuerons à notre tour le prix du kilo de viande. Mais, tant que ce n’est pas le cas, qui veut acheter de la viande, qu’il l’achète, sinon, il a le choix de manger du « tiékouroulen. Il y en a en à gogo ».

Des ovins, bovins, caprins et porcins, il y en a aussi à gogo au Mali où l’offre est nettement supérieure à la demande. Paradoxe inexplicable quand, selon des statistiques officiels, plus de 600 000 têtes sont proposées annuellement aux marchés locaux de Bamako qui consomment à peine la moitié. Mais, chose bizarre, le prix du kg de viande ne cesse de grimper. Le phénomène s’explique-t-il par la fièvre de l’exportation qui a gagné les éleveurs ?

Selon un expert en la matière, l’exportation massive du bétail malien vers l’étranger n’a aucun impact sur la hausse des prix de la viande locale. D’abord, explique-t-il, il y a quelques temps, le boucher acquérait l’animal à crédit et ne remboursait le marchand de bétail qu’après vente, mais actuellement c’est « donnant-donnant ». Ensuite, il y a le fait que les prix du bétail sont libéralisés et les éleveurs augmentent le prix du bétail pour simplement supporter leurs différentes charges alourdies par la crise. Partout dans le pays aujourd’hui, le prix du kilo de viande de bœuf est de 2000 Fcfa et il faut louer la discipline à ce niveau car des prix officiels concernant la viande n’existant pas actuellement, le pire pouvait arriver.


Le pire n’est pas arrivé, mais une chose est sûre, le Malien consomme de moins en moins de la viande.

Boubacar Sankaré

 Commentaires