Au moment où nous mettons sous presse cet article, la dernière attaque en date contre une base de l’armée malienne, est celle de Sokolo, survenue le dimanche 26 janvier. Nous prions Allah le Tout-puissant qu’il n’y ait pas d’autres attaques dans les heures qui suivent. Ou plus précisément, dans le mieux des cas, que l’Armée malienne soit capable de mieux se défendre et de faire mordre la poussière à la horde des bandits de l’extrémisme violent. Pour cela, sans être un expert en art de la guerre, l’évidence s’impose d’elle-même. Un changement radical de stratégie en s’adaptant le mieux possible à la guerre asymétrique, particulièrement complexe, est nécessaire.
Les attaques contre les bases militaire se suivent et se ressemblent toutes. Des soldats maliens « cantonnés » dans une base sont tués sauvagement par des terroristes avec une choquante facilité. Le commandement en place lance un appel aux renforts qui ne viennent que trop tard. Face à de tels échecs répétés, l’on s’interroge, assez naïvement, sur la nécessité d’une base militaire dans ces zones. Car cantonner des militaires dans des conditions ultra difficiles, et assez souvent avec des équipements pas à hauteur de souhait, c’est rendre la tâche facile aux terroristes. De ce fait, ces derniers n’auront qu’à viser les camps militaires avec la plus grande puissance de feu possible. Et en plus de faire d’énormes victimes dans les rangs des FAMa, ils arrivent aussi à s’accaparer d’équipements militaires, un scénario qui se répète depuis des années. Lors de l’attaque de Sokolo, 9 véhicules ont été volés par le groupe terroriste d’Iyad Ag Ghaly.
L’heure est certes grave pour l’armée malienne. Les paroles du ministre de la Défense, Dahirou Dembélé devant l’Assemblée Nationale, en novembre 2019, sont assez édifiantes : « Quand je vois l’état de mon armée, j’ai peur », avait-il, entre autres, martelé. Mais, alors que la grande muette malienne se vide de ses combattants, ne faudrait-il pas, à défaut d’être puissant dans la force, d’être fort dans la malice ?
Des bases militaires fictives peuvent être mises en place pour ainsi piéger les assaillants qui croiront que des soldats maliens y ont élu domicile. Dans le choc de leur étonnement, les FAMa pourraient très bien, pour une fois, tuer un grand nombre de terroristes.
Pourquoi ne pas aussi adopter la même démarche que la leur, à savoir se fondre dans la masse civile. Des instruments comme l’infiltration pourraient être utilisés pour subtiliser des renseignements capitaux pour la suite des opérations ?
Aussi, l’on s’interroge sur la limite fixe d’âge de 22 ans pour intégrer l’armée. Pour un meilleur recrutement, et surtout pour trouver la vocation nécessaire à toute profession, ne faudrait-il pas ratisser large pour en piocher les meilleurs éléments ? Car il est de notoriété qu’au Mali, beaucoup de jeunes intègrent les forces armées de défense et de sécurité uniquement pour percevoir un salaire à la fin de chaque mois. La notion de vocation est un concept qu’ils ignorent superbement. Mais l’Etat lui, doit-il l’ignorer ?
Un recrutement hâtif, sans formation valable, et en méprisant la vocation, ne fera que diminuer les chances des FAMa de vaincre le terrorisme et fragilisera, à coup sûr, l’intégrité du territoire.