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Malaise et antagonisme au sommet de l’État…
Publié le vendredi 31 janvier 2020  |  Le Pays
Conseil
© aBamako.com par A S
Conseil extraordinaire des ministres
Bamako, le 02 septembre 2013 au palais Koulouba. Le gouvernement de transition a tenu son dernier conseil des ministres sous la présidence de Dioncounda Traoré
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Le Pr. Dioncounda Traoré, haut représentant du président de la République pour les régions du centre, annonçait, lors d’une rencontre avec la presse le 23 janvier dernier, son intention de négocier avec les chefs djihadistes Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa. Plus qu’une simple intention, l’homme a fait savoir qu’il avait même envoyé des émissaires rencontrer les deux figures du djihad dans notre pays, et lui-même n’exclut pas la possibilité d’aller personnellement à leur rencontre, si besoin était.


« Nous sommes prêts à lancer des passerelles pour dialoguer avec tout le monde… et nous ferons en sorte qu’ils soient convaincus », avait déclaré Dioncounda Traoré, convaincu que le dialogue est obligatoire à toutes les étapes du processus de paix afin de ramener à la raison ceux qui ont choisi de prendre les armes contre leur propre pays. Et de révéler : « Des émissaires sont déployés sur le terrain afin de mener des actions. Des bénévoles ont accepté de se rendre auprès des populations pour identifier les acteurs clés de la violence. J’ai envoyé des émissaires en direction de Koufa et d’Iyad ».

La nouvelle avait surpris beaucoup de gens, y compris nous-mêmes, c’est d’ailleurs pourquoi nous avions souligné que Dioncounda Traoré « a bien osé en tendant la main aux djihadistes », pour qui connait la position de son mandant, en l’occurrence le Président IBK, sur la question. La claque à Dioncounda est cependant venue d’ailleurs, car c’est Tiébilé Dramé, ministre des Affaires étrangères, qui donna le ton en affirmant que les propos tenus par le haut représentant du Président de la République n’engageaient que sa seule personne ! La rhétorique est si tranchante qu’on s’étonne du fait que ce soit un ministre de la République qui fasse cette remontrance à celui qui est officiellement investi de la mission d’agir et de parler au nom du Président de la République !

Au-delà donc de cette grande contradiction au sommet de l’État, une question, et pas la moindre, se pose. Le ministre Dramé a-t-il été mandaté par le Président IBK pour répliquer aux propos de Dioncounda Traoré ? Rien n’est moins sûr ! Surtout que le Président IBK a toujours opposé un niet catégorique à toute négociation avec Iyad et Koufa. On se souvient en effet que le dialogue avec les chefs djihadistes Iyad et Koufa avait été recommandé par les participants à la conférence d’entente nationale de 2017. Mais à la grande surprise de tout le monde, le locataire de Koulouba avait clairement écarté cette option. IBK a-t-il remis le couvert ?

Beaucoup avait pourtant pensé que Dioncounda avait parlé sous le contrôle du Président IBK, car sa sortie, vu son rang, officialisait la volonté de l’État du Mali à négocier avec ces chefs djihadistes, ce d’autant que le dialogue national inclusif avait recommandé la négociation avec Iyad et Koufa. Nous l’avons dit, le refus jusqu’ici manifesté par le Président IBK sur la question tient plus de la peur de ne pas incommoder certains partenaires comme la France et les États-Unis que d’une conviction personnelle.

Pourtant, ceux qui privilégient la négociation avec Iyad et Koufa, comme pour nombre de nos compatriotes, pensent que ni la France ni les États-Unis ne devrait nous tenir rigueur de négocier avec Iyad et Koufa, dans la mesure où toutes ces puissances ont toujours négocié avec les terroristes dès qu’il s’agit de leurs intérêts ou de la vie de leurs ressortissants.

D’autres par contre, sans y être totalement opposés, jouent à la prudence, en mettant en avant les conséquences qui pourraient découlées de la décision du Mali de négocier avec les deux têtes de proue du djihad au sahel, pour ce qui concerne les autres États de la région, notamment le Niger et le Burkina Faso, voire même le Tchad, qui subissent eux aussi de plein fouet les atrocités des djihadistes. Aussi se posent-ils la question de savoir quel dividende le Mali pourrait tirer d’une telle négociation unilatérale en termes de paix et de stabilité ?

Une chose est sûre et certaine, c’est qu’il y a aujourd’hui un vrai malaise et un réel antagonisme au sommet de l’État sur la question de négocier ou pas avec Iyad et Koufa ! Des travers qui pourraient contribuer à décrédibiliser davantage nos dirigeants, et derrière lesquels la majorité des Maliens voit la main de la France !

Seydou DIALLO

LE PAYS
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