Faut-il le rappeler, le 11 janvier 2013, afin de bloquer l’avancée des forces salafistes sur Mopti, la dernière ville sahélienne du Mali et sécuriser le reste du Mali, Dioncounda Traoré président de la transition malienne a adressé une lettre exprès à la France en ces termes et cela après plusieurs corrections de ladite lettre : « suite aux développements récents constatés sur le terrain, et à la menace qui se précise contre nos premières lignes de défense, une intervention aérienne immédiate s’impose. Celle-ci consistera à fournir un appui renseignement et un appui feu au profit de nos troupes. » Cette lettre a été rédigée dans la plus grande discrétion, car le capitaine Sanogo et son équipe étaient contre une intervention française au moment même où les forces armées maliennes étaient en débandade.
Mais, il faut préciser qu’il s’agissait seulement d’un appui aérien et de renseignements sur les mouvements des djihadistes et des terroristes. Cette intervention française devrait se dérouler en 4 phases à savoir bloquer l’avancée des forces salafistes, sécuriser le Mali, l’aider à recouvrer son intégrité territoriale.
L’objectif est effectivement atteint en quatre phases dans la mesure où les intenses bombardements aériens ont fait subir de lourdes pertes dans le camp des salafistes qui se sont dispersés et Konan a été libéré. Les troupes maliennes au sol ont libéré la boucle du Niger et devraient foncer sur les régions du nord à savoir Tombouctou, Gao et surtout Kidal.
Arrivées à Anefis, les troupes maliennes ont été stoppées par l’armée française et interdites de mettre pied à Kidal, au motif qu’il fallait négocier politiquement la présence malienne à Kidal. Cela a amené une certaine désillusion dans l’esprit des Maliens et de son armée.
La troisième phase qui consistait en cette négociation politique n’a pas été portée à la connaissance des Maliens.
Il s’est trouvé qu’entretemps les Français avaient été trompés par le MNLA ressuscité en leur promettant de retrouver leurs otages cachés quelque part dans l’Adrar des Ifghogas. En contrepartie la France devrait les laisser maitres de Kidal en empêchant les troupes maliennes d’y pénétrer.
La source du problème malien à Kidal viendrait de cette entente entre ces deux parties contre le Mali. Cette entente explique largement l’introduction dans le projet d’accord écrit par les Français et soumis à l’État malien et aux rebelles touareg, la constitution d’une armée touarègue dans les régions du nord, afin de leur donner une autonomie sécuritaire dans un premier temps et dans un second temps une indépendance, d’où la notion d’armée reconstituée.Il s’agit à travers l’accord d’Alger de recruter 70% de nouveaux combattants et d’anciens Touaregs fuyards de l’armée malienne pour une énième fois dans les FAMA. Elle est estimée à 3000 hommes pour Kidal. Cette armée reconstituée va rester sur les territoires du nord, payée et entretenue par l’État malien, sans possibilités de les muter sur une autre partie du territoire national.
Chacun de ces éléments de l’armée reconstituée au nord bénéficiera d'un grade trois fois supérieur à celui qu’il avait au moment de leur intégration. C’est-à-dire qu’un capitaine va sauter les grades de commandant, de lieutenant-colonel pour devenir colonel plein, alors que tout au plus, il ne mérite que le grade de caporal.
Ces 3000 hommes pour Kidal trouveront sur place 1500 hommes soient 4500 hommes bien armés, bien préparés, bien équipés par l’armée française et prêts à n’importe quel moment à en découdre avec l’armée malienne.
Voici, la triste réalité de la notion d’armée reconstituée qui nous est imposée par la France, à travers le Président IBK qui semble n’avoir défendu aucun intérêt du Mali, depuis la débâcle des FAMA le 21 mai 2014. Nous en voulons pour preuve, la signature de l’accord d’Alger sans prendre en compte les réserves des forces vives de la nation et l’ac
ceptation de la mise en place d’autorités intérimaires, l’implantation de l’armée française dans des conditions floues et défavorables à l’unité nationale et à l’intégrité du pays. Et cela à un moment où une grande vague de revendications d’indépendance ou des changements dans la manière de diriger ces zones fréquemment manipulées de l’extérieur, surtout de la France. En un mot, une armée reconstituée équivaut à la création de deux états dont chacun aura son armée, son drapeau, son hymne national, son territoire, sa constitution, sa population.
Au total, ce sont 428 éléments que devra compter ce bataillon de l’armée reconstituée à Kidal dont le déploiement est prévu le 1er février prochain. Sur ces 428 éléments, au moins 176 proviennent des rangs des FAMA, 116 des ex-rebelles de la CMA, 127 de la plateforme et 9 des mouvements dits de l’exclusivité. Pour le moment, ils sont 300 éléments de ce bataillon à être mobilisés dont 172 proviennent des rangs des FAMA et 128 issus des mouvements armés récemment intégrés.
Par ailleurs, il convient de préciser que la compagnie de Ménaka, dont le déploiement du bataillon de l’armée reconstituée est prévu, le 30 mars prochain, comptera 120 éléments. Quant à Gao et Tombouctou, le déploiement des premiers éléments du bataillon de l’armée reconstituée est prévu le 25 février et le 15 mars. Le nombre d’éléments qui devront y être déployés sera précisé au cours des autres réunions de la CTS dont l’une est prévue avant la fin de cette semaine.
Il faut aussi signaler que dans le but de mieux préparer de déploiement du bataillon de l’armée reconstituée à Kidal, une visite sur le terrain facilitée par la MINUSMA, a été effectuée hier lundi 27 janvier par une délégation comprenant le commandement de la zone militaire de Kidal et des officiers de l’état-major général des armées.
Sur place, il est aussi attendu le déploiement de 60 engins dont 23 véhicules KIA sont déjà mobilisés à Gao. Les autres sont en attente à Sévaré. Bien que certains aient salué la disponibilité des équipements comme les gilets, les casques lourds, les moyens de communication, d’autres ont déploré le fait que la dotation en carburant ne soit toujours pas arrivée.
Sachant tout cela, comment le peuple peut-il rester amorphe devant cette situation sans réagir. Avec la mise en place de l’armée reconstituée, le Mali court à sa perte !