Washington cherche à réduire sa présence militaire en Afrique et se concentrer davantage sur la réponse aux menaces posées par la Russie et la Chine.
Washington a appelé jeudi 30 janvier les Européens à aider la France au Sahel, au moment où le Pentagone cherche à réduire sa présence militaire en Afrique et se concentrer davantage sur la réponse aux menaces posées par la Russie et la Chine. « Les Européens doivent relever le défi et en faire plus au Sahel pour aider la France », a déclaré le chef du commandement militaire américain en Afrique (Africom), le général Stephen Townsend, interrogé sur les projets du Pentagone par des élus du Congrès.
Notant que les violences terroristes au Sahel ne cessaient de s’aggraver, le général américain, qui témoignait devant la commission des forces armées du Sénat, a prévenu qu’un ajustement des forces américaines dans la région devrait être synchronisé avec un renfort du soutien européen :
« Au moment où les violences progressent, si nous retirions notre soutien à la France de façon précipitée, ce ne serait pas aller dans la bonne direction ».
Quelque 4 500 soldats français sont déployés au Mali, au Niger et au Burkina Faso dans le cadre de l’opération « Barkhane ». Washington lui fournit des capacités de renseignement et de surveillance, notamment grâce à ses drones, du ravitaillement en vol et du transport logistique, pour un coût de 45 millions de dollars (quelque 40 millions d’euros) par an.
Repositionnement
Le général Townsend a mentionné le ravitaillement en vol des avions français et le transport logistique comme des secteurs où d’autres pays européens pourraient remplacer les Etats-Unis au Sahel. « Ce sont des capacités qu’ont beaucoup de pays européens et qu’ils pourraient fournir », a-t-il indiqué. Mais les capacités de renseignement et de surveillance américaines sont difficilement remplaçables, a-t-il reconnu.
La ministre française des armées Florence Parly s’est déplacée cette semaine à Washington pour tenter de convaincre les Etats-Unis de maintenir leur soutien aux efforts antidjihadistes de Paris dans le Sahel, sans toutefois recevoir de garanties de la part de Washington. Elle a rencontré le chef du Pentagone, Mark Esper, qui a évité soigneusement tout engagement envers Paris, notant que les discussions se poursuivraient.
Interrogé à nouveau jeudi sur ses projets, M. Esper a souligné qu’il n’avait jamais été question d’un retrait américain total d’Afrique, mais de repositionnement. « Nous ne nous retirerons pas totalement d’Afrique », a-t-il affirmé. Ce que le Pentagone doit faire, c’est « établir des priorités, allouer et positionner nos forces conformément à la mission et à nos autres obligations dans le monde ».