Hier, mardi 04 février 2020, le jugement de l’affaire Ministère public contre Tiègoum Boubèye Maïga, ancien chef de la cellule de la communication de la Présidence de la République du Mali a débuté au tribunal de grande instance de la commune III du district de Bamako. Tiègoum B Maïga est accusé d’avoir « frauduleusement accédé au compte twitter de la Présidence de la République du Mali et d’avoir frauduleusement introduit des données au compte twitter de la Présidence de la République du Mali ». Après les débats dans une salle d’audience pleine à craquer, le juge a mis le délibéré au mardi 11 février prochain.
Le prétoire du tribunal de la commune 3 de Bamako a refusé du monde hier dans la matinée. Et pour cause, le procès Tiègoum Boubèye Maïga s’y tenait. Outre les journalistes qui assuraient la couverture médiatique du procès, on notait la présence des responsables de presse comme Dramane Aliou Koné, président de la Maison de la presse, Bassidiki Touré de l’ASSEP, Fakara Faïnké de l’UNAJOM, Modibo Fofana de APPEL-MALI, des directeurs de publication comme Birama Fall, Chahana Takiou, Alexis Kalembry, Boubacar Yalkoué.
Dès l’entame du procès aux environs de 10 heures, les avocats de Tiégoum B Maïga dont Me Demba Traoré ont fait une observation. Selon les avocats de la défense, la constitution de Mme N’Dèye Sissoko (journaliste, membre de la cellule de la communication de la Présidence de la République du Mali) ne sied pas. L’avocat de la partie civile, Me Mahamane Djittèye aussi bien que le parquet ont demandé au juge de retenir Mme N’Dèye Sissoko comme partie civile. Le juge décida de joindre cette observation au fond du débat qui durera plus de 2 heures de temps. Selon le juge, Tiégoum B Maïga est accusé d’avoir « frauduleusement accédé au compte twitter de la Présidence de la République du Mali et d’avoir frauduleusement introduit des données au compte twitter de la Présidence de la République du Mali ».
Avant de signaler que ces faits sont prévus et punis par les articles 4 et 7 de la loi 2019 portants sur la cybercriminalité. A la barre, le prévenu Tiégoum B Maïga reconnait avoir tweeté par erreur dans le compte twitter de la Présidence de la République. Par ailleurs, Tiégoum a fait savoir que si les mises à jour du compte twitter avaient été faites, il allait difficilement tweeté. L’avocat de la partie civile, Me Djittèye a indiqué que le tweet de Tiégoum allait crée un incident diplomatique entre le Mali et les USA. A cet effet, il a demandé le paiement d’un franc symbolique pour le préjudice morale que sa cliente N’Dèye Sissoko a subit. Selon le Ministère public, c’est de façon intentionnelle que Tiégoum a tweeté dans le compte twitter de la Présidence.
A cet effet, il a demandé au juge de retenir Tiégoum B Maïga dans les liens de la prévention et de le condamner conformément à la loi. Le pôle d’avocat (Me Moussa Maïga, Me Demba Traoré, Me Souleymane Soumountéra, Me Mamadou Camara, Me Fofana, Me Touré et Me Yacinte Koné) qui assure la défense de Tiègoum B Maïga a demandé au juge de libérer purement et simplement leur client. A défaut de lui accorder des circonstances atténuantes. Selon Me Demba Traoré, Tiégoum B Maïga n’a pas accédé frauduleusement au compte twitter de la Présidence. « Si mon client n’était pas courageux, ce procès n’allait pas se tenir maintenant… cette affaire étale les insuffisances graves qui gangrènent notre première institution », a-t-il dit. « On reproche à notre client l’introduction frauduleuse dans le compte twitter de la présidence de la République du Mali. Je rappelle que nous sommes en matière pénale, l’enquête préliminaire réunie un certain nombre d’indices mais la dernière instruction se fait à la barre.
Aucun élément du dossier n’a permis de démontrer que Tiégoum Boubèye Maïga a fait une introduction frauduleuse dans le compte twitter de la Présidence », a souligné Me Souleymane Soumountéra, avocat de la défense dans une interview accordée à la presse. Selon lui, Tiégoum Boubèye Maïga a travaillé dans la cellule de communication de la Présidence, et à ce titre, il avait le compte twitter sur son appareil. Aux dires de Me Soumountéra, Tiégoum a un compte personnel et un compte de la présidence. « Normalement s’il est démit de ses fonctions, on doit déconnecter ce qui lui permet d’accéder à ce compte, j’ai l’impression que c’est ce qui n’a pas été fait qu’on a cherché à couvrir. Mais malheureusement on s’y est pris très mal.
Ce sont des choses de l’ordre de l’informatique, la traçabilité doit démontrer qui a fait quoi. Devant le tribunal aujourd’hui, on a eu qu’à des déclarations de la partie qui accuse qui est le ministère public. La partie civile également n’a pas porté d’autres éléments qui puissent emporter la conviction du tribunal » a-t-il dit. Selon lui, le document apporté par la partie civile comme quoi les codes ont été changés le 5 novembre 2019 ne tient pas. A ses dires, c’est un document où il apparait une date de 2018. « On aurait aimé que le droit soit dit tout de suite, nous espérons que notre client puisse être libéré des charges qui sont retenues contre lui », a conclu Me Soumountéra. A l’issue des débats entre les parties, le juge a mis le délibéré au mardi 11 février 2020.