Bamako, 5 février (AMAP) Le tribunal de la Commune III du district de Bamako rendra, le 11 février, sa décision dans le procès contre l’ex chef de la communication de la présidence de la République, Tiégoum Boubèye Maïga, jugé, mardi, pour « accès frauduleux dans un système informatique » et « introduction frauduleuse des données dans un système d’information ».
Tout a commencé, il y a quelques semaines, lorsqu’apparaît sur le compte Twitter de la présidence de la République un message critiquant, avec véhémence, l’attitude du président américain, Donald Trump. Dans le tweet, il est, en effet, reproché au dirigeant américain « d’avoir ordonné et revendiqué publiquement l’assassinat du général iranien, Soleimani ». Ce message, qui a inondé les réseaux sociaux, a été, aussitôt supprimé. Juste après que la présidence de la République a fait savoir que son compte Twitter a été piraté et que des enquêtes sont en cours pour identifier les éventuels auteurs.
Tiégoum Boubèye Maïga a affirmé, quelques instants après, sur son compte Tweeter, qu’il ne s’agit « ni de pirates, ni de hackers, (mais) d’une regrettable erreur de manipulation ». « Hier en voulant tweeter sur la crise américano-iranienne, je me suis retrouvé, par erreur, sur le compte de la présidence dont je possédais les clés. Aucune volonté de nuisance », avait-t-il indiqué.
A la barre du tribunal, le prévenu a gardé la même ligne de défense, niant l’existence des infractions qui lui sont reprochées et qui sont prévues par des dispositions de la loi n°2019-056/du 05 décembre 2019 portant répression de la cybercriminalité.
Selon Me Souleymane Soumountéra de la défense, aucun élément du dossier n’a permis de démontrer que Tiégoum Boubèye Maïga a fait une introduction frauduleuse dans le compte Twitter de la présidence. Selon l’avocat, la réalité est que son client a travaillé dans cette institution, à la cellule de communication.
A ce titre, selon Me Soumountera, il avait accès au compte Twitter de la présidence à partir de son appareil téléphonique, en plus de son compte personnel. « Normalement, s’il est démis de ses fonctions, il doit être déconnecté pour ne plus pouvoir accéder au compte de la présidence. J’ai l’impression que c’est ce qui n’a pas été fait et qu’on a cherché à couvrir. Malheureusement, on s’y est très mal pris», a estimé la défense. Avant d’ajouter que son client a ouvert le compte Twittter de la Présidence « par inadvertance ».
Pour Me Soumountéra, ce sont des choses qui sont de l’ordre de l’informatique, qu’une traçabilité doit expliquer. « Devant le tribunal, aujourd’hui, on n’a eu que des déclarations de la part de la partie qui accuse : le ministère public », a-t-il dit. Selon l’avocat, la partie civile n’a pas, non plus, apporté d’autres éléments qui emportent la conviction du tribunal ». «On est en matière pénale. Nous espérons que notre client sera libéré des charges qui sont retenues contre lui », a-t-il plaidé, réitérant sa confiance en la justice malienne.
De son côté, Me Mahamane Djitteye, conseil de la partie civile, a déclaré qu’il s’agissait d’expliquer au tribunal que ce tweet n’émane pas de la Présidence, mais qu’il a été fait par malveillance par une autre personne. L’avocat a battu en brèche l’argumentation de l’erreur avancée par M. Maiga. La partie civile demande, pour le préjudice moral qu’elle a subi, que le prévenu soit condamné à payer le franc symbolique.