PolitiqueLibération du général Sanogo et ses coaccusés : Un geste pour apaiser le climat social ou un règlement de compte entre l’exécutif et le judiciaire ?
Le mardi dernier, la chambre d’accusation de la cour d’appel de Bamako a ordonnée la mise en liberté provisoire du Général Amadou Haya Sanogo, l’auteur du coup d’Etat du 22 Mars 2012 et ses coaccusés sur l’affaire ” la mort des 21 bérets rouge “lors du contre coup d’Etat manqué le 30 Avril 2012.
Aussitôt annoncée, l’information a surpris bon nombre de gens. Elle a fait des heureux parmi les partisans des accusés et des mécontents dans les familles des victimes et les organisations de défense des droits humains.
Au regard du contexte actuel. Et surtout l’impression d’être en face d’une décision prise dans la précipitation, nous nous posons à juste titre une question que bon nombre de nos concitoyens peuvent se poser. Cette libération est-t-elle un geste pour apaiser le climat social ou un règlement de compte entre pouvoir exécutif et judiciaire?
D’un côté, on peut considérer cette libération comme un signe d’apaisement du climat social. Vu le contexte sécuritaire du pays, la libération du Général Amadou Haya Sanogo et ses coaccusés ne pouvait qu’apaiser le climat social. Pour ceux qui connaissent le général Amadou Haya Sanogo, ils savent bien que malgré sa détention prolongée, il a toujours des partisans au sein de la population, notamment des hautes personnalités comme le Chérif de Nioro et même dans les rangs des éléments des forces armées et de sécurité dont certains étaient déjà mécontents du fait que Sanogo et ses coaccusés étaient en détention prolongée depuis 2013 et sans jugement .
Toujours dans le sens de renforcer notre conviction que cette décision est un geste qui vise à apaiser le climat social, il était hors de question, dans la situation de crise sécuritaire que vit notre pays, d’assister à une éventuelle démission du Ministre de la défense, le Général Dahirou Dembélé cité dans l’affaire. Et, aujourd’hui, des indiscrétions pensent que le procès du 13 janvier 2020 a été reporté sine die, parce que cette démission était à la limite inimaginable. En effet, le Général Dahirou Dembélé est un officier de renommée qui incarne des valeurs. En plus des hommes de troupes, il est apprécié par la majeur partie des maliens. La preuve en est qu’il est l’un des ministres proposés par les auteurs de la grande marche du 5 Avril 2019, notamment le Chérif de Nioro et l’imam Mouhamoud Dicko. Sa démission pour la tenue du procès ne pouvait que réchauffer le climat social et même faire des frustrés au sein des forces armées et de sécurité.
De l’autre côté, l’on pourrait aussi penser que la mise en liberté provisoire du Général Amadou Aya Sanogo et ses coaccusés, est un règlement de compte entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. Pour la simple raison, qu’après l’annonce par le gouvernement de la décision de reporter le procès de l’ex-homme fort de Kati et ses coaccusés qui était prévu le 13 janvier dernier à la prochaine session des assises de la cour d’appel, la grande famille judiciaire a mal accueilli cet énième report du procès tant attendu par tous les maliens. Du coup, elle a manifesté son mécontentement à travers un communiqué rédigé par les syndicats de la magistrature dans lequel le respect des textes en la matière a été rappelé à l’Etat malien. Et, apparemment la détention de sept ans sans jugement n’était du goût de tous.
Aujourd’hui, des observateurs avertis pensent que n’eut été ce report, la justice n’allait pas accéder à cette demande de mise en liberté provisoire à laquelle, elle s’est opposée à maintes reprises.