L’ancien patron de la Cellule de Communication de la Présidence, Tiégoum Boubèye Maïga a comparu, hier mardi 4 février, devant le Tribunal de Grande instance de la Commune III du district dans l’affaire du «tweet controversé». Le tribunal, après trois heures d’intenses débats, rendra son verdict le mardi 11 février prochain.
Inculpé le 29 janvier dernier et défendu par un groupe de sept avocats, Tiégoum Maïga est poursuivi pour « accès frauduleux à un système informatique » et « introduction frauduleuse des données dans un système d’information ». Soutenu par les faîtières de la presse, l’accusé a, dans sa défense, écarté « toute intention malveillante » derrière son acte. Il a réaffirmé devant le juge qu’il s’est « trouvé par inadvertance sur le compte présidentiel » en postant son message.
Les faits : le 6 janvier dernier à 16h30, Tiégoum Maïga a posté sur le compte officiel de la Présidence un tweet dans lequel il traitait, l’assassinat par un drône américain d’un général iranien de « connerie ». Il y a qualifié aussi les Etats Unis » d’Etat voyou » qui ‘’fragilise la paix mondiale’’. Une minute plus tard, la capture de son message a fait le buzz sur les réseaux sociaux.
Après avoir constaté l’erreur, l’ex-Chef de la Communication présidentielle dit avoir immédiatement contacté le directeur artistique et digital de Koulouba en vue de supprimer le post et de l’aider à se déconnecter du compte. Avec le concours de ce dernier, selon lui, le » message regrettable » a pu être supprimé en l’espace de 4 minutes.
A 22 heures, la présidence a fait un communiqué dans lequel elle a déclaré que son compte Twitter a été victime de piratage et annoncé l’ouverture d’une enquête. Le 7 janvier à 11 heures, Tiégoum Maïga, qui avait conservé la clé du compte après son départ le 8 novembre, s’est déclaré, dans un autre tweet sur son propre compte, auteur du tweet incriminé.
Ainsi, à la suite d’une plainte de la présidence à travers le Contentieux d’Etat, le fondateur du journal « La nouvelle République » a été interpellé par la Brigade d’Investigation judiciaire (BIJ) puis transféré à la Maison centrale d’arrêt le 9 janvier.
Erreur et non fraude
Dans cette affaire, qui a frôlé l’incident diplomatique entre le Mali et les USA, le journaliste nie en bloc que la mise à jour du compte a été faite après son départ. La chargée de mission à la Cellule de Communication de la présidence, N’Dèye Sissoko, qui n’a pas pu se déplacer pour des raisons de deuil, soutient le contraire en fournissant la copie d’un mail comme preuve de la modification.
En termes de peine, le Contentieux de l’Etat demande « réparation du préjudice ». Les avocats de N’Dèye Sissoko, qui représentent l’Etat, réclament le franc symbolique comme dommage et intérêt. Le ministère public a, dans son réquisitoire, plaidé pour une condamnation de l’accusé. Car, précise-t-il, les faits sont graves et doivent être punis conformément à la nouvelle loi sur la cybercriminalité, votée en 2019.
La défense, pour sa part, a souligné que son client a « commis une erreur et n’a pas agi de façon frauduleuse ou intentionnelle ». Elle a, à cet effet, plaidé pour « une relâche du détenu », qui souffre de drépanocytose ou « une clémence » au cas où le tribunal, dans sa sagesse, jugerait la plainte fondée.
La presse malienne à travers ses faîtières s’est, en outre, fortement mobilisée, hier, pour soutenir notre confrère, qui a ouvertement demandé «la clémence» de la justice. Des représentants des Associations professionnelles de la presse ont assisté à ce procès qui a duré trois heures. A suivre