Désormais, le défi du Gouvernement tient en trois mots : passage en force. Retour à la légalité, sans doute, parce que le mandat du député en République du Mali est de 5 ans en vertu de l’article 61 de la Constitution du 25 Février 1992 qui dispose : ‘’ les députés sont élus pour cinq ans au suffrage universel direct. Une loi fixe les modalités de cette élection’’. Or, ce mandat est échu depuis 2018 et a fait l’objet de deux prorogations plus ou moins controversées. Opportunisme, à coup sûr pour sonner le glas d’un interminable feuilleton législatif, se rabibocher la communauté internationale réfractaire à l’à peu près démocratique, ouvrir à ceux qui trépignent depuis 2018 la grande porte de l’Hémicycle. Bien sûr qu’il faudra au Gouvernement de la virtuosité pour répondre aux aspirations démocratiques qui sont diversement exprimées.
Alors se pose la question du pragmatisme. Une guerre d’obstruction aux législatives a éclaté dès la convocation du Collège électoral sur toute l’étendue du territoire national par décret N°2020-0010/P-RM du 22 janvier 2020. La Coordination des mouvements armés (CMA), par Communiqué N°004/CD/CMA/2020 Relatif à la convocation du Collège électoral pour la tenue des élections législatives a émis une ribambelle d’objections. Certaines sont pertinentes ; d’autres beaucoup moins et relèveraient de la surenchère, mais traduisent toutes un malaise.
Le Conseil Régional des Jeunes de Ménaka (CRJ) et Mouvement ALGAFIAT IMINIKA figurent également parmi les grincheux, puisqu’ils protestent contre l’organisation des élections législatives à Ménaka en tant que Cercle. Ils l’ont fait savoir au Premier ministre par une lettre ouverte datée du 27 janvier dernier.
La question du pragmatisme se pose également en termes de réformes apodictiques qui ont souffert de plus d’un an de procrastination, sur fond de barguignage. La Plateforme ‘’Anw Ko Mali Dron’’, le Chef de file de l’Opposition, Soumi champion, lors de sa présentation de vœux de Nouvel An à la Presse, ont cassé le morceau du double report des législatives sans que ce temps soit mis à profit pour procéder aux réformes qui font l’unanimité. Pour l’URD par exemple, il est impératif ‘’d’entreprendre des réformes courageuses des cadres légaux, y compris la Constitution de février 1992, et du système électoral avant de s’engager dans les prochaines échéances électorales que compte mener le pays’’. Le Parti pose comme préalable, la correction de déficiences à l’origine des précédents reports des élections législatives (insécurité grandissante, opérationnalisation des nouvelles régions et réformes électorales pertinentes).
L’impromptu prospèrera difficilement, nonobstant la caution morale donnée à ces législatives par le DNI qui, sur la question, est apparue comme une caisse de résonnance du Gouvernement. Mais, découragement n’est pas malien. Un miracle pourrait toujours intervenir, quand bien même les oracles ne voient pas un ciel dégagé à l’horizon.
Dans nombre d’états-majors politiques, le scepticisme est sourd quant à la tenue du chronogramme annoncé. Mais, pour ne pas rater la bonne surprise au cas où le miracle des législatives se produirait, l’on fourbit néanmoins les armes politiques. La course à l’investiture en est la parfaite illustration.
In fine, le Premier ministre Boubou CISSE sera-t-il l’homme providentiel comme l’a été SBM en réussissant le tour de force d’organiser la présidentielle de 2018 ? Le challenge est herculéen et, selon son entourage, il compte bien le relever. C’est Napoléon BONAPARTE qui disait : “la plus vraie des sagesses est une détermination ferme.” On ne peut dès lors que souhaiter le meilleur au PM et au peuple malien. Alea jacta est.