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Camps de réfugiés maliens de Djibo au Burkina Faso : Le PACP au secours de 14 000 Maliens affamés
Publié le lundi 18 juin 2012   |  Le 22 Septembre


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© AP par DR
Situation humanitaire:L`ONG "Cri de Coeur"" veut sauver des vies.
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Face aux informations persistantes faisant état des conditions de vie très précaires de nos compatriotes qui ont trouvé refuge au Burkina Faso après l’agression de notre pays par des bandits armés, le Parti pour l’Action Civique et Patriotique a décidé d’envoyer une équipe pour s’enquérir de la réalité sur le terrain. C’est ainsi qu’il a décidé de l’envoi d’une délégation, le mardi 12 juin 2012, dans les camps de Mentao à Djibo, dans la province du Soum, au Nord du Burkina Faso.

Conduite par Niankoro Yeah Samaké, Président du parti et Maire de la commune rurale de Ouéléssébougou et par le troisième Vice-président du parti, Bourama Traoré, un Malien de la diaspora installé en République Démocratique du Congo, cette mission avait tout l’air d’une mission humanitaire, puisqu’elle avait dans ses bagages plus de 700 000 FCFA en dons pour les réfugiés.

La délégation, qui avait quitté Bamako le dimanche 10 juin, est arrivée à Ouagadougou le même jour. Elle a rencontré le lendemain les autorités maliennes dans ce pays et des responsables de la communauté malienne vivant dans la capitale burkinabé. Ces échanges ont permis de faire un bref aperçu de la situation que vivent nos compatriotes dans les camps de réfugiés.

Après ces rencontres, la délégation du PACP s’est rendue à Djibo, dans la province du Soum, à 250 km de la capitale, Ouagadougou. Dans cette province de 382 461 habitants, les responsables du PACP ont longuement échangé avec les travailleurs du service de l’action sociale, qui jouent un rôle de coordination des actions en faveur des réfugiés, et avec le patron du HCR (Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU), Fata Courouma, avant de s’entretenir avec les réfugiés, dans ce camp qui compte trois sites (le site du Sud, le site du Centre et le site du Nord).

Ces camps, faut-il le souligner, sont mis en place en fonction de l’appartenance communautaire des réfugiés. Cette répartition fait suite à plusieurs affrontements survenus entre pro et anti indépendantistes dans le camp de Mentao. C’est ainsi qu’on retrouve au Sud les Tamasheqs noirs modérés, au centre les Arabes fervents défenseurs de l’unité du pays et au Nord les Touaregs indépendantistes. Les entretiens ont permis aux réfugiés de faire toucher du doigt à leurs visiteurs les principales préoccupations qui les assaillent et d’accorder une mention spéciale aux autorités burkinabé. Parmi les difficultés soulevées, on retient essentiellement que le camp de Mentao fait face à un manque criard de tentes adaptées à la saison des pluies, qui a déjà commencé, à un déficit en eau potable, à l’absence de vivres en quantité suffisante et, surtout, à la non scolarisation des enfants déplacés.

Le silence agaçant des autorités

En plus des préoccupations quotidiennes, liées à la portion alimentaire qui leur est offerte, au manque d’eau potable et à la cherté de la vie à Djibo, une autre préoccupation pour les réfugiés du camp de Mentao est bien le silence assourdissant de nos autorités résidant au Burkina Faso face à leur sort. Cette situation, qui a créé des frustrations énormes, est perçue aujourd’hui par certains réfugiés comme une indifférence, voire un abandon, de la part de nos responsables.

Le gouvernement Cheick Modibo Diarra, qui a toujours soutenu qu’il n’abandonnerait jamais les populations du Nord du Mali saura-t-il rectifier le tir ? Dans tous les cas, le temps presse, et la situation des réfugiés ne fait qu’empirer davantage tous les jours. Il urge donc pour nos autorités d’agir, quand on sait qu’il y a déjà dans les camps des extrémistes et autres barbus qui tiennent aux réfugiés des discours de haine contre le Mali et y prônent l’intégrisme.

Mention aux autorités burkinabé

«La République du Mali est un pays frère. Si le Mali a des problèmes, c’est comme si le Burkina Faso avait des problèmes. Nous ne pouvons qu’apporter notre soutien à ces réfugiés». Ces propos, qui nous ont été tenus par les responsables du service de l’action sociale de Djibo, ont été confirmés sur les différents sites sur lesquels nous nous sommes rendus à Mentao. Malgré des différences quant à l’approche et à l’avenir des régions du Nord du Mali, les réfugiés ont, à l’unanimité, tenu à rendre un vibrant hommage aux autorités burkinabé pour l’accueil qui leur a été réservé, avant de féliciter le Président du PACP pour son courage.

Face à ses interlocuteurs, Yeah Samaké a rassuré nos compatriotes en ces termes: «je ne suis pas venu vous voir au nom du gouvernement malien. Je suis venu vous voir en tant que frère meurtri devant la situation que vous vivez. Vos souffrances sont nos souffrances. Vos attentes ne sont pas comblées, pas parce que le gouvernement n’en a pas la volonté, mais parce que le pays est presque arrêté. Prions tous pour le retour rapide de la paix, afin que vous puissiez retrouver votre terre natale. Nous serons toujours à vos côtés» a déclaré le Président du PACP, avant de préciser qu’il allait bientôt faire d’autres gestes à l’endroit des réfugiés.

Ils ont dit :

Almahil Ag Almouwak du site du sud

«Je préfère l’arbre malien à tout autre arbre»

Nous ne sommes pas pour la partition du pays. Mais nous voulons tout simplement que l’armée fasse la part des choses. Qu’on cesse ces actions contre les personnes de couleur blanche. Nous voulons revenir dans notre pays, mais nous avons peur de notre armée. Je préfère l’arbre malien à tout autre arbre. Il faut en faire part aux autorités: toute peau claire n’est pas forcément rebelle. Evitons l’amalgame.

Najim du site du centre

«Le Mali est victime d’un complot»

Nous n’avons pas choisi d’être là. C’est la situation qui nous l’impose. Le jour où il y aura la paix, nous allons retourner chez nous. Nous allons mourir dans le même Mali unifié. Le Mali est victime d’un complot ourdi par l’Europe. Les Arabes ne sont pas pour la séparation du Mali. Nous sommes et nous resterons des Maliens. Mais nous avons de sérieux problèmes avec l’armée. Tous les hommes de couleur claire ne sont pas des rebelles. C’est notre patrie. Nous allons traverser cette crise.

Un ambassadeur du Mali pour rien?

La représentation diplomatique du Mali au Burkina Faso sert-elle encore à quelque chose? La question vaut son pesant d’or, au regard de l’opinion qu’ont désormais certains réfugiés des autorités consulaires maliennes. Ces compatriotes, qui ont fui leur terre d’origine pour se réfugier au Burkina, sont désormais partagés entre un sentiment d’abandon et l’indifférence de nos autorités sur place, au premier rang desquels un doigt accusateur est pointé sur l’Ambassadeur du Mali, Seydou Traoré. «Depuis l’éclatement de cette situation, aucune autorité malienne n’est venue nous voir» regrettent certains réfugiés. Ce constat est d’autant vrai que l’Ambassadeur Seydou Traoré et son Deuxième conseiller, Modibo Traoré, que nous avons rencontrés tous les deux, reconnaissent effectivement qu’ils ne se sont jamais rendus dans les trois camps qui se trouvent sur le sol burkinabé, ceux de Mentao, de Djibo et de Dori.

«Nous ne sommes pas allés les voir. Mais il parait que la situation est difficile. Certains seraient sous le soleil. Dans les camps, il y a eu des dissensions, selon les rumeurs», ce sont quelques uns des propos qu’un Ambassadeur digne de son rang ne devrait jamais tenir lorsqu’il aborde la situation de ses compatriotes réfugiés hors de leur pays. Mais le ridicule ne tue plus au Mali.

Si le manque de moyens peut justifier cela, comme avancé par Son Excellence Seydou Traoré, qui soutient qu’il n’a reçu aucune ligne de crédit pour faire face à la situation, il devrait se rappeler qu’en tant que première autorité du Mali au Burkina Faso, il a l’obligation, ne serait-ce que morale, de venir en aide aux réfugiés maliens. Pour redorer l’image de notre pays dans ces camps, les autorités maliennes, à commencer par l’Ambassade du Mali au Burkina, doivent se ressaisir rapidement, en apportant plus de présence et d’assistance à ces Maliens, manifestement oubliés d’elles.

Yaya Samaké

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