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EDUCATION: Déconnexion sur l’enjeu de l’école !
Publié le vendredi 7 fevrier 2020  |  L’aube
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© aBamako.com par Momo
Rentrée politique du PARENA
Bamako, le 20 février 2016 le PARENA a tenu sa rentrée politique 2016 au Palais de la culture
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Dans l’analyse de la dynamique sociale africaine en générale et malienne en particulier, nous semblons très souvent oublier que l’école est au cœur de la bataille qui se déroule sous nos yeux. La refondation de l’école est le premier jalon de la libération du Mali. Ceux qui sont en train d’anesthésier l’énergie des forces populaires savent ce qu’ils font à commencer par l’actuel Premier ministre.

L’échec de l’élite actuelle est le résultat du néocolonialisme avec son décor de paternalisme français. C’est l’échec de la politique française en Afrique et surtout au Mali. L’éducation nationale reflète le mieux cet échec. La coopération française se fait le plus souvent dans les domaines de fabriques de la clientèle dans des environnements qui favorisent la corruption et prend le nom de renforcement des capacités. Elle vise à entretenir une élite dite experte, technocratique totalement coupée des couches populaires.
Dans les premières décennies de l’indépendance, la réforme de 1962 du Président Modibo Keita qui proposait une éducation de masse et de qualité, qui se voulait un investissement pour vaincre le syndrome du repli communautaire, a été progressivement démantelée à la fin de la décennie 70 depuis l’introduction de la reforme Palm-Beloncle, pour restaurer l’essentiel des principales caractéristiques de l’éducation coloniale.
Depuis, des élites principalement au sein de l’éducation nationale, nanties d’un caractère vénal à toute épreuve n’ont de cesse fabriqué des discours de consommation des financements étrangers et détacher l’éducation nationale de sa base sociale. Dans cette quête de rattachement de notre système éducatif au néocolonialisme, plus on avance plus le système exclut les enfants issus des milieux populaires.

Autant l’éducation était obligatoire dans la réforme de 1962, autant aujourd’hui l’Etat se soustrait de l'obligation d'éduquer par l'école tous les enfants du pays. Les couches sociales supérieures ont leurs enfants à l'école privée financée par l’argent public et les pauvres envoient les leurs dans le public ou ailleurs.

Le résultat de cette perfidie de l’élite, qu’elle paiera par ailleurs très chère, est aujourd’hui la coexistence de deux types d’écoles qui forment deux catégories de Maliens, chacune se drapant de valeurs et de références spécifiques, en particulier les prétendues élites occidentales et celles arabisantes. On le voit, l’abandon de la réforme de 62 par la transformation de l’éducation en instrument du néocolonialisme est devenu source d’intolérance, voire de fracture sociale, aux antipodes de notre commun vouloir de vivre ensemble. Les entrepreneurs de la foi en s’érigeant en alternatives ont vite fait de rendre la monnaie de la forfaiture à tous les prédateurs de l’éducation nationale. Or la vérité est ailleurs. Certes les deux écoles forment deux types de citoyens, mais ces citoyens affrontent le même et seul problème dans le pays aujourd’hui: la souveraineté du pays et survie de la nation.
Devant ce défi existentiel, investir dans l’éducation est un impératif qu’il faut soustraire de petits calculs d’épiciers et politiciens, calculs que fait le Premier ministre avant et après son arrivée. Sa démarche actuelle n’a le souffle d’aucune stratégie et de profondeur nationale quant à la réhabilitation de l’éducation.

En jouant sur le fait que les écoles privées ne sont pas en grève et que donc à la fin de l’année on peut continuer à organiser des examens au rabais, le Premier ministre témoigne d’une déconnexion sur l’enjeu de l’école dans l’existence même du Mali d’aujourd’hui. C’est en cela qu’il devient dangereux pour le pays.
Souleymane Koné
Ancien Ambassadeur
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