Considéré injustement comme la source de tous les malheurs du Mali, la tête de Soumeylou Boubèye Maïga (SBM), alors Premier ministre, a été réclamée par une coalition politico-religieuse et de la société civile. L’ennemi commun est parti. Et maintenant ?
L’insécurité au Nord et au Centre sera bientôt un triste souvenir. Les revendications des différents syndicats seront satisfaites à 100% et il n’y aura plus de grève. Il y’aura de l’emploi pour tous les jeunes chômeurs. Ayez pitié du citoyen lambda! Arrêtez de lui mentir! Son malheur ne provient pas d’un seul individu, mais d’un SYSTÈME de corruption institutionnalisée.
Chacun pense que c’est lui qui a fait partir le PM et attend sûrement le retour de l’ascenseur. Et c’est de là que va naître des antagonismes entre les différents clans qui s’affrontent pour le contrôle du “pouvoir réel”. Et le danger, désormais pour notre cher Maliba, est que ceux qui s’autoproclament aujourd’hui comme représentants du Peuple penseront qu’à chaque fois qu’ils ne sont pas satisfaits, ils doivent recourir à la “rutocratie” (manifestations de rue).
Les politiciens, les activistes-religieux, les activistes-syndicalistes qui se congratulent pour avoir obtenu le départ de SBM pourront-ils maintenir cette “unité” pour chasser les groupes terroristes ? Nous sommes dix-huit millions de Maliens et nous voulons tous vivre dans la sécurité sur la terre de nos ancêtres. Les terroristes sont au nombre de combien ? Comment comprendre que nous arrivions à nous donner la main pour démettre un PM et que nous soyons incapables de nous mettre ensemble pour libérer notre pays des mains d’Iyad Aghaly et d’Hamadoun Kouffa ?
Nous pouvons affirmer sans se tromper que les jalons du changement sont posés sans cap commun car, ce qui a pu rassembler les Maliens, c’était la démission de SBM. Mais celui-ci ne recevait-il pas de quelqu’un ses directives et même s’il avait lui-même des initiatives, ne fallait-il pas l’aval de ce dernier ?
Avec tout ce qui s’est tramé depuis la publication des résultats définitifs du second tour de la dernière présidentielle, l’opposition serait-elle à même de faire violence sur elle-même pour reconnaître enfin IBK comme président de la République ? On parle de rassemblement, on parle d’union ; mais pour quel cap, pour quel but précis ? IBK va-t-il les consulter pour le nouveau cap à donner, ou va-t-il choisir seul son cap, quitte à créer un autre conflit ? Les jours à venir nous édifieront et ceux qui disaient que leur combat n’était pas une question de personne se dévoileront.
C’est vraiment incohérent de dire ne pas reconnaître un président de la République et recourir à l’Assemblée nationale pour faire tomber un Premier ministre nommé par décret pris par le même président. Devrons-nous entendre parler de motion de censure de la part de ces députés dont le mandat était arrivé à terme et qui ne doivent leur présence à l’hémicycle qu’à la cour constitutionnelle dont Manassa Danioko est la présidente ? L’opposition n’avait-elle pas introduite une plainte contre celle-ci auprès de la Cour suprême pour demander sa démission ? Nouhoum Tapily, le président de la Cour suprême, n’est-il pas présenté comme le magistrat le plus corrompu aux yeux de certains Maliens ?
Beaucoup de questions qui n’auront pas de réponses, mais qui resteront certainement sous couveuse.
Soyons d’abord honnêtes et sincères entre nous et ne jouons pas au cache-cache ou au yo-yo. Car, le Mali sera ce que nous voudrions qu’il soit.