Selon un responsable de la filière qui a souhaité gardé l’anonymat, les animaux sont achetés au Mali, acheminés au Sénégal puis abattus dans leur laboratoire. Ensuite, la viande est ramenée à Bamako pour la consommation de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MUNISMA).
Cependant, le Mali a un Programme de développement de l’exportation de la viande (PROVEM), initié par le Ministère du Commerce et de la Concurrence, en collaboration avec différents départements ministériels avec l’appui financier et technique du Programme des Nations Unies pour le développement PNUD et l’Organisation des Nations pour le développement industriel (ONUDI). Son objectif est d’assurer le développement de l’exportation de la viande du Mali, d’améliorer les revenus des producteurs, des marchands et des exportateurs de viande en vue d’accroître la valeur ajoutée des exportations Maliennes.
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Au Mali, le sous-secteur de l’élevage représente une source de revenus pour plus de 30% de la population malienne. En 2018 le montant des exportations d’animaux vivants a été estimé à 139 milliards FCFA. Malgré, ce potentiel, la production de viande est confrontée à l’éternel problématique la qualité.
Poser la question de la qualité de la viande a-t-il un sens dans une situation de manque endémique ? D’autant plus que la situation des bouchers et des autres petits opérateurs de la filière n’est pas meilleure que celle de leurs clients. Les conditions économiques sont fragiles et l’exercice du métier est précaire.
Pour une population d’environ 2 millions d’habitants, Bamako compte deux abattoirs, dont un seul qui soit frigorifique et encore date-t-il de l’Indépendance (1960). Quelque 400 bouchers y feraient abattre quotidiennement des milliers de moutons, de chèvres et environ 700 bovins. Il existe en parallèle huit aires d’abattage situées à l’extérieur de la ville et trois points de contrôle de la viande foraine. Les bouchers se répartissent sur les nombreux marchés de quartier, ils montent des stands en plein air avec les moyens du bord, sans avoir accès ni au froid ni à l’eau.
Pour les vétérinaires, la qualité sanitaire est le but à atteindre mais surtout un défi quotidien. La priorité des services repose sur le contrôle des animaux et carcasses. L’état de santé du cheptel n’est pas bon en zone péri-urbaine. Les bovins se nourrissent de déchets y compris de sacs plastiques, n’engraissent pas facilement et souffrent de la tuberculose, de la brucellose, de la douve. Les bêtes malades, mais également les femelles reproductrices et les jeunes, abattus clandestinement, arrivent sur le marché pour pallier le manque endémique d’animaux
Les agents des services sanitaires s’affrontent à la résistance des bouchers et doivent braver leur colère en cas de saisies. Ils mènent une véritable lutte parfois au péril de leur vie. Un sentiment de situation de danger permanent ressort dans leurs propos. Ils se déplacent la nuit à la périphérie de la ville, rejoignent des aires d’abattage isolées qui sont aux mains du banditisme.