Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Education
Article
Education

L’École Malienne en question: Que faut-il pour la sortir du bourbier ?
Publié le lundi 10 fevrier 2020  |  L’Inter de Bamako
Lancement
© aBamako.com par AS
Lancement des épreuves du DEF 2019
Le Premier Ministre, Dr Boubou Cissé a procédé le Lundi 29 Juillet 2019 au Lancement des épreuves de DEF à l`école Mamadou Konaté.
Comment



«La responsabilité de l’administration ne s’arrête pas à la mise en œuvre de la belle panoplie des modes d’action de la puissance publique : prélèvement, distribution, obligation, contrôle, etc. Elle inclut l’étude sans complaisance de la mise en œuvre des politiques retenues.» (Patrick Gibert).
Il n’est plus besoin de rappeler que la problématique du devenir de l’école malienne se pose avec acuité depuis maintenant belle lurette. Nul doute que la désertification intellectuelle née de la gestion calamiteuse de l’école par le régime de Moussa Traoré se poursuit aujourd’hui de plus belle. La politique a bien fait ses nuits de noce dans la fourgonnette de l’école malienne depuis la chute du général Bazin.

Jusque dans les classes, la politique divise les esprits et cela pour le bonheur de ceux et celles qui n’ont plus aucun crédit. C’est pourquoi, depuis la chute du dictateur, l’espace scolaire s’est transformé en sanctuaire de débats stériles pour ou contre les princes du jour à tel point qu’à l’école aujourd’hui, les débats scientifiques ont laissé la place à la fourberie. Toute vérité contre la gestion nébuleuse des affaires scolaires est perçue et présentée comme abominable et dangereuse pour l’école malienne; mais pour quelle «école malienne ?».
Les années colmatées ne se comptent plus. La sempiternelle question qui se pose dans les instances de décision court à toutes les oreilles à savoir: «Comment sauver l’année scolaire ?». Les énergies sont mises en branle chaque fois que l’année scolaire est menacée. Il convient à ce niveau de rappeler le fiasco survenu, en 2005, lorsque certains admis avec 5 de moyenne, mention Bien ou Assez-bien. Les résultats en deux temps ne sont plus vus comme préjudiciables à la bonne santé de notre système éducatif. Le tripotage des méthodes d’enseignement communément appelées «innovations pédagogiques» n’est plus perçu comme préjudiciable à l’école malienne. En tout cas, le résultat est là: nous assistons année après année à la baisse tendancielle du niveau de formation des élèves et étudiants du Mali. Allez savoir à l’université les étudiants en mesure de parler correctement notre médium de communication qu’est le français. Ne parlons pas de la rédaction (du moins du plagiat) des mémoires de fin de cycle.
Les grèves des élèves et étudiants se sont converties, hélas, en grève à répétition des enseignants surtout à cause des salaires et de leurs augmentations. Certes, tout travailleur a le droit de se plaindre de ses conditions de travail. Les enseignants ont donc tout à fait raison de revendiquer des droits légitimes. L’année 2008 fut le point culminant de la sape du Baccalauréat (Bac) malien : les épreuves ont été surveillées par n’importe qui et corrigées n’importe comment.
Le ministre de l’Éducation de l’époque a trouvé juste de dire à la face du monde que le Bac 2008 a été l’un des meilleurs tenus en République du Mali depuis des années. C’est dire que tout gouvernant peut tout oser et tout faire au nom de l’école malienne ! Sans se soucier de la portée pédagogique d’une telle gestion sur le niveau de nos salaires.
Un fait est devenu constant depuis: il s’agit des grèves des enseignants. Il ne se passe plus d’année où les enseignants ne déposent pas la craie pour revendiquer des droits légitimes. Un comportement des décideurs de l’école malienne est devenu chronique: il s’agit, chaque fois, d’œuvrer à organiser les examens de fin d’année scolaire.
Le scénario de l’année dernière est un exemple à rappeler: pendant, pratiquement trois mois de l’année scolaire 2018-2019, les enseignants regroupés dans le collectif des syndicats signataires du 15 octobre 2016 encore dénommés «Synergie» ont solidairement tenu tête au gouvernement de la République du Mali. L’année en question a été sauvée de justesse. Le gouvernement s’est livré à un travail administratif multidimensionnel parce qu’il fallait sauver coûte que coûte l’année scolaire. L’on a ainsi assisté à une courte prolongation de l’année scolaire notamment pour les candidats au Bac, au brevet de technicien (BT), au certificat d’aptitude professionnel (CAP). Mais comme on le voit, la grève a repris de plus belle à partir du 16 décembre 2019. Pour le besoin de la circonstance et au regard du risque de vivre le scénario de l’année 2018-2019, le gouvernement prend le devant en faisant appel au volontariat dont le dépôt de dossier doit prendre fin, le 7 février courant. Le gouvernement de Boubou Cissé compte ainsi éviter le scénario de l’année scolaire passée. Aujourd’hui, la situation réserve des surprises d’un côté comme de l’autre: côté gouvernemental, il y a le risque que les volontaires ne comblent pas toutes les attentes parce que l’enseignement a besoin d’expérience. Certes, le volontariat est conçu au Mali depuis maintenant des mois. Là, le gouvernement ne court pas le risque de se faire épingler par lesdits volontaires aux termes de leur mission de rescousse à l’État.
Du côté des enseignants, il y a le risque de voir la base lâcher le sommet des syndicats signataires du 15 octobre, car six mois sans salaire ce n’est pas chose aisée à vivre surtout dans un pays à problèmes. Mieux, si le volontariat venait à se mettre en marche, les syndicats risquent de perdre des mois se salaires avant de revenir à leur point de départ.
- Il faut dire au gouvernement qu’il doit œuvrer à sortir du sauvetage des années car, disait Patrick Gibert: «La responsabilité de l’administration ne s’arrête pas à la mise en œuvre de la belle panoplie des modes d’action de la puissance publique: prélèvement, distribution, obligation, contrôle, etc. Elle inclut l’étude sans complaisance de la mise en œuvre des politiques retenues.»
Aussi, faut-il le dire, l’État doit considérablement réduire son train de vie : démunir raisonnablement les salaires des hauts fonctionnaires, des députés, du président de la République et lutter sans merci contre la corruption et la délinquance financière sans le moindre signe de parentalisme ou d’amitié.
- Aux syndicalistes, il convient de dire qu’à force de creuser leur raison ils courent le risque de tomber sur leur tort. L’État, ayant toutes les flèches à son arc, il convient de savoir reculer, non pas qu’ils n’ont pas raison de revendiquer mais qu’à force de tirer sur la corde sans y réfléchir profondément, ils risquent de provoquer la démobilisation des militants et donc la rupture de la corde, toute chose préjudiciable au militantisme syndical. Aussi, l’histoire n’exclut pas l’achat des consciences au sommet des syndicats car il convient de bien comprendre Napoléon Bonaparte qui avertissait avec juste raison: «Nul n’est incorruptible sauf si on n’y met le prix.»
Et si les syndicats œuvraient aussi à inscrire dans leurs agendas une étude scientifique des multiples innovations pédagogiques préjudiciables à la bonne formation des enfants maliens en vue de leur permettre de répondre utilement au défi du devenir radieux du Mali ! Parce que les hommes et les gouvernants passent mais les peuples demeurent.
Aussi et enfin, les syndicats ne doivent pas seulement revendiquer des droits. Ils doivent aussi œuvrer à exiger des militants qu’ils donnent pleinement les cours en travaillant à plein temps. Cela évitera de laisser les élèves 15 mn avant la fin de l’heure, de mettre fin aux nombreux retards de 15 à 20 mn, d’arrêter d’appeler les censeurs pour leur dire: ‘’Censeur, ma femme est malade je la conduis à l’hôpital’’. La triste réalité est que ces mêmes enseignants au même moment où ils appellent les censeurs pour justifier leur absence, donnent des cours ou surveillent dans des écoles privées. Ne parlons pas ici des enseignants tireurs de flanc (sur deux heures ils donnent à peine une heure de cours, et ce n’est pas une seule fois). Jamais de telles questions n’intéressent les syndicats en République du Mali.
Et que dire des enseignants qui laissent leurs stagiaires se débattre tant bien que mal avec les élèves (sans suivi pendant trois mois) et vaquer à leurs affaires ? Il faut simplement dire ici que les cours sont véritablement sabotés dans nos écoles par les enseignants eux-mêmes pendant qu’il n’y a pas de grève. C’est bien tout cela qui concourt à la baisse tendancielle du niveau de nos élèves. Au niveau de nos universités, si les étudiants ont la chance de voir deux ou trois fois leurs professeurs, c’est une chance pour eux, en tout cas lors des encadrements de Mémoire les étudiants peinent à voir une ou deux fois leurs directeurs de Mémoire. Allez en savoir davantage.
Que dire donc de cette panoplie de sapes de notre système éducatif national, l’école devant être la deuxième famille des apprenants ? Et qui dit ici que les séminaires de formation des formateurs ne sont pas plus pour les perdiems que pour l’acquisition de connaissances véritables à transmettre aux enfants du Mali pour que demain ils participent, la tête haute, au grand concert des peuples et des nations !
En tout cas, il n’est plus un secret pour personne au Mali qu’après avoir rempli les listes de présence, certains séminaristes prennent le chemin de l’absence pour ne revenir que le jour du payement desdits perdiems.
Tout cela prouve que ces enseignants (ils sont très nombreux) n’ont rien à foutre avec l’avenir de l’école malienne leurs progénitures étudiant correctement au privé !
Visiblement, le bourbier de cette école est bien profond et bien entremêlé. Que faire donc pour la sortir de là ? Comme on le dit en bambara: ‘’mourou dakago, sogo ka fasa : dô bê nia la, bélébélé bê nia tchèlakaou la’’.
Fodé KEITA
Commentaires

Sondage
Nous suivre
Nos réseaux sociaux

Comment