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Crise scolaire : Avons-nous décidé d’abandonner nos enfants ?
Publié le mardi 11 fevrier 2020  |  Le Matinal
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© aBamako.com par as
Education: Visite du ministre de l`éducation dans les salles d`examen du DEF
Bamako, le 05 juin 2013. Le ministre de l’Éducation de l`Alphabétisation de la promotion des langues nationales et de l`instruction civique, Mr Bocar Moussa DIARRA, a sillonné quelques salles d`examen du Diplome d`Etude Fondamentale (DEF) qui vient de démarrer ce matin.
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Le bras de fer entre le gouvernement et les syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016 continue, avec comme victimes expiatoire de pauvres enfants condamnés à fréquenter les rues en lieu et place des salles de classe. En cause, la non-application de l’article 39 de la Loi portant statut du personnel enseignant.
Ledit article stipule que « Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général des fonctionnaires s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’enseignement fondamental, secondaire, de l’éducation préscolaire et spéciale ». Une revendication qui fait suite à la majoration de 20 % octroyée aux fonctionnaires régis par le statut général et autres contractuels de l’Etat.

Nous l’avons pourtant souligné dans une précédente édition, le statut en question émane d’une loi votée à l’Assemblée Nationale et promulguée par le Président de la République. « Tout étant question de droit, peut-on vraiment en vouloir aux enseignants, les autres fonctionnaires ayant bénéficié de l’augmentation dont il est question ? N’est-ce pas que c’est bien un engagement auquel le gouvernement a souscrit ? Dès lors, comment peut-on exiger aux enseignants de faire face à leur devoir, quand on n’est pas soi-même capable de faire face à ses devoirs ? ». Voici entre autres questions que nous-nous sommes posés ! Des questions qui mettent à nu un paradoxe qui confond le gouvernement de Dr Boubou Cissé et légitime l’action des enseignants au sein de l’opinion !



En effet, le gouvernement, bien que les principes républicains lui imposant le devoir de s’assumer, jase dans des argumentaires selon lesquels l’application de l’article 39 du statut de l’enseignant engendrerait une incidence financière de près de 60 milliards de FCFA. Une somme pourtant pas assez pour les enseignants qui sont loin d’être des citoyens de second zone, pas assez pour la restauration de la crédibilité de l’Etat du Mali, qui passe désormais pour être un « Etat qui ne respecte ses engagements », et pas assez pour l’avenir de millions d’enfants maliens qui se voient ainsi spoliés d’un de leur droit constitutionnel, le droit à l’éducation !



Le comble de l’insolence à un si haut niveau aura été la volonté du gouvernement de recruter 15.000 enseignants volontaires sortants des IFM pour suppléer les enseignants grévistes, le temps de pouvoir parvenir à un compromis avec ces derniers ! A vrai dire, il s’agit là d’un stratagème visant à mettre de côté les enseignants grévistes durant le reste de l’année, sinon les contraindre par l’usure et par la diète à reprendre la craie, histoire de gagner du temps.



A l’intransigeance des syndicalistes et à l’irresponsabilité du gouvernement, vienne se greffer l’indifférence des Maliens… Ainsi peut-on schématiser la situation qui prévaut actuellement sur l’espace scolaire malien ! Oui, comme le dirait le doyen Aly Nouhoum Diallo, où est donc passée la capacité d’indignation des Maliens ?



La question se pose, car à ce jour encore, aucune organisation de la société civile, aucun parti politique, aucun parent d’élève n’a en réalité pris à bras-le-corps la situation des millions d’enfants maliens privés de l’école ! En effet, à part quelques actions isolées, somme toute, des déclarations sommaires du bout de lèvres venant de quelques responsables politiques de l’opposition, nous semblons tous être complètement désintéressés de l’avenir de nos enfants, de l’avenir du Mali !



Quelques actions courageuses, il y en a aussi, comme celle venant du député Moussa Diarra, un élu du parti présidentiel qui s’indigne de la situation qu’il qualifie de « faux débat » : « Le problème opposant les enseignants au gouvernement est un faux débat. Pour moi, on ne doit même pas parler de cette affaire. Tout le monde sait comment une loi est prise à l’Assemblée nationale. Soit le gouvernement fait un projet de loi, soit l’Assemblée fait une proposition de loi. C’est le gouvernement qui a amené le projet de loi du statut particulier des enseignants à l’Assemblée nationale. Au moment où les députés votaient la loi à l’Assemblée, le gouvernement a défendu le dossier, montrant que cela serait une bonne chose pour la revalorisation du corps enseignant. Maintenant que la loi est votée, et que le statut est en vigueur, il faudra l’appliquer… Tout le monde sait que le gouvernement n’a pas raison ».

En voilà une qui est très claire ! Mais quid donc des leaders religieux, les Mahmoud Dicko, les chérif, Bouillé Haidara, les « Ya bani » du Banconi… Somme toute des « faiseurs de roi » qui peuvent, en un claquement de doigt, faire ce que nul ne peut imaginer ! La preuve : il aura suffi qu’ils toussent pour que la République s’éternue, et que le Président IBK consente à se défaire de son Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maiga s’entend, celui-là même qu’il croit pourtant tout devoir ! De quoi devons-nous être fiers encore, quand l’avenir de nos enfants, et partant celui de notre pays, devient un simple fait banal digne de mépris pour nous ? Réveillons-nous !

Salif Diallo
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