La souffrance morale des éléments des forces et défense et de sécurité maliennes positionnés à Kidal n’est pas, semble-t-il, près de prendre fin.
En effet, le chef d’état-major général des armées, Ibrahim Dahirou Dembélé, lors de son tout récent passage à Kidal, a passé un sacré savon à nos troupes. Il leur a tenu, en substance, les propos suivants: » L’accord de Ouagadougou a été signé; donc, quiconque d’entre vous tue un combattant du MNLA ira répondre de son crime à Bamako, devant les juridictions compétentes! ». Pourquoi ces mots si peu amènes du grand patron des armées à l’endroit de nos soldats ?
Tout a commencé le vendredi 26 juillet 2013, lorsqu’une colonne de l’armée malienne, forte d’une cinquantaine de soldats et préalablement positionnée à Annefis, est venue ravitailler les soldats maliens stationnés – d’aucuns disent « cantonnés » – au camp de Kidal.
Problème: le groupe de ravitailleurs n’a pas informé la Force française Serval déployée à Kidal. Surpris de voir cette colonne malienne faire son entrée dans la ville, les responsables de l’opération Serval se rendent au camp malien pour s’enquérir de ce qui se passe. Quand on leur fait l’exposé de la mission des ravitailleurs, ils demandent aux agents ravitailleurs de quitter le camp sur-le-champ.
Raison invoquée par les soldats français ? Le nombre de militaires devant être présents à Kidal est limité à celui déjà en place dans le camp; pas un soldat supplémentaire ne s’y ajoutera ! Comme les ravitailleurs maliens n’obtempèrent pas, les responsables de la Force Serval réitèrent leur demande; de surcroît, ils exigent que nos militaires soient escortés hors de la ville par les soldats français, afin de de s’assurer qu’ils quitteront vraiment Kidal.
A cette idée d’escorte, les militaires maliens commencent à murmurer de colère. Alors, leur commandant, le colonel Mamari Camara, prend la parole pour cracher ses quatre vérités aux émissaires militaires français: « Kidal est un territoire malien et tout soldat malien a le droit de s’y rendre. Je refuse que mes hommes soient escortés par la force Serval en sortant de Kidal ! ».
Face à ce que les Français considèrent comme un manque de respect à leur égard, ils envoient un message urgent à Bamako. Les autorités nationales dépêchent, dès le lendemain samedi 27 juillet, à Kidal, le chef d’état-major des armées, Ibrahim Dahirou Dembélé.
Dans son adresse aux soldats maliens de Kidal, le chef d’état-major ne mâche pas ses mots. Il leur dira que les soldats maliens doivent se soumettre aux exigences de la France qui a été obligée d’intervenir suite à leurs propres défaillances. « Celui qui tue un combattant du MNLA en répondra devant les juridictions », a précisé le chef d’état-major d’èun ton comminatoire.
Il a ajouté que d’autres soldats sont prêts à respecter les décisions de la hiérarchie et que la route est libre pour tout soldat qui ne voudrait pas se plier aux injonctions venues des supérieurs, même celles jugées favorables au MNLA.
Les propos de Dembélé n’ont pas du tout plus aux soldats, d’autant que ces derniers se disent souvent provoqués, dans les rues de Kidal, par les combattants du MNLA. Cependant, ils disent comprendre la forte pression exercée sur le chef d’état-major malien par la toute-puissante France.