Ibrahim Boubacar Keïta demande aux électeurs une "majorité claire et nette". Il est arrivé en tête au premier tour avec 39,2 % des voix, devant Soumaïla Cissé.
Ibrahim Boubacar Keïta, arrivé largement en tête au premier tour de la présidentielle au Mali, a demandé dimanche aux électeurs de lui accorder une "majorité claire et nette" au second tour le 11 août, prévenant que la victoire ne lui "sera pas volée". Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), un cacique de la vie politique malienne, est arrivé en tête du premier tour du 28 juillet avec 39,2 % des voix, devant l’économiste Soumaïla Cissé, qui a obtenu 19,4 % des votes, selon les résultats officiels publiés vendredi. "En m’accordant environ 40 % des suffrages et une large avance sur les autres candidats, le peuple malien a exprimé un premier choix très clair", a souligné IBK lors de sa première déclaration publique depuis l’annonce des résultats.
"J’appelle aujourd’hui les filles et les fils du Mali au grand rassemblement. Le 11 août, je vous demande d’amplifier votre vote, je vous demande de m’accorder une majorité claire et nette, une majorité indiscutable, qui me donnera la force de conduire le redressement national auquel vous aspirez", a-t-il ajouté lors d’une déclaration à son QG de campagne, à Bamako. Comme son adversaire Soumaïla Cissé, Ibrahim Boubacar Keïta a mis en garde contre les risques de fraudes au second tour.
"Nous ne laisserons aucun pouvoir illégitime s’installer" (Keïta)
"Nous devons rester vigilants pour que l’espoir ne soit pas confisqué. Les vieilles habitudes sont tenaces, nous devons tous rester mobilisés contre les tentatives de manoeuvres et de fraudes. Il n’existe pas de victoire facile mais cette fois, elle ne nous sera pas volée, inch’Allah. Nous ne laisserons aucun pouvoir illégitime s’installer. Sur ce point, le peuple malien sera intransigeant", a-t-il assuré. "L’heure est à l’union sacrée de tous les patriotes autour des valeurs qui fondent notre identité", a poursuivi l’ancien Premier ministre, vêtu d’un boubou blanc immaculé, qui a salué les candidats éliminés au premier tour qui ont appelé à voter pour lui au second, saluant leur "courage politique".
Samedi, le candidat arrivé en troisième position, Dramane Dembélé (environ 9,6 %), a provoqué un coup de théâtre en appelant à voter pour IBK, contre l’avis de son mouvement, l’Adéma, le principal parti malien. L’Adéma avait appelé vendredi à voter pour Soumaïla Cissé, un choix qui paraissait cohérent puisque Soumaïla Cissé était au côté de l’Adéma membre du Front pour la démocratie et la République (FDR), une coalition de partis et de mouvements de la société civile créée après le coup d’État du 22 mars 2012.
Taux de participation de 51,5 %
Il ne reste aux deux finalistes que cinq jours pour mener leur campagne dans un pays qui a été déstabilisé par un an et demi de crise politico-militaire. La mobilisation des Maliens pour le second tour reste une inconnue importante, après le taux de participation exceptionnel de 51,5 %, au premier, dans un pays où elle n’avait jamais dépassé 38 %, mais plus de 403 000 bulletins ont été déclarés nuls. Soumaïla Cissé s’est d’ailleurs interrogé sur ces bulletins nuls et a exigé que, pour le second tour, "des mesures concrètes soient prises pour juguler la fraude" qui a caractérisé selon lui le premier tour.
"L’arbre de la grande mobilisation du peuple malien le 28 juillet ne doit pas cacher la forêt de l’impréparation, de la mauvaise organisation et de la fraude qui ont caractérisé le premier tour de l’élection présidentielle", a-t-il dénoncé vendredi. Malgré les inquiétudes, le premier tour s’est déroulé sans aucun incident majeur et a fortement mobilisé les Maliens, signe de leur volonté de sortir au plus vite d’un an et demi de crise. Cette crise a débuté en janvier 2012 par une offensive de rebelles touareg dans le Nord, suivie par un coup d’État, une occupation du Nord par des groupes criminels et djihadistes liés à al-Qaida, et enfin une intervention armée française pour les en chasser.
La France a ensuite exercé une forte pression sur le régime de transition à Bamako pour qu’il organise l’élection en juillet. Le nouveau président aura la lourde tâche de relever un Mali économiquement exsangue et surtout de réconcilier des communautés plus divisées que jamais.