La Coordination des mouvements et associations de soutien à l’Imam Mahmoud Dicko, CMAS, est dans une tourmente politique. Créée en grand fanfare il y a juste quelques mois et avec comme ambition la conquête et l’exercice du pouvoir d’Etat afin d’appliquer les valeurs islamiques, la CMAS semble se ramollir en revoyant à la baisse cette ambition après son échec patent à constituer des listes gagnantes aux prochaines élections législatives. Même si officiellement, l’Imam évoque l’immaturité du Mouvement qui a d’abord besoin d’encrage, officieusement, c’est pour éviter une déculottée politique, après la tentative infructueuse de constituer des bonnes listes. L’Imam Mahmoud Dicko va-t-il tirer toutes les leçons de cette entrée politique ratée pour prendre ses distances vis-à-vis de la CMAS ? Le mélange de genre ne va-t-il pas le discréditer ?
Il ne fait aucun doute que le retrait de la CMAS aux élections législatives est la conséquence de la fable représentation de ses leaders sur le terrain et surtout de la non constitution des véritables listes qui pourraient permettre à ce Mouvement politico-religieux d’avoir quelques sièges à l’hémicycle. Ils ont décidé de faire un repli tactique, mais pour combien de temps ? Ce faux départ suffit comme prétexte pour le très respecté Imam de se mettre en retrait de la chose politique et de continuer à animer le front social, en laissant ce Mouvement entre les mains des autres et en mettant une grande association de la société civile. Pourquoi ne pas transformer la mémorable marche du 5 avril en un mouvement du même nom qui va être un mouvement avant-gardiste des intérêts du peuple malien.
Pour rappel, la CMAS est née après le meeting du 5 avril. Ce rassemblement inédit dans l’histoire des luttes politiques au Mali a été à la base du départ du Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maiga. Auréolé par cette victoire éclatante, l’Imam Dicko et quelques fans, vent debout, ont jugé bon de transformer le Mouvement du 5 avril en un parti d’obédience islamique. Le Coordinateur du Mouvement Issa Kaou Djim a tellement placé la barre plus haut, qu’il s’est même fixé des limites politiques à ne jamais franchir, à savoir entre autre ne jamais s’allier avec des partis qui sont issus de l’Adema. Car à ses yeux, ce parti est à la base de tous les malheurs du Mali. Le rêve semble se transformer en illusion car le terrain politique leur a réservé une surprise désagréable. Comme une peste, tous les grands partis ont semble-t-il opposé une fin de non-recevoir à leur demande d’alliance, sauf la CODEM. Voyant le vent souffler à leur défaveur le vrai leader du Mouvement, l’Imam Mahmoud Dicko a anticipé sur une éventuelle défaite cuisante aux législatives, en demandant à ses fans de ne pas participer à ces législatives, car, bien que les raisons du retrait sont connues, le leader du Mouvement dit avoir besoin de plus d’implantation pour la CMAS et surtout d’être connu par les maliens.
En somme, il n’est jamais tard pour le respecté Imam de faire un rétropédalage en revenant à ses fondamentaux et en se retirant définitivement sur la scène politique, car il pourrait être utile au Mali et aux maliens sur le front du combat pour la justice sociale et pour la paix.
Youssouf Sissoko