Décidément, la cacophonie au sommet de l’Etat continue à propos du dialogue entre le gouvernement et les djihadistes Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa, tous deux maliens. Il y a juste deux semaines, le représentant spécial du Président de la République pour la résolution de la crise au centre, le Professeur Dioncounda Traoré a publiquement dit lors d’une conférence que toutes les options sont sur la table y compris dialoguer avec les deux leaders religieux qui n’ont pas renoncé à leur nationalité malienne. Cette petite affirmation a tellement fait l’effet d’une bombe au sein du gouvernement que le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale, M. Tiébilé Dramé est sorti pour démentir de la façon la plus formelle, en ajoutant même qu’une telle option ne pourrait être qu’une initiative personnelle de l’ancien Président de la Transition, qui ne saurait engager le gouvernement de la République du Mali. IBK a fini par trancher en faveur de Dioncounda Traoré.
En bon jongleur, le Président de la République, après avoir mis dos à dos deux anciens collaborateurs que sont Dioncounda Traoré et Tiébilé Dramé, a fini par trancher en faveur du premier, jetant du coup l’opprobre sur le second. Sinon comment comprendre que Dioncounda Traoré, avec l’expérience qu’il a, qu’il puisse faire une telle affirmation sans se référer à celui dont il n’est que le représentant, à savoir IBK. Sa sortie après plus de sept mois de silence n’était qu’un sondage d’opinion sur un sujet qui était déjà connu, qui est celui de discuter, dialoguer ou négocier avec Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa. Au cours de la conférence de presse Dioncounda Traoré a même persisté et signé que le Président de la République était bel et bien au courant de sa démarche.
Il a fallu que la France et la Communauté internationale, qui volent au secours du Mali, élèvent le ton pour que le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, Tiébilé Dramé monte au créneau pour battre en brèche la proposition de Dioncounda Traoré, dans un ton à la fois méprisant et vindicatif. Les propos de Tiébilé Dramé étaient aux antipodes de tout langage diplomatique qui sied à la matière en pareil cas. On aurait même dit qu’il réglait son compte avec l’ancien Président de la Transition. Et pourtant tout porte à croire que le Ministre des affaires étrangères a plutôt été chargé de répondre à Dioncounda Traoré, sinon on aurait lu un communiqué ou tout au moins sommé M. Dramé de démentir ses propos
Enfin, en bon manipulateur le Président de la République a réussi à mettre dos à dos Tiébilé Dramé et Dioncounda Traoré, en confirmant l’option annoncée par ce dernier, qui est celle de prendre langue avec Iyad et Kouffa. IBK a, du coup tranché entre Dioncounda Traoré, son représentant spécial pour la crise du centre et Tiébilé Dramé son Ministre des affaires étrangères et de la Coopération internationale, couvrant ce dernier de gêne, pour ne pas dire de déshonneur.
En définitive, désormais Dioncounda Traoré est totalement blanchi et pourrait poursuivre son travail, tandis que Tiébilé Dramé devra désormais se prémunir de toutes les garanties ou faire attention à ce qu’il doit dire au risque de se ridiculiser et ternir son image en voulant redorer le blason du régime.