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L’école malienne entre le marteau et l’enclume : Que faire pour la sauver ?
Publié le lundi 17 fevrier 2020  |  L’Inter de Bamako
Cérémonie
© aBamako.com par Androuicha
Cérémonie de célébration des bourses d`Excellence 2019
Bamako, le 23 septembre 2019 au ministère de l`Enseignement supérieur. A l`occasion d`une cérémonie qui a réuni parents d`élèves et apprenants, le ministre de l`Enseignement supérieur, celui de l`Education Nationale ainsi que l`ambassadeur de France au Mali ont félicité les nouveaux bacheliers bénéficiaires des bourses d`excellence pour des études universitaires en France.
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Il convient de rappeler que l’avenir de nos enfants est torpillé chaque jour que Dieu fait par les troubles qui s’abattent sur l’école malienne depuis la naissance de la 3ème République. Il n’est plus besoin de dire ici (car cela saute aux yeux de tous) que les innombrables innovations pédagogiques qui ont lieu au Mali à propos de notre système éducatif national ont largement contribué et continuent toujours à la désagrégation continue de l’école malienne et à la souillure du niveau de nos élèves et étudiants.
Comme si le gage et le serment de nos «démocrates» sont et demeurent: tout faire pour saboter la formation de nos scolaires et aliéner l’avenir de la nation malienne.

En tout cas, la Nouvelle école fondamentale (NEF) de 1994 a donné le coup d’envoi à la désagrégation avancée de notre système éducatif national. Le tripatouillage pédagogique qui avait suivi, au lieu de constituer une rupture fondamentale d’avec la sape de l’école malienne entreprise par l’apache régime de Moussa Traoré, a été et reste le leitmotiv de la descente aux enfers de la formation de nos enfants. Cette sape s’est fondée sur la mise sous tutelle du FMI et de la Banque mondiale de l’école malienne. C’est dire que le premier ennemi de notre système éducatif malien fut le régime spoliateur de Moussa Traoré.

À son temps, les enseignants ont été placés dans la précarité la plus abominable. Allez savoir l’état de paiement de ces enseignants par l’apatride régime du général bazin.

Pour tout dire, la désertification intellectuelle a été mise en chantier par l’insouciant pouvoir militaro-udpmiste de Moussa Traoré. Pour tuer l’avenir du Mali au bénéfice de leur prospérité à eux et à leurs progénitures, les ‘’démocrates’’ maliens n’ont trouvé mieux que de mettre la politique au cœur de notre système éducatif national. Et cela sous l’œil absolument complice de Alpha Oumar Konaré qui avait pris du plaisir à demander à Moussa Traoré: ‘‘Où va le Mali ?’’

L’ambition personnelle de Alpha était (on peut le dire aujourd’hui) de dire à Moussa: ‘’Ôte-toi que je m’y installe’’. Il n’est pas rare d’entendre les experts dire que celui veut tuer une nation cherche à saper son système éducatif. Avec l’intrusion des querelles politiciennes à l’école, le sort de celle-ci était désormais tributaire d’une ‘’démocratie’’ nauséabonde animée pour cela par des ‘’démocrates peu crédibles et aux ambitions inavouables.

L’école s’est confortablement installée entre les années dites ‘’blanches’’ et les sorties intempestives des élèves et étudiants du Mali. Aujourd’hui, les grèves des enseignants se sont substituées à celles de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) avec un seul dénominateur commun l’absence de lisibilité pour l’avenir de l’école malienne. Les années blanches sont de plus en plus camouflées derrière les chroniques sauvetages des années scolaires. Tous les Maliens se souviennent du baccalauréat (Bac) 2005, où des élèves ont été admis avec 5 sur 20, 3 sur 20 (voir Bac de Sikasso sous l’autorité du directeur de l’Académie d’enseignement de Sikasso, Kamano Sanogo.

Le Bac 2008 par le ministre de l’Éducation de l’époque, M. Amadou Touré, fera date dans les annales de l’école malienne : les enseignants ayant refusé les évaluations de fin d’année, ce sont des secrétaires de direction, des chauffeurs, des banabanas sans formation pédagogique aucune qui ont surveillé les épreuves écrites. Et qui les ont corrigées ? Allez-en savoir ! Une telle mascarade a permis à Touré de dire haut et fort que le Bac 2008 a été l’un des mieux réussis au Mali depuis un certain temps. Et depuis, ce sont les grèves des enseignants qui perturbent le déroulement normal des années scolaires et académiques dans notre pays. Il est vrai, les enseignants regroupés au sein des syndicats revendiquent des droits légitimes que reconnaissent même bien de gouvernants. L’expression ‘’sauvée l’année’’ a fini par avaler celle qui dit qu’il faut plutôt ‘’sauver l’école malienne’’.

L’année scolaire 2018- 2019 a été absolument colmatée du fait que les classes ont été désertées pendant quatre bons mois avec un prolongement de deux mois à peine et une rallonge de volumes horaires dans les matières à l’examen. Comme si le sauvetage de l’année se résumait dans ces mesures pour la tenue du baccalauréat. En tout cas, dans le public, les classes de 10ème et de 11ème des lycées ne pouvaient lâcher le moindre ouf de soulagement quant à la qualité de leur formation. Elles sont frappées de plein fouet par la baisse tendancielle du niveau des élèves concernés. Les conférences et activités culturelles et sportives sont classées depuis belle lurette dans les armoires aux cadenas rouillés.

L’année scolaire 2019- 2020 court les mêmes risques que la précédente. De plus en plus, les Maliens s’interrogent et s’inquiètent. Les parents d’élèves et l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) assistent sans mot dire, au développement desdits risques. Comme si l’UNTM avait d’autres ambitions que de garantir l’avenir des travailleurs du Mali !

Comme si les parents d’élèves ne voyaient pas partir en fumée l’espoir qu’ils plaçaient en l’avenir de leurs enfants, sachant que ceux des gouvernants dans leur écrasante majorité reçoivent des formations de bonne qualité dans les écoles de renommée internationale. Mais il ne pouvait en être autrement quand on sait que bien de syndiqués de l’UNTM ont le soutien à peine voilé de hauts perchés de l’État malien.

Quant aux parents d’élèves, bien d’entre eux sont trempés jusqu’au cou dans les rouages de la politique politicienne. Qui de l’UNTM et de l’Association des parents d’élèves (APE) peut faire l’arbitrage impartial dans le différend qui oppose hélas les syndicats signataires du 15 octobre 2016 et le gouvernement du Premier ministre Boubou Cissé ? Et comment comprendre l’inaction des hommes dits de Dieu ? En tout cas, l’on rappelle que le code de la famille sous ATT et l’homosexualité sous IBK ont secoué des branches du pouvoir et cela au regard de la mobilisation desdits hommes de Dieu. Va-t-on jusqu’à dire que l’école malienne n’est pas leur affaire ? Le débat engage ici la responsabilité de chaque partenaire. Ce qui est certain aujourd’hui, c’est que l’école malienne gémit entre le marteau et l’enclume:

L’enclume, c’est bien le gouvernement de Boubou Cissé qui entend résoudre la question de ‘’sauver l’année scolaire’’ en recourant au volontariat et à la retenue sur les salaires des enseignants grévistes. L’autre flèche à l’arc du Premier ministre c’est que si la grève est un droit légitime pour les enseignants, l’éducation des enfants est aussi un droit reconnu par la Constitution malienne et donc un devoir pour l’Etat.
Quant au marteau, il est tenu par les enseignants grévistes relevant du Collectif des syndicats signataires du 15 octobre 2016. Ce Collectif s’accroche mordicus à l’article 39 obtenu par lesdits syndicats, article qui stipule que toute augmentation sur le salaire des fonctionnaires du statut général de la fonction publique revient de droit aux enseignants. Ce point, les syndicats le tiennent pour non négociable.
Il y a donc visiblement une impasse qui peut évoluer dans un sens ou dans l’autre.

Que doivent donc faire le gouvernement et les syndicats ?

Le gouvernement se doit de:
– Arrêter le tripatouillage des programmes d’enseignement à travers la pléiade des innovations dites pédagogiques qui en vérité cassent l’élan pédagogique de maîtrise par les formateurs et les apprenants.

– Favoriser l’excellence, la probité morale et l’amour vrai pour l’enseignement. Cela est une impérieuse nécessité si l’on veut cesser de faire de l’école malienne une passoire de jeunes diplômés en quête d’emplois. Comme pour dire que le métier d’enseignant est un véritable sacerdoce où l’on ne vient pas pour s’enrichir. Cela est possible si les concours de recrutement devraient se faire dans la transparence et le souci de servir l’école malienne et non des poches privées.

– Mettre la politique hors de l’école.

– Assurer la formation continue des formateurs et privilégier la récompense du mérite et la sanction de la faute. Nous n’apprenons rien à personne en disant que les avancements se font depuis quelques années chaque deux ans même pour les enseignants qui font acte de présence au public pour ensuite aller donner le meilleur d’eux-mêmes dans le privé.

– Sanctionner les tireurs de flanc quand on sait que dans les lycées par exemple il y a plein de cadres qui font des semaines sans être vus à l’école, vacant à leurs occupations pour ensuite prendre le salaire à la fin du mois pour le travail non accompli. Il suffit de voir les affectations à Bamako pour s’en convaincre: il y a pléthore d’enseignants dans certains établissements à tel point qu’ils n’ont pratiquement pas d’heures dans leurs écoles d’affectation. Celui qui veut en savoir davantage peut se rendre dans les lycées publics de Bamako afin d’y faire des enquêtes fiables.

– Et les suivis pédagogiques dans les écoles ? Allez savoir l’application de l’Approche par compétence (APC) dans les lycées publics.

– Réduire considérablement le train de vie de hauts placés de l’Etat dont le président, le Premier ministre et les membres de son gouvernement, les députés de l’Assemblée nationale. Et pourquoi un gouvernement pléthorique dans un pays qui se cherche sans se retrouver ?

Ces efforts s’ils sont faits avec amour pour le pays, réduiraient substantiellement le colmatage en cours à propos de l’école.

– Que personne ne soit désormais ministre, député ou président si ses enfants ne sont pas au public.

– Sécuriser véritablement l’espace scolaire par une dynamisation des Comités de gestion scolaire (CGS).

Quant aux syndicats, ils doivent inscrire dans leur agenda s’ils veulent bien faire:
– Le combat contre le tripatouillage des programmes d’enseignement par leur uniformisation au plan national.

– La minimalisation des innovations pédagogiques car selon le pédagogue français Princet «Trop d’innovations tuent l’innovation pédagogique.» (la Nouvelle école fondamentale de 1994 est un exemple).

– La formation continue des formateurs pour leur plus grande disponibilité à relever les défis qui attendent l’école malienne. Certains diront que cette tâche revient au gouvernement, oui ! Mais il faut aussi que les enseignants participent aux formations sans privilégier les perdiems aux dépens de la qualité de leur formation.

– Le combat interne contre les tireurs de flanc et les absentéistes patentés (ils regorgent dans les établissements publics aussi bien parmi les enseignants que dans les directions scolaires).

Cet agenda, s’il est élaboré dans le souci de servir utilement l’école malienne, pourrait amener les syndiqués à assimiler de jour et de nuit que s’ils ont des droits légitimes, ils ont avant tout la charge de former sans relâche les enfants qui leur sont confiés. Ainsi, il apparaît clairement que si la grève est un droit légitime pour les enseignants, c’est aussi un devoir pour eux de comprendre que le droit légitime des enfants à l’éducation est un impératif catégorique.

En effet, pour remettre chacun dans ses prérogatives, il est urgent d’organiser des concertations nationales sur la problématique de l’école malienne. Pour le bonheur du peuple malien ! Tant il reste vrai que c’est dans cette impasse de l’école que certains trouvent leur bon compte aux dépens des masses laborieuses du Mali.

Fodé KEITA


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