Il est question aujourd’hui d’un dialogue national inclusif. Est-ce l’occasion pour sauver notre pays du démon ? C’est une opportunité si notre peuple, dans un élan de solidarité à l’image du peuple de Gao, se constituait en mouvement national de résistance populaire, comme l’écrit le Professeur Issa NDIAYE.
Les tueurs sont tapis dans les quatre Régions de Mopti, Gao, Tombouctou, Kidal, et ailleurs dans notre pays, mais aussi en Mauritanie, en Algérie, au Burkina Faso, au Niger. Le Démon les prépare en Mauritanie, à Kidal et Gossi. Il les utilise au Mali, au Burkina Faso et au Niger pour des enjeux économiques et géostratégiques. Nos camps sont attaqués. Nos troupes mobiles subissent des embuscades meurtrières. Jamais leurs camps et leurs troupes ne connaissent de tels revers. Vous me direz: ils sont inattaquables parce qu’ils sont très bien organisés et mieux armés. Je vous répondrais alors: Et le camp militaire de Boulkessy / Mondoro le 1er Octobre 2019 – 40 tués, le camp militaire de Indélimane / Ménaka le 1er Novembre 2019 – 54 tués. Ils ont été pilonnés au mortier avant l’attaque des hordes sauvages des rebelles et des terroristes. Pourquoi alors aucune des 4 bases françaises de Gao, Gossi, Kidal et Tessalit n’ont jamais connu un tel pilonnage qui se fait à distance. Le démon veille. La Communauté Internationale, la France en tête, est ce démon qu’il faut exorciser. Elle veut nous détruire pour leurs intérêts. Les faits ne mentent pas.
Comment rendre à notre terre souillée sa pureté ? Un autre professeur, le Professeur Many CAMARA nous guide en ces termes, je cite: ‘’Il nous faut rendre à notre peuple la maîtrise de son destin en sacralisant 4 principes non négociables:
1- Que notre peuple puisse en toutes circonstances, décider souverainement de la conduite des affaires nationales.
2- Que les intérêts matériels et moraux du Mali et des Maliens soient le référentiel primordial et absolu de nos dirigeants.
3- Que notre pays est et restera un et indivisible.
4- Que chaque Malien puisse avoir une place reconnue dans son pays, et y avoir la possibilité de manger à sa faim, de se loger, d’être soigné, éduqué, d’y travailler, d’y entreprendre et d’y accomplir ses projets, bref, de s’y épanouir afin d’y avoir une fin de vie digne et honorable.
Pour traduire ces principes sacrés dans la réalité, cela exigera des engagements collectifs, des pactes nationaux négociés et acceptés par tous:
– Un pacte national de solidarité horizontale et verticale/intergénérationnelle
– Un pacte national de développement des forces du travail, de la création et de l’innovation;
– Un pacte national de respect scrupuleux et de sauvegarde des biens publics;
– Un pacte national de fidélité au Mali et à l’Afrique. ‘’Fin de citation.
Si ce n’est pas une des conclusions du dialogue national inclusif, c’est tout au moins une vision et une esquisse de programme à prendre en compte.
En tous les cas, au regard de la situation dépeinte et fondée sur une enquête et des faits facilement vérifiables quoiqu’en dise le très respectable Ambassadeur de France Nicolas Normand, à qui je ferai une réponse appropriée sur les énormes intérêts de son pays au Mali qu’il nie, il apparaît clairement que la guerre qui ravage notre pays nous est imposée.
Cette guerre a été longuement réfléchie, minutieusement préparée par un Etat qui a conscience de ses intérêts à court, moyen et long terme, comme il le fit en Côte d’Ivoire dans les années 2000, avec l’appui de la communauté internationale et du Capital financier, contre les Présidents Bédié et Gbagbo. L’État français, dans la défense et la préservation de ses intérêts, et c’est une constance, est à l’origine de cette guerre. Il en est le maître d’ouvrage. Il l’a suscitée et il s’y est directement engagé après avoir incité nos Autorités de la Transition à lui adresser une invitation à intervenir pour nous ’’sauver‘’, ce qu’il fit en un temps record, violant allègrement les lois de la République, si chères, pourtant, à ses yeux. Comme en Côte d’Ivoire ou au Biafra, les milliers de morts étaient prévus et nécessaires dans le programme de contrôle des territoires convoités. La fin justifie les moyens. L’histoire récente des coups d’état, assassinats, interventions militaires, guerre économique, tripatouillages électoraux, manipulation des Nations Unies, de la CPI qui n’ont pas cessé de déstabiliser nos pays, ne sont pas des fantasmes M. l’Ambassadeur Nicolas Normand, mais des politiques établies que les mémoires écrits et publiés de responsables politiques français révèlent en ajout de vos documents secrets défense ouverts après 50 ans.
Notre pays et le Sahel vivent ainsi une situation extrêmement grave. Et à écouter les officiers supérieurs français qui sont envoyés maintenant en première ligne, nous avons vraiment de sérieuses raisons de nous inquiéter.
D’abord le Général Lecointre, chef d’état-major des armées françaises. Il prédit 15 à 30 ans pour que Barkhane ou Takouba boucle cette guerre c à d toute une génération de Maliens. Merci, Général nous apprécions. Ensuite, le Colonel Hogard, directeur du cabinet d’intelligence stratégique. Il suggère de mettre en place un haut commandement militaire unique, ce qui a été retenu le 13 Janvier 2020 à la rencontre de Pau, et un projet politique avec une vision dans l’objectif de créer une fédération du Sud et du Nord sur fond d’une analyse d’une niaiserie qui ne fait pas honneur à son grade. Voilà deux autres grands esprits qui veulent nous raser la tête en notre absence. Encore l’habitus colonial !
Cependant, comme je l’ai souligné dès le début de mon propos, nos responsabilités dans ce qui nous arrive sont grandes. En fait, nous récoltons ce que nous avons semé, depuis 1968. La France a œuvré à l’instauration de régimes à sa dévotion:1968 Charles de Gaulle et Jacques Foccart; 1992 François Mitterrand; 2013 François Hollande. Nous, leaders politiques et de la société civile nous avons accepté leur diktat pour nos intérêts particuliers. L’armée a été spécifiquement cassée pour ce qui en restait en 1991 par nos soins sur la demande de la France soucieuse de tracer un grand boulevard pour la rébellion qu’elle n’a jamais cessé de préparer. Elle est même arrivée à maintenir dans le Pacte National de 1992 l’appellation AZAWAD citée déjà en 1991 dans l’Accord de Tamanrasset 1991 pour désigner le territoire imaginaire des rebelles. Ce travail avait été ficelé par Edgar Pisani dans une rencontre avec les rebelles à Paris en 1990 avec le déclenchement de la 2ème rébellion, en 1989-1990. Edgar Pisani était alors Conseiller de François Mitterrand qui le fit justement envoyer, en 1991-92 participer avec Ahmed Baba Miské, aux travaux d’élaboration du dit Pacte National que la transition avait tenu à organiser sur notre territoire en 2 phases à Ségou et à Mopti.
En 2014 et 2015, nous commettons l’erreur de donner notre confiance à l’Algérie et à la France pour nous pondre l’accord d’Alger qui est une corde à nœud coulant à notre cou. La France, toujours elle, nous fait amnistier et libérer des criminels de guerre, en fait leurs protégés et figures de proue de leur complot.
Nos responsabilités sont grandes. Il nous faut reconnaître nos déviations, erreurs et autres trahisons qui ont plongé notre pays et le Sahel dans la MERDE TOTALE. Et ce n’est pas fini. Avec le déclin de l’Etat islamique au Moyen Orient, le risque est grand de voir l’État islamique pour le grand Sahara (EIGS) se renforcer et faire de notre région le sanctuaire de tous les terroristes de la terre. Il faut s’y préparer avec des armées modernes, équipées, structurées. C’est le rôle de notre état aujourd’hui faible. Il a besoin d’être fort avant toute autonomie ou fédéralisme qui nous conduirait inévitablement au chaos.
Nous avons beau dénoncé la France, nous ne pouvons pas oublier de balayer devant notre porte. Et il faut arrêter de faire la politique de l’autruche.
La Patrie est en danger ! Il faut la sauver. Non pas dans 15 ou 30 ans. Il faut la sauver maintenant. Et c’est tous ensemble, que nous arriverons à le faire avec détermination, amour et courage. Sinon quel héritage allons-nous laisser à nos enfants ?
Comment le Peuple du Mali doit faire concrètement, pour EXORCISER LE DÉMON ?
– 1. Nous avons besoin d’une Armée Nationale forte, équipée, sécurisée, moderne.
Un élan de soutien et de solidarité nationale aux FAMA doit se matérialiser par une souscription nationale pour les armer décemment et pour sécuriser leurs familles. Chaque région doit apporter sa contribution. Voilà l’EXIGENCE PREMIERE de l’union sacrée des Maliens débarrassés du démon qui les habite et qui les éloignait de l’amour de la PATRIE.
– 2. Le Peuple du Mali, mobilisé partout, et debout sur les remparts, peut et doit:
a) Faire la mise en demeure à la France, aux Nations Unies, au Qatar, à la Mauritanie et à l’Algérie devenue amnésique, d’arrêter leurs jeux de soutien aux rebelles qui font corps avec Iyad Ag Ghali, et ils le savent.
b) Exiger la transparence sur les dépenses militaires, les équipements militaires, les recrutements de soldats. La Société civile et l’Assemblée Nationale doivent y veiller.
c) Exiger la révision sur le territoire Malien de l’Accord d’Alger, le désarmement et le cantonnement des rebelles, et, bien sûr, la révision du Traité de coopération en matière de défense avec la France. Nous avons certes besoin d’aide et de soutien militaires, mais nous n’avons pas besoin des bases militaires étrangères sur notre sol. Nous avons un Etat qui doit s’assumer. La 1ère République sous Modibo Keita avait créé une Armée Nationale, le 1er Octobre 1960, dix jours après l’indépendance. Le 20 Janvier 1961, la décision d’évacuation des bases françaises de Bamako, Kati, Gao et Tessalit était prise. Le 5 Septembre 1961, les derniers soldats français quittaient notre territoire. Ces deux (02) dates sont respectivement symbolisées par un jour férié, Fête Nationale de l’Armée, et par une rue qui part de la Place de l’Indépendance et qui traverse la base aérienne de Bamako.
Trois (03) ans plus tard, le 21 Août 1964, le Président Modibo Keita déclarait lors d’une conférence de presse je cite: ‘’Nous sommes persuadés que ce qui sera mortel pour l’Afrique, donc pour nous tous, ce sera le développement de l’intervention étrangère. Or, nous savons qu’aucun peuple ne peut accepter d’être humilié, de se sentir chaque fois sous la domination d’une puissance étrangère, d’un autre peuple. C’est le cas actuel du Congo. Personnellement, je dois vous dire que je suis très inquiet de cette situation, non seulement pour le Congo lui-même, mais aussi pour les États voisins et plus tard pour nous tous. (in Migrances 2019- L’urgence de faire taire les armes.)
Ce point c) doit être relaté à l’opinion nationale et internationale avec une structure de communication qui a cruellement fait défaut à l’État du Mali.
Nous avons besoin de ressources financières pour la guerre et pour notre développement.
Il faut:
a) Réduire les charges de l’État par une première mesure de réduction de la taille du gouvernement à 20 (vingt) membres, même en cas de gouvernement d’union nationale. Un ministre compétent et patriote peut gérer son département avec l’appui et la bonne organisation de ses directions. Supprimer les indemnités particulières exorbitantes des chefs d’institutions et de départements. Améliorer le système des recettes fiscales et douanières.
b) Redéfinir les règles de fonctionnement de notre économie régulée depuis 1979 par le Capital international. Après 40 ans, le résultat est désastreux.
c) Réviser le Code minier, les contrats de cession de nos ressources minières, les clauses de fiscalité et des douanes. Nos potentialités doivent profiter à notre développement et ‘’à tuer la guerre’’, selon l’expression de Samory Touré je cite: ’’L’Homme n’est grand que dans la paix. Il faut tuer la guerre’’. Et nous ajouterons ‘’Il faut tuer aussi la corruption’’.
d) faire de l’éducation de nos enfants la priorité des priorités.
KIDAL
KIDAL est le Centre de toutes les tragédies que connaissent le Burkina Faso, le Mali et le Niger. KIDAL doit être libéré. L’État du Mali doit occuper entièrement KIDAL avec une forte administration civile et militaire appuyée par les troupes de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui ne vont pas faire le jeu de la Communauté Internationale comme dans la guerre contre la Côte d’Ivoire et Laurent Gbagbo.
A cet égard, «le retour à Kidal de l’armée malienne reconstituée prévu pour fin janvier» annoncé à grand renfort de publicité au sortir de la fameuse rencontre du 13 janvier à Pau (conduite par Emmanuel Macron, comme d’habitude, avec force mépris, arrogance et condescendance à l’égard des chefs d’État du Sahel, tout en qualifiant de mercenaires indignes au service d’autres puissances malintentionnées les citoyens de nos pays opposés à la politique impérialiste de la France) n’est que de la poudre aux yeux et un traquenard de plus.
En effet, il s’agit d’un contingent de quelques centaines d’hommes constitué d’éléments des Forces armées maliennes (FAMa) et de rebelles sans aucune garantie de sécurisation de la composante gouvernementale par les forces internationales.
Du reste, et c’est un secret de Polichinelle aujourd’hui que, dans l’Avenant secret imposé par les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) au Gouvernement malien comme condition de sa participation à la signature à Bamako, le 20 juin 2015 de l’Accord de paix d’Alger, figurent, entre autres, les exigences suivantes:
– «Les Forces de défenses et de sécurité (FDS) à l’intérieur de l’Azawad seront composées à 80% de ressortissants de l’Azawad ainsi qu’au niveau des postes de commandement»;
– “Pendant la période intérimaire, mettre en place des unités spéciales mixtes comprenant 80% de ressortissants de l’Azawad»;
– «Les zones de défense et de sécurité seront sous le commandement d’un ressortissant de l’Azawad.»
C’est clair: en perspective, «l’armée malienne reconstituée» ne sera pas le retour de notre Armée Nationale adéquatement équipée, sécurisée et au moral requinqué, c’est-à-dire notre puissant outil de défense et l’instrument majeur de notre souveraineté nationale mais plutôt une armée ethnique et antirépublicaine. On comprend mieux l’intervention de Mossa ag Attaher délégué CMA- Coordination des Mouvements de l’Azawad, au dialogue national inclusif. Il y avait déclaré avec force l’attachement des rebelles au Mali, à son intégrité. C’est encore de la duplicité. Ils occupent encore à ce que je sache Kidal, et attendent à ce qu’on fasse à leur petite minorité une place honorable. Eux et leurs conseillers et amis ont surtout compris la détermination du Peuple Malien dans son combat contre leur complot qui est loin d’avoir pris fin.
HOMMAGE à TOUTES LES VICTIMES CIVILES et MILITAIRES !