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Émission « An Ka Ben-Faisons la paix » de radio Klédu : la crise scolaire au cœur des débats
Publié le mercredi 19 fevrier 2020  |  LE Wagadu
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La crise scolaire était au centre de l’émission « An Ka Ben-Faisons la paix » du samedi 15 février de radio Klédu. Un thème débattu par Mamadou Konta, Directeur des Ressources humaines du secteur de l’Éducation, Mamadou Konaté, conseiller technique au ministère du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique, et Sékou Traoré, chef de cabinet du ministre délégué chargé du budget.

Dans son intervention, Mamadou Konaté, conseiller technique au ministère du Dialogue social, du travail et de la fonction publique, a déclaré que le gouvernement a rencontré à plusieurs reprises la synergie des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016. Cela, avant même le déclenchement de la grève par le collectif des syndicats de l’éducation, qui, il faut le rappeler, réclame l’application stricte de l’article de 39 de la loi N°2018-007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel enseignant.

Lequel stipule que « toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Éducation préscolaire et Spéciale ».

Au cours des différentes phases de négociations entre le collectif des syndicats d’enseignants et le gouvernement, Mamadou Konaté dit avoir assuré ses interlocuteurs de la légalité de leur revendication. Toutefois, poursuit-il, l’Etat n’a pas les moyens de la satisfaire totalement, à cause de la guerre que connaît le pays.

En dépit de toutes ces assurances données et face à la détermination du collectif des syndicats, le gouvernement, dans le souci de ramener la quiétude et la sérénité à l’école, s’est résolu à faire quatre propositions.

La première consiste à augmenter la grille indiciaire à 1100, applicable en janvier 2021. La seconde, c’est la majoration à 1200 également applicable en janvier 2021. La troisième proposition est en deux volets. Le premier c’est d’augmenter la grille à 1100 en janvier 2021 et de majorer à 1200 à partir du 1er juillet de la même année.

La quatrième et dernière proposition du gouvernement vise à augmenter la grille à 1100 dès le 1er janvier 2020 et à 1200 à partir du 1er janvier 2021. Toutes ces propositions ont été catégoriquement rejetées par la synergie des syndicats de l’éducation. Il faut rappeler que ces propositions ont été faites lors des rounds de négociations qui s’étaient déroulés les 27, 28 et 29 octobre 2019.

Le conseiller technique au ministère du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique a indiqué que le gouvernement et le collectif des syndicats sont à leur 3e round de négociations, depuis octobre 2019, sur la même revendication.

Preuve pour lui que l’Etat se préoccupe de la question scolaire. Selon lui, l’Etat ne peut pas prendre en charge les prétentions des syndicats. Dans la mesure où son application peut avoir un effet boule de neige.

Pour sa part, Mamadou Konta, Directeur des Ressources humaines du secteur de l’Éducation, a indiqué que la revendication de la synergie des syndicats de cette année diffère de celles des autres années. Puisque les enseignants réclament l’application de la loi. C’est pourquoi, plusieurs réunions ont eu lieu entre le ministère de l’Education et toutes les directions des ressources humaines au Mali. Cela bien avant le dépôt d’un préavis de grève, a-t-il précisé.

Une fois le préavis de grève déposé, explique-t-il, le ministère de l’Education s’est réuni avec les ministères des finances, de la décentralisation et du dialogue social avant l’ouverture des négociations. Il a précisé que le ministère de l’Education n’utilise les enseignants que pour emploi, sinon ils relèvent pour la plupart du ministère de la décentralisation.

Le Directeur des Ressources humaines du secteur de l’Éducation a déploré le manque d’implication des collectivités dans la résolution de la crise scolaire. Il faut à ce niveau rappeler que la décentralisation confère la gestion de l’école aux collectivités territoriales. Mamadou Konta a profité de l’occasion pour demander l’implication de toute la Nation dans la gestion de la crise.

Concernant le recrutement des volontaires, M. Konta a indiqué que celui-ci ne vise nullement pas à remplacer les enseignants titulaires. Comme il se raconte partout dans le pays. Il a indiqué que le déficit d’enseignants s’élève à plus de 23 000 personnes, sans même la grève des enseignants titulaires. Le recrutement des volontaires vise donc à combler ce déficit.

De son côté, Sékou Traoré, chef de cabinet du ministre délégué chargé du budget, a affirmé que l’éducation est l’un des secteurs prioritaires du gouvernement malien. Il a de prime abord souligné que tous les engagements pris par l’Etat l’an dernier ont été honorés. « L’application de l’article 39 est une nouvelle revendication », a-t-il précisé. Selon lui, l’indice salarial des enseignants est passé de l’indice plafond 960 avant l’adoption de leur statut à 1060 après son adoption.

Au même moment, poursuit-il, le gouvernement a signé un protocole d’accord avec l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), qui prévoit l’augmentation de la grille des fonctionnaires relevant du statut général de la fonction publique à 1100, à partir du 1er janvier 2019, à 1200 à partir du 1er janvier 2021.

« C’est ce protocole qui sous-tend la revendication des syndicats des enseignants » a noté Sékou Traoré. Il a indiqué que la mise en œuvre d’un protocole d’accord est progressive. C’est pourquoi, l’UNTM a accepté une trêve d’une année.

Selon lui, le gouvernement ne refuse pas d’appliquer l’article 39, il demande tout juste de convenir sur les modalités d’application, d’autant que l’UNTM -qui est le référentiel- a accepté le compromis. Ainsi, le gouvernement s’est proposé d’appliquer l’article en trois ans et l’a ensuite ramené à deux ans. C’est-à-dire, 1100 en janvier 2020 et 1200 en janvier 2021. Ce qui leur permettra d’être alignés au même titre que les autres. « Les syndicats des enseignants ont refusé cette éventualité et réclament une application immédiate avec un effet rétroactif » déplore-t-il.

De l’avis de Sékou Traoré, l’incidence financière de la mise en œuvre des propositions du gouvernement s’élève à plus de 15 milliards de francs Cfa. Ce qui tranche nettement avec celle des enseignants, qui s’élève à plus de 58 milliards de francs Cfa.

En l’état actuel des choses, poursuit-il, le gouvernement ne peut pas honorer un tel engagement. Pour lui, la mise en œuvre progressive des dispositions de l’article 39 est une question de justice et d’équité sociale, puisque l’UNTM a décidé d’observer la trêve. Avant de terminer, Sékou Traoré a appelé les syndicats des enseignants à un sursaut patriotique.

Abdrahamane SISSOKO
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