Face à la presse, le lundi 10 février 2020, le président du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM), Mamadou Sinsy Coulibaly, n’a pas caressé la douane dans le sens des poils : « La Douane malienne se tape la poitrine avec 500 milliards de FCFA de recettes en 2019. Elle se fout de qui ? Soyons sérieux ! Pour un pays qui vit à 90% de produits importés ».
Il est connu pour son franc-parler, son engagement inlassable à dénoncer les cas de corruption et toutes les pratiques qui entravent la transparence dans les affaires.
Les services des douanes évoquent de grosses pertes de recettes pour le trésor du fait de leur absence sur plus de la moitié du territoire national. Face à ce désastre, l’administration douanière préconise des mesures pour renforcer la lutte contre la fraude autour des grandes agglomérations, notamment Bamako et les autres grandes agglomérations encore dans leur giron.
Le marché malien est inondé de produits de la fraude et de la contrebande. Ces produits font perdre des milliards de FCFA, chaque année, à l’Etat et aux commerçants du Mali. La lutte contre la fraude et la concurrence déloyale demande des efforts humain, matériel et financier aux services techniques chargés de la constatation et de la sanction des infractions relatives à la fraude.
Pour soutenir ces services dans leur mission d’assainissement du marché et l’instauration d’une concurrence loyale, le gouvernement a mis en place le comité interministériel d’orientation et de suivi des actions de lutte contre la fraude et les pratiques de concurrence déloyale. Ce comité est appuyé par la commission nationale de lutte contre la fraude et les pratiques de concurrence déloyale.
Afin de renforcer la synergie d’action entre les structures en charge de la lutte contre la fraude, la commission nationale de lutte contre la fraude et les pratiques de concurrence déloyale s’est réunie le jeudi 8 novembre 2018.
L’épineuse question de la mobilisation des recettes afin de remplir les caisses du Trésor a été la hantise des différents directeurs généraux des Douanes qui n’ont fait qu’augmenter le niveau de leur recette dans le budget annuel d’Etat. La douane pour un pays est l’une des grandes structures mobilisatrice de fonds. Les recettes faites dans ce domaine permettent au pays de réaliser ses objectifs économiques. Il s’agit entre autres de payer les salaires, de réaliser des infrastructures socio de base. En somme de maintenir la stabilité économique et sociale.
Si, aujourd’hui, les recettes douanières sont à 555 milliards de FCFA, il faut reconnaitre qu’elles peuvent aller largement au-delà de ce montant vu le potentiel d’importation de notre pays.
Pour cela, il faut minimiser les cas de fraude et d’évasion de recettes très fréquents dans ce milieu. Le patron du CNPM de renchérir : « L’Etat perd plus de 10 milliards de FCFA par mois au cordon douanier dans l’importation des hydrocarbures à cause d’un secteur informel délictuel ». Ce secteur informel délictuel se rencontre, outre dans les produits pétroliers, le foncier, le bazin, le groupage.
Ainsi, alors qu’ils font des milliards de FCFA de chiffres d’affaires par an, ces opérateurs économiques sont encore sous l’Impôt Synthétique grâce à des complicités.
Le Président du Conseil national du patronat n’est pas à sa première accusation. En 2019, il a ouvertement accusé le Président de la Cour suprême d’être « corrompu ». Selon Mamadou Sinsy Coulibaly, le chef de la plus grande institution judiciaire du Mali Nouhoum Tapily, est « l’homme le plus corrompu de la République ».
C’était le vendredi 15 mars 2019 lors d’une conférence débat sur la corruption.
Mamadou COULIBALY, à la tête du patronat malien depuis 2015, avait affirmé sans ambages qu’il inscrit ses actions dans la lutte contre la corruption et n’entend pas céder aux intimidations et autres pressions venant de n’importe quel milieu.
Ce n’est un secret pour personne que depuis quelques années, l’État a montré ses limites aussi bien dans l’application des règles de bonne conduite des agents publics que dans la prévention des déviances morales entraînant aussi bien une corruption endémique que des dysfonctionnements de l’appareil d’État, malgré les nombreuses structures de lutte contre la corruption comme le Contrôle General des Services Publics, de l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite, la Section des Compte de la Cour Suprême, la Cellule d’Appui aux Structures de Contrôle de l’Administration, l’Inspection des Finances, du Contrôle Financier, du Bureau du Vérificateur General, de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières et l’Autorité de Régulation des Marchés Publics.
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La corruption est un véritable fléau qui sape le tissu économique et social d’un pays, et nuit à tous les citoyens, notamment les jeunes. C’est pourquoi, une lutte farouche contre la corruption et l’impunité a toujours été sollicitée par les organisations de la société civile malienne. Les OSC doivent participer, légitimer et entériner la politique et l’action gouvernementale. Ce numéro vert renforce un site internet, qui a pour objectif donné le maximum d’informations utiles au public et de recevoir les plaintes des citoyens.
Le mois de décembre est désormais marqué par des rendez vous de tailles comme lutte contre le VIH Sida, l’espace d’interpellation démocratique (EID) et la semaine de lutte contre la corruption et la délinquance financière. Le Mali, à l’instar des autres, est conscient du phénomène. Cependant, il est difficile de comprendre que depuis le début, en septembre 2019, de la lutte implacable menée contre les prédateurs de notre tissu socioéconomique, qu’aucun fonctionnaire milliardaire n’ait encore été inquiété alors que des services de contrôle de l’État ont mis au grand jour la gestion désastreuse de bien de commis de l’État qui ont été nommés à la tête des directions de l’administration publique.