Annoncé par son Haut Représentant dans les régions centres du pays le Pr Dioncounda Traoré et confirmé par le Chef de l’Etat lui-même lors d’un entretien accordé à France24 et RFI en marge du 33è sommet de l’UA, le dialogue avec les djihadistes bénéficiera-t-il des missions de bons offices de Me Hassan Barry déjà accusé d’accointance avec « les ennemis de la paix » ? En tout cas, le processus est engagé.
Le Mali vit une situation socio-sécuritaire assez dégradée sans précédent depuis son histoire contemporaine. La crise sécuritaire qui a causé des centaines de morts dans notre pays a atteint un seuil de complexité. Les acteurs dans le règlement de ce conflit aussi divers que variés ont cru à toutes les tentatives pouvant offrir un meilleur avenir à ce pays.
Ainsi toutes les synergies ont fédérées pour arriver à la finalité paix et réconciliation. Le Président Ibrahim Boubacar Keïta a reconnu déjà que des voies sont explorées pour enclencher un dialogue avec ceux qui ont opté pour une autre forme de gouvernance : la charia. Il s’agit d’Iyad Agaly et d’Amadou Koufa.
Ce qui est contraire à la forme républicaine et laïque de l’Etat. Au regard de ce qui urge pour la restauration de l’autorité et du redéploiement de l’administration sur toute l’étendue du territoire national, les plus hautes autorités du Mali ont opté pour le dialogue entre tous les protagonistes. Les djihadistes inclus.
De tout temps, les conflits ont toujours eu leur solution dans le dialogue et le Mali ne doit pas faire exception à cette conclusion. C’est ce qui avait motivé certains patriotes à s’investir pour le dialogue inter-malien sollicité par plusieurs la majorité des maliens en l’occurrence Me Hassan Barry.
Ils ont usé de beaucoup de canaux de dialogue et d’apaisement. Certains hauts gradés de l’armée avaient même été dépêchés pour cette mission de dialogue avec Amadou Koufa qui sévit dans les régions du centre. Une solution préconisée par le chef de l’Etat lui-même.
« J’ai le devoir et la mission de créer tous les espaces possibles et de tout faire pour que, par un biais ou un autre, nous parvenions à un apaisement. Le nombre de morts dans le Sahel devient exponentiel. Je crois qu’il est temps que certaines voies soient explorées » a précisé SEM Ibrahim Boubacar Kéïta.
Rappelons que Me Hassan Barry avait été soupçonné d’accointance avec le terroriste Amadou Kouffa. Son interpellation par la DGSE malienne serait un bémol à sa disponibilité à négocier avec le chef de la Katiba de Macina, n’eût-été la force de son élan patriotique.
C’est la méthode employée pour cette négociation qui diverge aujourd’hui sinon l’unanimité est faite autour de l’idéal de négociations. La plupart des États dialoguent avec les insurgés, ils ne le disent pas toujours car avant tout, il y a des drames humains derrière ces questions.
Ensuite parce-que souvent, il faut d’abord prendre toutes les précautions afin que cela ne s’apparente à une sorte d’apologie pouvant donner des idées à certaines personnes.
La préparation de l’Etat n’est autre que la stratégie. Son manque fragilise l’Etat tout en augmentant les rancœurs.
Il faut toujours agir en ayant le souci des 90% de semi lettrés pour lesquels chaque mot employé par l’autorité publique peut avoir plusieurs sens.
Dioncounda Traoré, le haut représentant d’IBK pour le Centre, a déjà fait un premier pas, en envoyant des émissaires comme l’ancien PM Diango Sissoko pour établir le dialogue avec les deux hommes, conformément aux recommandations du Dialogue national inclusif conclu en décembre.
Malgré certains cas de succès enregistrés pendant ses premières interventions, Hassan Barry se mettra-t-il à fond pour négocier avec les djihadistes ?