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France-Tchad-Libye-guerre-Mali,PREV 30 ans après Manta, le Tchad reste une plaque tournante des Opex françaises
Publié le mercredi 7 aout 2013  |  AFP


© Autre presse par EMA
Les forces maliennes (FAMA) appuyées par les soldats français de l’opération Serval
Le 21 janvier 2013, les forces maliennes (FAMA) appuyées par les soldats français de l’opération Serval ont repris aux terroristes les villes de Diabaly et de Duentza. Cette conquête permet désormais, en complément du dispositif en place aux alentours des villes de Mopti et de Sévaré depuis le 19 janvier 2012, de couvrir l’accès vers la capitale malienne et d’empêcher les groupes terroristes de menacer le Sud du Mali.


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Trente ans après l'opération Manta pour stopper une offensive libyenne dans le nord du Tchad, ce pays et surtout la base française à N'Djamena restent une plaque tournante des opérations extérieures (Opex) militaires françaises en Afrique, comme Serval au Mali, estiment des
spécialistes.

En janvier 2013, l'opération Serval au Mali s'appuiera sur la base de N'Djamena pour ses avions de combat et bénéficiera du concours décisif des forces tchadiennes lors de l'opération de traque des jihadistes retranchés dans le massif montagneux des Ifoghas dans le nord-est du Mali.

Le 9 août 1983, François Mitterrand déclenchait Manta à la demande du Tchad pour stopper l'offensive de forces libyennes alliées aux opposants du président Hissène Habré, qui venaient de prendre la grande palmeraie de Faya dans le nord du pays.

Au plus fort de l'opération, Manta (raie géante des mers chaudes), menée à près de 5.000 km du sol français, mobilisera plus de 3.000 parachutistes, légionnaires, marsouins de l'infanterie de marine et aviateurs, 700 véhicules, avions Mirage F1 et Jaguar, hélicoptères Gazelle et Puma. Elle est alors la plus importante opération jamais entreprise par la France
depuis la guerre d'Algérie.

En quelques jours, des soldats français s'installent sur des positions avancées le long d'une ligne imaginaire dite "ligne rouge" et dont tout franchissement est susceptible d'entraîner une riposte armée. Située à hauteur du 15e puis du 16e parallèle, elle coupe le pays en deux, presque en son milieu, la partie nord demeurant sous contrôle libyen. Selon la France, la mission est "de dissuader l'agresseur de nouvelles opérations" en gelant la situation pour permettre des négociations.

"Avoir des pompiers sur place"

Pendant plus d'un an, Manta sera le bouclier du régime Habré au pouvoir depuis juin 1982. Le 16 septembre 1984, la France et la Libye signent à Tripoli un accord de désengagement militaire "total et concomitant". L'armée française évacue ses positions, retire ses matériels et met fin à sa présence au Tchad début novembre 1984.

Mais en dépit des affirmations de Tripoli, François Mitterrand doit reconnaître, peu après une rencontre le 16 novembre en Crète avec le colonel Mouammar Kadhafi, que les troupes libyennes, estimées à 5.000 hommes, sont toujours en force dans le nord du Tchad.

Ce n'est qu'en 1987, à la suite d'une guerre de "reconquête" que l'armée tchadienne reprendra peu à peu le nord du pays, à l'exception de la bande d'Aouzou qui ne sera rétrocédée par la Libye qu'en 1994 après 21 ans d'occupation.

Entre-temps, la France reviendra au Tchad en 1986 avec un dispositif militaire à dominante aérienne baptisé "Epervier" et qui se poursuit depuis cette date avec des formats différents selon la situation politique au Tchad. Actuellement, "Epervier" compte 950 militaires et 12 aéronefs, dont cinq Mirage, installés principalement à N'Djamena et Abéché (est).

"Epervier n'est pas un accord de défense franco-tchadien mais un accord de stationnement des forces françaises dans ce pays dont les facilités logistiques n'ont jamais été remises en cause", rappelle à l'AFP le général Henri Poncet, fin connaisseur de l'Afrique où il participa à plusieurs Opex et ancien patron du Commandement des opérations spéciales (COS).
"Les aviateurs français disposent d'une zone immense pour entraîner leurs
avions de combats et les troupes de marine peuvent s'aguerrir à la nomadisation", ajoute le général Poncet.

Pour l'ancien chef d'un service de renseignements s'exprimant sous la condition de l'anonymat, "Epervier reste indispensable, car si la France veut continuer à avoir une politique d'influence en Afrique, il lui faut y avoir des points d'appui".

Depuis N'Djamena, rappelle-t-il, la France a pu intervenir à plusieurs reprises en Centrafrique : "Si l'on veut éteindre l'incendie dès que les premières brindilles s'enflamment, il est bon d'avoir des pompiers sur place". Pour autant, le général Poncet se demande si la base française d'Epervier aura toujours autant d'importance : "Le Tchad reste-t-il toujours du même
intérêt stratégique pour la France alors que nos intérêts économiques sont surtout au Niger et en Algérie?

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