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Ismail Douiri, directeur général du groupe Attijarwafa Bank : “Sa Majesté Le Roi Mohamed VI a inspiré aux banques de nouveaux instruments diminuant les risques et baissant le coût des ressources dans certaines conditions”
Publié le samedi 22 fevrier 2020  |  Aujourd`hui
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Les orientations récentes du Roi ont marqué un point d’inflexion important et impulsé un nouvel élan à la stratégie du Groupe Attijariwafa Bank, déjà fortement engagé auprès des TPME. Le taux exceptionnel de 2 % est un acte citoyen des banques qui concrétise leur engagement vis-à-vis de ces populations. Dans cet entretien, Ismaïl Douiri, directeur général du Groupe Attijariwafa Bank, revient en détail sur les engagements pris par le Groupe bancaire dans le cadre du programme d’appui aux financements des TPME.
Finances News Hebdo : L’actualité est marquée par une série d’engagements de la part du secteur bancaire en faveur des TPME. Quelle est la stratégie de votre Groupe en la matière ?

Ismaïl Douiri : La stratégie de notre Groupe est d’être une banque universelle et nous avons depuis toujours accordé une importance primordiale aux TPME, qui sont des acteurs économiques essentiels pour notre économie et seront, pour certaines d’entre elles, les grandes entreprises de demain.

Nous avons développé des offres complètes ciblant les TPME et répondant à l’ensemble de leurs besoins : paiements, investissements, financement du cycle d’exploitation, commerce extérieur, garanties, etc. et tenant compte de leurs spécificités.

Nous avons aussi régulièrement innové pour permettre au plus grand nombre de TPME d’avoir accès au crédit, en faisant appel aux technologies les plus avancées, notamment dans le domaine de la Data science.

Enfin, le réseau Dar Moukawil, le site darmoukawil.com et la chaîne YouTube Dar Al Moukawil offrent un accompagnement des TPME et des services non financiers qui aident les entrepreneurs et contribuent à leur réussite.

Les orientations récentes de Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste, ont marqué un point d’inflexion important et impulsé un nouvel élan à notre stratégie. La mobilisation de l’ensemble du secteur financier et de ses autorités de tutelle pour mettre en œuvre les hautes instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu Le glorifie, a permis de disposer de nouveaux instruments diminuant les risques et baissant le coût des ressources dans certaines conditions.

Notre priorité aujourd’hui est de profiter de cette opportunité pour accélérer notre démarche et mettre nos services financiers et non financiers à la disposition d’un plus grand nombre de TPME.

Vous avez réalisé une série de levées obligataires sur le marché financier en 2019. Allez-vous orienter une partie de ces ressources vers cette cible d’entreprises ?

En tant que banque leader en matière de crédits et en particulier de crédits d’investissements, nous cherchons en permanence à diversifier nos sources de financement et à renforcer nos fonds propres. La liquidité qui en résulte est fongible dans notre bilan et profite à l’ensemble de nos clients.

Le renforcement des fonds propres, qu’il soit issu de nos bénéfices ou de levées supplémentaires de fonds, permet de continuer à développer le financement de l’économie tout en restant conforme en permanence aux exigences réglementaires.

Le secteur bancaire s’est engagé à appliquer un taux de 2 % pour les entreprises cibles et 1,75 % dans le rural. Comment gérer les contraintes de risque et de rentabilité dans ces conditions ? Le Groupe Attijariwafa Bank a-t-il des marges de manœuvre dans ce sens ?

Il s’agit d’abord d’un devoir national, s’agissant de la mise en œuvre des Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste.

Ces instructions concernent l’ensemble du secteur financier, mais Attijariwafa Bank compte jouer son rôle leader au sein du secteur bancaire en continuant à innover et adapter son offre et ses processus pour répondre aux besoins du plus grand nombre de clients, sans mettre en péril les équilibres qui lui permettent de continuer à protéger les avoirs des déposants et répondre aux besoins croissants de financement de l’ensemble de l’économie.

Le secteur bancaire, sous l’égide du GPBM, le ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, ainsi que Bank Al-Maghrib se sont mobilisés pour apporter une réponse immédiate à l’enjeu national d’accélération du développement de l’entrepreneuriat.

La première mesure de ce programme a été la création du Fonds d’appui au financement de l’entrepreneuriat doté d’une enveloppe de 6 milliards de DH en vue d’accélérer et de massifier la distribution de crédits à destination des populations ciblées.

C’est donc en réponse aux Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi, Que Dieu L’assiste, qu’Attijariwafa Bank participe au programme national d’accompagnement et de financement des petites entreprises et porteurs de projet. Ce taux exceptionnel de 2 % est un acte citoyen des banques, qui concrétise leur engagement vis-à-vis de ces populations.

A ce titre, Attijariwafa Bank a déployé cette offre de manière volontariste et nous traitons d’ores et déjà un flux important de demandes de financement, et pour accompagner ces TPE et porteurs de projet, nous mettons à leur disposition l’ensemble de notre réseau d’expertise, dont 200 centres TPE et Dar Al Moukawil.

Concernant vos projets en Afrique subsaharienne, votre Groupe a montré de l’intérêt pour la destination Afrique de l’Est. Est-ce toujours d’actualité ?

Il n’y a pas de changement de stratégie, ni d’annonce particulière. Nous sommes très satisfaits de nos investissements jusqu’à présent. Nous examinons tous les investissements qui répondent à nos objectifs stratégiques : jouer un rôle moteur dans le développement des services financiers dans nos pays de présence.

L’inflation réglementaire en Afrique subsaharienne limite-t-elle votre appétit ? Quel regard portez-vous sur les évolutions réglementaires récentes dans vos pays de présence (Bâle 2, IFRS, contraintes de fonds propres de BAM sur les bons du Trésor….) ?

L’évolution réglementaire est salutaire, car elle va dans le sens du renforcement de la solidité des banques, donc de la protection des déposants, ainsi que de l’amélioration de la gouvernance et de la transparence, donc de la confiance que lui accordent ses clients et ses contreparties.

La confiance mutuelle qu’accorde chaque pays aux systèmes financiers des autres pays est un facteur essentiel pour le développement harmonieux des échanges économiques : les économies sont interconnectées et les liens qui les unissent sont les paiements.

Pour cela, les banques doivent se faire confiance pour effectuer pour le compte de leurs clients respectifs des opérations de plus en plus complexes, dans des conditions de sécurité et de transparence totale, afin d’encourager le commerce et l’investissement et lutter efficacement contre les activités illicites.

Cela implique donc une convergence, à un rythme optimal, vers des réglementations unifiées ou similaires. Toute la difficulté pour un régulateur réside dans la recherche de ce rythme optimal.

Dans notre cas, nous avons été habitués par nos régulateurs au Maroc à être en permanence alignés sur les meilleures pratiques mondiales, et à maintenir un dialogue permanent avec eux pour les informer à l’avance des difficultés potentielles afin qu’ils en tiennent compte. C’est ce que nous faisons dans tous nos pays de présence. Notre objectif est de rester toujours exemplaire en matière de conformité.

Vous venez de signer un mémorandum d’entente avec Arab Bank en Jordanie. Quelles sont les opportunités d’affaires relevées en Jordanie ?

Les relations économiques entre le Maroc et la Jordanie sont régies par plusieurs conventions et accords, dont notamment l’Accord de libre-échange (Accord d’Agadir ou Quadra), l’Accord relatif à l’encouragement et la protection des investissements et le Protocole relatif à la création du Conseil marocco-jordanien d’hommes d’affaires.

Les opportunités affaires identifiées en Jordanie portent sur les secteurs des NTIC, du tourisme, de l’agriculture, de l’énergie et des énergies renouvelables, du transport et logistique, des BTP, du logement social, de la santé et des industries pharmaceutiques.

Certes, le volume global des échanges commerciaux entre les deux pays est modeste et a atteint, en 2018, 42,5 millions de dollars, dont 21,5 millions de dollars d’exportations (conserves, produits alimentaires divers, médicaments, piles et batteries, voitures de tourisme) et 21,04 millions de dollars d’importations (engrais, tôles, médicaments, papier et carton, dattes).

Cependant, l’accord de coopération que nous avons signé avec Arab Bank couvre plusieurs domaines, dont notamment le financement des projets, les marchés de capitaux, le financement du commerce international, les services de cash-management et les prêts syndiqués. A cet égard, les deux groupes se sont engagés à accompagner leurs clientèles respectives pour saisir et développer les opportunités susmentionnées.

En outre, l’accord ne se limite pas aux deux pays, mais couvre tous les pays de présence de nos deux institutions, soit plus de 50 pays à l’échelle mondiale.

Propos recueillis par Badr Chaou


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